Finale de la Coupe Davis : quand le tennis devient un sport d'équipe
La France affronte la Suisse du 21 au 23 novembre en finale de la Coupe Davis, à Lille. Un événement particulier dans ce sport où, d'habitude, les champions ne roulent que pour eux-mêmes.
Pour la 17e fois de son histoire, l'équipe de France de tennis participera à une finale de Coupe Davis. Elle sera opposée à la Suisse, du 21 au 23 novembre, à Lille (Nord). La France a gagné cette compétition à neuf reprises. La dernière fois, c'était en 2001, face à l'Australie.
La Coupe Davis est une compétition à part dans le paysage tennistique mondial. Elle rassemble des joueurs habitués à s'entraîner et à jouer seuls, parfois les uns contre les autres. Comment créer un esprit d'équipe dans ces conditions ? Quels obstacles ou surprises peuvent découler de cette organisation ? Eléments de réponse.
"Pour moi, le tennis, c'est la Coupe Davis"
Tous les joueurs ne sont pas attachés de la même manière à la Coupe Davis. Certains, comme Jo-Wilfried Tsonga, y tiennent particulièrement. "Pour moi, le tennis, c'est la Coupe Davis, se plaît à dire l'actuel numéro 12 mondial. C'est toujours quelque chose qui m'a poussé dans ma carrière."
L'imaginaire collectif des joueurs regorge de moments forts que seule une victoire ou une défaite en équipe nationale peuvent susciter. Richard Gasquet, cité par l'AFP, se souvient par exemple avoir regardé sur cassettes vidéo les deux sacres de 1991 et 1996, et s'être déplacé avec son père pour deux finales perdues, en 1999 à Nice contre l'Australie et en 2002 à Bercy (Paris) face à la Russie. "Je me rappelle du match d'Arnaud Boetsch contre Nicklas Kulti [lors de la finale remportée par la France face à la Suède en 1996], raconte de son côté Gilles Simon. Je ne sais plus quel âge j'avais. Mais les trois balles de match, c'est un des souvenirs qui me restent en tête."
Créer une énergie collective
Au capitaine de jouer sur cette corde pour créer une énergie collective. Arnaud Clément, patron de l'actuelle équipe de France, se veut rassurant pour la finale : "La Coupe Davis, c’est une compétition incroyable, unique dans une carrière, explique-t-il. Tous les joueurs en ont désormais conscience. J’ai senti au fond de leurs tripes qu’ils en avaient envie. Les regards, les échanges et les paroles entre eux, tout est très sincère."
Gaël Monfils décortique cet état d’esprit, collectif au plus haut point. "La concurrence est facile car on est tous potes, dit-il, cité par francetv sport. Hormis Julien Benneteau, on a joué ensemble en équipes de jeunes. On est proches et lucides sur l’état physique et mental de nos potes, donc c’est plus facile pour eux d’entendre mon discours, par exemple quand je décide de ne pas y aller." Fini les coups de sang dans le vestiaire après la défaite à Buenos Aires (Argentine) en 2013, en quart de finale. Maintenant, les joueurs se parlent.
Si la nécessité d'un collectif soudé est souvent avancée par les tennismen français, c'est un argument qui vaut pour de nombreuses équipes. Après la carte Djokovic, c'est celle de "l'esprit d'équipe" qui est avancée pour expliquer les succès de la Serbie en 2010, selon NDTV Sports (en anglais). Ainsi, les dissensions qui seraient apparues entre les Suisses Roger Federer et Stanislas Wawrinka en marge du Masters de Londres, le 15 novembre, font craindre une mésentente sur le terrain en cas de double avec les deux hommes lors de la finale, ou une démotivation des troupes avant le jour J.
"Tu peux gagner avec une addition d'individualités"
Ainsi galvanisés par le groupe, certains joueurs peuvent se surpasser. Comme le note L'Equipe.fr, le classement ATP (individuel) est souvent démenti en tournoi par équipe. Henri Leconte qui bat Pete Sampras en 1991, Marc Rosset qui vient à bout de Jim Courier en 1992 ou encore Nicolas Escudé qui corrige Lleyton Hewitt en 2001 : tous ces matchs constituent autant de performances et de contre-performances qui marquent l'histoire de la discipline.
Si elle peut aider à surmonter certaines situations, la cohésion au sein d'un groupe est loin d'expliquer tous les résultats. Preuve en est, certaines équipes dysfonctionnelles ont quand même gagné la Coupe Davis. "Il ne faut pas oublier que des pays comme la Russie l'ont aussi emporté sans former une vraie équipe, rappelle Michaël Llodra, cité par We Are Tennis.com. Pendant les week-ends de tournoi, Marat Safin et Nikolay Davydenko ne mangeaient pas ensemble et s'entraînaient avec leur coach personnel. Cela montre que tu peux gagner avec une addition d'individualités, mais il faut que ce soit des joueurs très très forts."
C'est sans doute le caractère imprévisible de cette compétition qui en fait le sel. Guy Forget, capitaine de l'équipe de France entre 1999 et 2012, est bien placé pour le savoir : "On ne sait jamais ce qui va se passer, indique-t-il au Point.fr. Tout peut arriver. C'est justement ce qui rend la Coupe Davis si passionnante. En France, c'est une émotion particulière. Si on a vu certains joueurs passer à côté, c'est simplement parce que l'attente était tellement forte qu'ils ont eu du mal à la digérer." Les Français sauront-ils canaliser cette pression, ce week-end à Lille ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite.
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