Nadal, le Rocher ébranlé
Huit ans c'est long. Et plus une série dure, plus elle se rapproche de son terme. Cette logique, Rafael Nadal l'a adoptée au moment de venir devant la presse évoquer sa défaite. La première à Monaco depuis 46 matches. "Je préfère gagner bien sûr mais c'est le sport, ce n'est pas une tragédie. J'ai perdu après avoir gagné huit années de suite. C'est juste normal, il fallait que ça arrive un jour". Et il est arrivé. Face à son meilleur ennemi. Pas Roger Federer, qui a fait l'impasse, mais Novak Djokovic contre lequel il restait sur trois victoires en finale sur terre battue (Monte-Carlo, Rome et Roland-Garros l'année dernière). Mais c'était face au Nadal d'avant blessure. Et c'est justement ce point que Nadal a basé l'analyse de cette "semaine positive". "Cette semaine va m'aider. Je pense que je suis sur la bonne voie. Cinq finales de suite (depuis son retour en février après sept mois d'absence), si on m'avait dit ça il y a quatre mois j'aurais pleuré de joie", a-t-il assuré.
S'il avait perdu contre Horacio Zeballos pour son retour à Vina del Mar, là il s'est incliné face "meilleur joueur du monde". Pas une honte donc, mais une brèche qui tombe plutôt mal à un mois du début de Roland-Garros, où il est tenant du titre et septuple vainqueur. LE grand rendez-vous de l'année pour les deux hommes et objectif numéro 1 avoué pour Djokovic à qui il ne manque qu'un triomphe Porte d'Auteuil pour compter les quatre Grand Chelem à son palmarès. Comme l'a dit Bjorn Borg après la rencontre, "l'histoire dit que celui qui gagne Monte-Carlo gagne souvent Roland-Garros. C'est donc un vrai bonus mentalement pour Djokovic".
A qui l'ascendant?
"Pour le battre, il faut être à 100%". Nadal a été clair. Sans un physique au top, il partait de trop loin pour dominer Djokovic. Cela suffit face à Dimitrov, même s'il a galéré et laissé son premier set depuis sa demi-finale en 2011 face à Murray, ou Tsonga en demi-finale. Mais c'est encore trop juste face à un Djokovic qui ne "peut pas mieux jouer sur terre" selon son propre aveu. Volonté d'atténuer la portée de ce succès ou vrai constat? Nadal en tout cas pendant une demi-heure n'a pas existé. 5-0 et tout près d'une première "bulle" sur ocre depuis Hambourg 2007 face à Roger Federer. La gifle était sans doute trop forte. Mais pas imméritée. Avec toujours la même recette pour le Serbe. Prendre la balle tôt et soutenir la diagonale en revers.
Débordé et coupable de nombreuses fautes inhabituelles, Nadal a évité la correctionnelle et n'a pas été loin de relancer complètement la rencontre en breakant à deux reprises au deuxième set (4-2 et 6-5). Avant de s'écrouler à chaque fois et de perdre 10 des 11 derniers points de la rencontre (débreak blanc et 7-1 au tie-break). "Il m'aurait fallu un peu plus de physique", a-t-il expliqué. "Fatigué" en fin de rencontre, il n'a pas pu asseoir sa domination qu'il avait réussi à imposer au cours d'un second set mieux maîtrisé. Mais le résultat est là, Nadal a de nouveau perdu face à Djokovic. Sa 15e défaite (pour 19 succès), mais surtout la 8e sur leurs 11 dernières confrontations. L'an passé, il avait stoppé sa série noire de sept revers d'affilée sur cette terre monégasque face à un Djokovic quasi absent après le décès de son grand-père. Là, contre un Serbe, pas sur un pied, mais presque, durant les premiers tours, qui ai monté en puissance durant la semaine, il a été trop court.
Demandez le programme
Et maintenant? Nadal a perdu une bataille mais pas la guerre. Une défaite à Monte-Carlo n'a pas le même poids qu'une défaite à Roland. Il a un mois pour être prêt pour un huitième titre. "Je pense qu'il reste assez de temps, plus qu'il n'en faut même si je continue comme ça", a-t-il assuré. Actuellement 5e à l'ATP et avec beaucoup de points à défendre, car tenant du titre à Monte-Carlo, Barcelone et Rome, il en a perdu quelques-uns précieux ce week-end. Son classement, en l'état actuel, ne le protège pas d'un éventuel quart de finale à Paris face à son bourreau serbe. Une éventualité encore lointaine mais qui pourrait se profiler.
L'Espagnol, lui, n'y pense pas. "Roland-Garros c'est encore très loin. La semaine prochaine je vais jouer à Barcelone, un tournoi que j'adore, et après il y a Madrid, puis Rome". Un programme aux petits oignons pour lui qui a besoin de jouer pour retrouver le top de sa forme. Mais un programme également chargé pour ce genou capricieux qui l'a si handicapé par le passé. C'est sans doute le prix à payer pour que sa chute à Monaco ne précipite pas celle de son trône à Paris.
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