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Richard Gasquet, la thérapie de groupe

Membre de l'équipe de France depuis ses 19 ans, Richard Gasquet, affichant désormais 28 printemps, semble vivre sa première campagne de Coupe Davis avec un bonheur intense. "Je peux difficilement rêver mieux", disait-il après sa victoire avec Jo-Wilfried Tsonga en double. Le Biterrois affiche désormais ses ambitions, ses émotions, et son jeu s'en ressent. "Tout le monde a un rôle dans cette équipe", assure-t-il. Après ses performances du week-end contre les Tchèques, le sien a pris une nouvelle dimension.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Richard Gasquet n'est plus le même homme, ni le même joueur. Cette demi-finale à Roland-Garros contre la République tchèque a sans doute marqué une évolution déterminante. Surnommé "Mozart" et présenté comme le futur N.1 mondial alors qu'il n'avait que 11 ans, il a longtemps traîné l'image d'un joueur sans passion, d'un joueur vainqueur ou vaincu sans bonheur ni regret. Mais vendredi, il s'est mis à genoux sur la terre-battue parisienne, après son succès sur Berdych. Samedi, il a levé les bras en signe de victoire, alors qu'il venait juste de prendre le 3e set en double. Ces "explosions" semblaient impossibles par le passé. Ce n'est plus le cas. Et ce n'est que l'expression de modifications plus profondes. 

Le portable à Winston-Salem

Souvenez-vous, en 2008, à Winston-Salem, en quarts de finale de Coupe Davis, le Biterrois pianotait sur son téléphone portable alors que son équipe se débattait contre les Américains. Et l'an dernier, en Argentine, il avait décliné un cinquième match décisif, également en quarts de finale, car il n'était pas en état. "C'était un moment très dur, douloureux, j'espère ne jamais revivre ça", se remémore-t-il. "J'ai été honnête, si j'avais été sur le court cela aurait été un scandale vu l'état dans lequel j'étais. J'ai été déçu de n'avoir pas aidé l'équipe, j'avais l'impression qu'on avait besoin de moi." Pour Jo-Wilfried Tsonga, "il s''en voulait de ne pas avoir mis tous les atouts de son côté, de ne pas avoir tout mis en oeuvre pour jouer le match". La défaite, l'élimination, et bien d'autres choses avaient provoqué un coup de gueule du Manceau, qui avouait alors se sentir un peu seul.

Mais tout cela semble bien derrière. Vendredi, c'est Richard Gasquet qui a réalisé un match plein pour battre Tomas Berdych, le N.1 tchèque, et lancer l'équipe. Et samedi, c'est encore lui qui a délivré quelques passing-shots décisifs, comme celui offrant le jeu décisif du 3e set. "Si Richard y allait, c'est que je savais qu'il pouvait battre Berdych, et lui en était persuadé aussi", disait Arnaud Clément après son succès en simple. Cette confiance du capitaine n'était pas isolée. "Maintenant, on a appris de nos erreurs, et on se parle beaucoup plus", explique Gilles Simon. "Si Richard avait perdu vendredi, cela n'aurait pas été un problème, car la décision était collective. Même si c'est Arnaud (Clément) qui est décisionnaire, on se parle tous énormément pour dire comment chacun se sent." Et ce fonctionnement récent, Richard Gasquet l'a ressenti pleinement:: "Les autres te font confiance", dit-il simplement. "Quand tu arrives le vendredi pour jouer, c'est plus simple. Ca aide à se sentir frais dans la tête, disponible."

"Il ne s'est pas caché"

A sa manière, Gaël Monfils dit la même chose: "Richard a montré qu'il était fort parce qu'il se sentait bien." Jo-Wilfried Tsonga évalue aussi la différence avec le passé: "L'Australie (NDLR: il avait également joué le premier simple et le double pour faire 3-0 avec Tsonga dès le samedi lors du 1er tour) lui avait déjà fait du bien. Il a pris ses responsabilités, il ne s'est pas caché." Il ne s'était pas caché non plus lorsqu'il avait annoncé à Arnaud Clément, après sa demi-finale à l'US Open en 2013, qu'il faisait de la Coupe Davis son objectif principal en 2014. Cette envie, il l'a même clamée publiquement, à l'instar des autres joueurs de l'équipe. Ce n'était pas forcément ses habitudes dans le passé.

En plus de son parcours individuel, de ses changements d'entraîneur, de ses expériences voire de sa suspension, Richard Gasquet a appris. Son envol date peut-être de 2012. Aux Jeux Olympiques de Londres, il faisait équipe avec Julien Benneteau, alors que Tsonga est associé à Llodra pour défendre les couleurs françaises. Pour jouer la médaille, toute la troupe avait pris pension dans une grande maison, non loin de l'enceinte de Wimbledon. Tous ensemble, avec le staff, ils s'entraînent, jouent, rigolent, passent du bon temps, échangent. Et la "folie" des Llodra, Tsonga, Benneteau et autres Lionel Roux emporte le Biterrois, qui se roule dans le gazon londonien avec Benneteau dans ses bras une fois le bronze conquis, l'autre paire ramenant l'argent. Du plaisir, des résultats, le cocktail a fonctionné. Dans ce collectif, Richard Gasquet semble radieux. Son jeu aussi.

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