Roland-Garros : comment Jannik Sinner a redonné l'envie de faire du tennis à l'Italie

Le numéro 2 mondial fait frissonner tous les amateurs italiens de tennis. Et il fait mieux encore : dans les clubs, on parle d'un "effet Sinner" sur les licences. Reportage au Tennis Club Parioli de Rome.
Article rédigé par Bruno Duvic
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'Italien Jannik Sinner tout sourire après avoir remporté son match en simple masculin contre l'Américain Christopher Eubanks sur le court Suzanne-Lenglen, à Roland-Garros, le 27 mai 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Après ses deux premiers tours gagnés en trois sets, Jannik Sinner semble remis de la blessure à la hanche qui l'a immobilisé près d'un mois avant les internationaux de France. Le discret n°2 mondial, vainqueur de l'Open d'Australie en janvier, suscite beaucoup d'attentes, dans son pays en particulier. Le joueur de 22 ans, grâce à qui l'Italie a gagné la coupe Davis l'an dernier, a su faire renaître le tennis transalpin. Mieux : sa popularité a relancé la pratique de ce sport de l'autre côté des Alpes

Dans l'une des meilleures écoles de tennis de Rome, Altea laisse un instant l'entraînement pour parler de Jannik Sinner. La jeune fille l'assure : c'est le jeu d'attaque, assez inhabituel en Italie, qui lui plaît beaucoup. "Très souvent, il fait service, coup droit. Et avec ce coup, il conclut facilement le point !", note-t-elle. Mais c'est le mental du joueur, venu du Nord du pays, à la frontière autrichienne qu'elle aime encore plus.

"Ces gars-là sont à part"

Même chose pour sa partenaire d'entraînement, Galatea : "Je l'ai vu à l'entraînement et en tournoi. Il met la même intensité à l'entraînement qu'en match, ce qui est très difficile. Pour moi, c'est une grande force !", dit celle qui est tout de même 500ème mondiale chez les moins de 18 ans.

Même s'il n'a rien de l'image que l'on se fait de l'Italien, Jannik Sinner, avec ses cheveux roux, son accent un peu rugueux, reste toujours souriant et courtois. Un excellent exemple sur lequel s'appuyer pour Roberto Meneschincheri, le responsable de la formation des jeunes au Tennis Club Parioli. 

"On répète aux jeunes que le seul moyen de progresser, c'est le travail. Et dans ses interviews, Sinner aussi insiste sur ce point : le travail, le travail, le travail !"

Roberto Meneschincheri

à franceinfo

En septembre 2022, la fédération de tennis italienne revendiquait 550 000 adhérents. Ils sont aujourd'hui 900 000. Un véritable "effet Sinner" devenu flagrant chez les jeunes Romains, que constate le manager du club : "Les effectifs des écoles ont augmenté de manière incroyable, de l'ordre de 20 à 30 % !", souligne Claudio Panatta, ancien numéro 40 mondial. Il n'est autre que le frère d'Adriano Panatta, le dernier Italien à avoir gagné Roland-Garros chez les garçons. C'était en 1976. Une autre époque, mais Adriano et Jannik ont au moins une chose en commun, selon lui : "Ces gars-là sont à part. Ils savent gérer la pression et le succès en champions. Ce ne sont pas des personnes normales", sourit-il.

Des succès majeurs sur le circuit international de tennis, oui, mais un numéro 2 mondial, l'Italie n'avait jamais eu jusqu'à présent. De quoi inspirer Altea, du haut de ces 13 ans : elle rêve d'aller encore plus haut, devenir numéro 1. "Et pourquoi pas ? Avant mes 18 ans. On peut rêver !", rigole-t-elle. Pour Jannik Sinner, c'est plus qu'un rêve, c'est une probabilité : si Novak Djokovic n'arrive pas en finale de Roland-Garros, l'Italien prendra alors la tête du classement ATP dès le lendemain du tournoi.

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