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US Open 2021 : la consécration de Daniil Medvedev, le fougueux tacticien

Le Russe est parvenu à canaliser ses émotions et à mettre en place son plan de jeu implacable pour battre Novak Djokovic.

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Daniil Medvedev savoure sa victoire à l'US Open 2021. (SARAH STIER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

L’US Open tient un nouveau lauréat. En s’imposant contre Novak Djokovic, Daniil Medvedev conquiert son premier titre du Grand Chelem après deux échecs en finale à New York en 2019 et à l’Open d’Australie cette saison. Avec une attitude parfois déconcertante, mais un sens tactique prononcé, le Russe est parvenu à faire partie des meilleurs mondiaux et à obtenir la deuxième place au classement ATP, occupée sans partage par le "Big Four" (Federer, Nadal, Djokovic et Murray) depuis 2005.

Surnommé "l’ours de Moscou", Daniil Medvedev porte cette étiquette à merveille. Parfois impulsif, il peut se montrer à la fois incontrôlable sur le court, capable de coups de sang, comme être tout à fait attachant, calme et affable dans la vie. Avec sa personnalité complexe, le Russe a un temps été détesté par la public new yorkais, avant d’être adulé pour son talent. 

Un caractère bien trempé

En 2019, au 3e tour de l’US Open, face à Feliciano Lopez, il avait jeté de rage sa serviette tendue par un ramasseur de balle qui pensait bien faire, puis avait balancé sa raquette vers son banc après avoir pris un avertissement, avant d’adresser un doigt d’honneur bien caché au public qui le sifflait.

Sorti vainqueur de la rencontre, il avait provoqué une énième fois les spectateurs de Flushing Meadows, à la manière de John McEnroe : "Plus vous me sifflez, plus vous me donnez de l’énergie". Un épisode pour lequel Medvedev avait immédiatement exprimé ses regrets : "J’ai été idiot, pour être honnête. Je fais parfois des choses dont je ne suis pas fier et je travaille à être une meilleure personne sur le court, parce que je pense que j’en suis une en dehors".

Avec le temps, Medvedev s’est tout de même assagi et ses frasques se font plus rares. Depuis 2018, le joueur travaille avec une psychanalyste, Francisca Dauzet, pour progresser sur ce point. En finale face à Novak Djokovic, il a maîtrisé la rencontre et a su garder son calme, imperturbable, même quand le public poussait derrière le Serbe dans le troisième set : "C'était vraiment difficile. J'ai certainement fait les doubles fautes à cause de ça [...] Je savais que la seule chose que je pouvais faire, c'était me concentrer. Je ne sais pas ce qui aurait pu se passer s'il était revenu à 5-5. J'aurais pu commencer à devenir fou ou autre chose. Mais ce n'est pas arrivé".

Au contraire, c'est le Serbe qui s'est parfois montré nerveux, comme au début de la deuxième manche. Alors qu'il était mené 2-1 et qu'il ne parvenait pas à breaker, Djokovic a brisé sa raquette. 

Un style de jeu "peu orthodoxe"

En 2020, dans une vidéo, l’ATP demandait à ses adversaires de définir Daniil Medvedev en un mot. Le Belge David Goffin l’avait alors qualifié de "fou", tandis que Denis Shapovalov le décrivait comme "peu orthodoxe". D’autres joueurs dont Karen Kachanov et Alexander Zverev s’attardaient plutôt sur la façon de jouer du Russe, en le qualifiant de "poulpe" et d’"araignée".

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix-huit, Daniil Medvedev possède en effet une démarche et un style de jeu parfois étonnants. Son envergure lui permet de bien couvrir le terrain et, même s’il joue très souvent reculé en fond de court, le numéro 2 mondial est aussi très bon lorsqu’il faut monter au filet. 

Un plan clair pour ne pas reproduire ses erreurs de l'Open d'Australie

Dans la tradition des "grands maîtres" soviétiques, le Russe joue au tennis tel un joueur d’échecs. Fin tacticien, il propose un jeu varié, avec des rythmes différents, qui s’adapte à ses adversaires. Son objectif ? Les faire déjouer : "Plus jeune déjà, je trouvais souvent que j’avais moins d’armes que mon adversaire, donc je devais trouver des parades pour gagner le match. Encore aujourd’hui, je me dis parfois : il frappe plus fort que moi, il sert plus fort que moi… qu’est-ce que je dois faire ? Je cherche toujours la solution"

Sur sa surface de prédilection, Daniil Medvedev en a encore fait la démonstration face à Novak Djokovic. Avec des jeux de services quasiment parfaits (81% de points gagnés derrière son premier service) et 16 aces durant la rencontre, le Russe a aussi su d'adapter à son adversaire. Il a fait preuve de patience et d'agressivité en fond de court, un plan de jeu habituellement utilisé par le Serbe. "Avec mon coach, on parle toujours tactique la veille du match. Habituellement ça prend cinq, dix minutes. Quand c'est contre Novak, ça prend probablement 30 minutes [...] Qu'avais-je de différent par rapport à l'Open d'Australie (où il avait perdu en finale face au Serbe) ? Un plan clair, qui a semblé fonctionner", a-t-il déclaré en conférence de presse à l'issue de la rencontre.

Avec cette victoire, Daniil Medvedev remporte son premier titre du Grand Chelem. Un triomphe qu'il a fêté à sa manière, en s'appropriant une célébration du jeu vidéo Fifa, son passe-temps favori.

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