Masters 1000 de Paris-Bercy : "Avec les Français, ça restera des surprises mais de très belles choses peuvent arriver", assure Arnaud Clément
En pleine forme, au bon moment. Alors que se profile le Masters 1000 de Paris-Bercy (Rolex Paris Masters), du samedi 28 octobre au dimanche 5 novembre, les joueurs français, portés par l'ancienne et la jeune génération, semblent s'avancer avec des ambitions presque retrouvées. Arnaud Clément, consultant pour France Télévisions, les voit bien dans la peau des outsiders, et capables de signer quelques belles surprises. Surtout au lendemain du 12e titre en carrière de Gaël Monfils, passé du 394e rang ATP en mai dernier à la 89e place mondiale, ce lundi 23 octobre.
Franceinfo: sport : Arnaud, quel regard portez-vous sur cette nouvelle performance marquante de Gaël Monfils, devenu à un peu plus de 37 ans, le joueur français le plus âgé de l'ère Open à remporter un titre ?
Arnaud Clément : Gaël en parle depuis un moment par rapport à son retour : son envie fait la différence, c'est son moteur ! Il a vraiment besoin de ça, contrairement à certains joueurs qui arrivent à faire certaines choses même quand ils ont un peu moins envie. Il est épanoui dans sa vie de famille aussi, il est désormais papa. Je pense qu'il a aujourd'hui un équilibre idéal dans sa vie.
Gaël a envie de voir ce qu'il est encore capable de faire, comment il parvient à revenir après ses grosses blessures. Il gère assez bien, avec tous les tournois qu'il est amené à disputer depuis le début de l'année. Cela n'a pas été facile, mais le voilà revenu dans les 100, c'est une première étape importante.
"Cette flamme, il l'a toujours, ça se sent. Il en parle, il est heureux. Parfois, il dit même qu'il a envie de jouer jusqu'à ses 40 ans."
Arnaud Clément, consultant France Télévisionsà franceinfo: sport
Être capable d'aller chercher un nouveau titre, c'est assez fabuleux dans cette fin de saison, dans un tournoi qu'il aime, qu'il avait déjà remporté d'ailleurs (en 2011). Quand il a envie, qu'il est préparé, Gaël reste toujours aussi performant. Il m'avait notamment impressionné cet été, sur sa capacité à enchaîner des matchs de très haut niveau en Masters 1000. On s'est tous demandés comment son corps allait réagir, puis les tournois d'après, il était de nouveau capable de signer des très beaux matchs. On peut dire qu'on a retrouvé Gaël Monfils.
En quoi sa manière d'avoir fait évoluer son jeu a-t-elle pu s'avérer décisive pour en arriver là ?
Depuis un moment, on voit que le tennis pratiqué par Gaël est beaucoup plus agressif et un peu moins énergivore, même s'il a toujours cette capacité à défendre fort. C'est assez rare aujourd'hui de le voir s'appuyer essentiellement sur sa défense pour essayer de gagner un match. C'est aussi parce qu'il se gère mieux. Il ne va plus être capable de jouer 25 à 30 tournois dans l'année à ce niveau-là. Pour autant, on le voit, il reste très performant quand il est bien. Il a des périodes de break, des périodes où il doit récupérer, des périodes où il doit gérer des petits pépins. Et quand il reprend, il est performant de nouveau ! C'est très important pour sa confiance.
Derrière Gaël Monfils, on a une jeune génération qui semble s'affirmer de plus en plus, illustrée par Arthur Fils, 38e mondial à 19 ans et finaliste à Anvers ce week-end...
Surtout, on voit toujours en Arthur Fils un potentiel important. Mais je sens venir la question... (rires) Est-ce qu'il intégrera le top 10 un jour ? Ou est-ce qu'il va pouvoir jouer les derniers tours dans les Grands Chelems dans le futur ? Il y a encore beaucoup de travail à effectuer, mais par rapport à ce qu'on voit, on aperçoit plusieurs choses qui devraient lui permettre de se rapprocher assez rapidement des quinze premiers : son état d'esprit, son ambition, sa manière de travailler et de vouloir atteindre ses objectifs. J'aime beaucoup. Selon moi, il est sur la bonne voie et il se donne aujourd'hui les moyens de ses ambitions.
Il y a aussi Luca Van Assche (19 ans, 63e mondial). Il est bien installé, même s'il est un peu moins bien classé qu'Artur Fils. Il a énormément progressé depuis un an, il se stabilise. Il va lui aussi continuer à monter au classement. C'est pareil pour Giovanni Mpetshi Perricard (20 ans, 194e). Cette génération peut et doit se tirer vers le haut. Ils travaillent et se connaissent très bien.
Cette jeune génération peut-elle profiter de cette émulation collective actuelle, avec des joueurs installés depuis longtemps comme Gaël Monfils, mais aussi Richard Gasquet, Adrian Mannarino ou même Ugo Humbert ?
Cette concurrence saine, c'est une excellente chose. J'ai pu connaître ça à mon époque aussi, on était entre copains. On est montés ensemble, et on se tirait la bourre indirectement. Quand on voit ces joueurs se côtoyer et se croiser, on constate qu'il y a une super entente. Ils sont contents quand l'un d'eux fait un bon résultat.
"C'est une super dynamique d'ensemble à laquelle pourront se joindre d'autres jeunes joueurs dans les mois à venir. Et c'est une entraide possible entre tous, également avec les plus anciens."
Arnaud Clément, ancien n°10 mondial et consultant France Télévisionsà franceinfo: sport
C'est bien pour tout le monde d'avoir ces anciens qui sont avec eux sur ce circuit, Adrian, Richard ou Gaël, avec qui ils peuvent échanger. Ils ne seront pas avares de conseils à donner à cette jeune génération qui donne l'impression d'avoir envie d'apprendre à leur contact. On a une douzaine de joueurs dans le top 100 mondial, et on a toutes les générations. C'est bien la preuve que la dynamique marche un petit peu dans tous les sens.
C'est donc de très bon augure pour ce Masters 1000 de Paris-Bercy ?
On sait aujourd'hui qu'on peut avoir sur ce type de tournoi de très belles surprises. Pas simplement en termes de résultats sur une rencontre, mais aussi avec des joueurs qui vont être capables d'enchaîner de très bons matchs. On sait aussi à quel point le Rolex Paris Masters est relevé, avec à tous les tours une forte probabilité de jouer un top 15 mondial. Mais aujourd'hui, on a des joueurs capables de s'en sortir. Dès cette année, de très belles choses peuvent arriver. Mais ça restera des surprises. Ils resteront outisders, Gaël y compris, même si on sait qu'il est capable d'aller gagner deux, trois, voire quatre matchs à Bercy.
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