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Bercy en février, pourquoi c’est nul

La semaine dernière, Guy Forget a confié qu’il ne désespérait pas de convaincre l’ATP de déplacer dans le futur le tournoi parisien d’automne au mois de février afin d’en faire le premier Masters 1000 de la saison. Pourtant, le plus grand événement indoor y perdrait pas mal s’il venait à se jouer en plein cœur de l’hiver.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
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Le parvis

Bercy n’a pas mis longtemps à faire sa place au soleil du début novembre. Depuis la première édition en 1986, le deuxième plus grand tournoi disputé dans l’hexagone ravit les stars du circuit qui s’y sont presque toutes imposées (Becker, Edberg, Agassi, Sampras, Safin, Federer, Djokovic).

Forget : "Il faut se battre"

Pourtant, depuis quelques années et suite à la décision de l’ATP d’installer le Masters juste derrière afin d’octroyer plus de vacances aux meilleurs joueurs, les responsables du tournoi ont décidé de demander un (grand) changement de dates. Le directeur Guy Forget n’y voit que des avantages. Selon l’ancien lauréat (en 1991 à l’issue d’une superbe finale contre Sampras), il faut "se battre dans les années à venir pour défendre l'emplacement de notre tournoi dans le calendrier."

Forget a tout de même obtenu une concession majeure, puisqu'à partir de l'édition 2014, une semaine séparera Paris-Bercy et le Masters. "En récupérant une semaine de battement, on pourra vraisemblablement avoir un plateau extrêmement bien fourni dès l'année prochaine", a-t-il estimé.

Danger car janvier très chargé

Dans ce cas, pourquoi vouloir changer de période ? Passer en février aurait quelques inconvénients majeurs. D’abord, il n’est pas dit que les ténors du circuit seraient tous enclins à évoluer en indoor à ce moment-là. Ceux qui auront effectué un brillant parcours à l’Open d’Australie, puis enchaîné sur un gros week-end de Coupe Davis (1er tour début février), seront probablement chagrinés d’apprendre qu’il leur faut jouer un gros tournoi au lieu de se reposer avant les échéances américaines de mars (Indian Wells puis Miami). Car hormis quelques fans des courts couverts (Federer, Tsonga, Soderling il y a peu), les Nadal, Djokovic et autres Murray préfèrent recharger les accus en février.

Plus la carotte du Masters

Ensuite, le Masters 1000 de Paris perdrait de son importance. En fin de saison, Bercy s’avère déterminant pour l’attribution des derniers tickets qualificatifs au Masters de Londres (la semaine prochaine). Cette année, cinq joueurs se battent pour trois places (Federer, Wawrinka, Gasquet, Tsonga, Raonic), sans compter ceux qui avaient encore une infime chance d’y parvenir lundi matin. Cet engouement serait fortement diminué par un déplacement en hiver nonobstant l’éventuelle fraîcheur des protagonistes, à démontrer.

Trop près de Roland-Garros

Enfin, les spectateurs seraient lésés pour deux raisons. D’abord, beaucoup de passionnés de tennis viennent et à Roland-Garros et à Bercy. Tant qu’il y a six mois d’écart entre les deux événements, ça ne pose pas trop de problème financièrement, mais s’il ne devait y avoir que trois mois d’écart, certains accros devraient sûrement faire un choix. Et Bercy ne fait pas le poids comparé à Roland. Surtout, février correspond aux vacances scolaires passées à la montagne pour de nombreux parisiens, ce qui n’est pas le cas fin octobre. Voilà pourquoi Guy Forget ferait bien de se demander si ça vaut vraiment le coup d’avancer les dates d’un tournoi qui a trouvé son rythme de croisière.

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