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Pourquoi le 10e sacre de Nadal à Monte Carlo est un titre en trompe-l'oeil

Vainqueur de son 10e tournoi de Monte Carlo (record), de son 50e titre sur terre battue (record) et de son 29e Masters 1000, Rafael Nadal a écrit une page supplémentaire de sa légende. Pour autant, le nonuple vainqueur de Roland-Garros n'est pas encore redevenu le maître absolu de la terre battue, en vue des Internationaux de France.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Rafael Nadal et son 10e trophée à Monte Carlo (PHILIP ROCK / ANADOLU AGENCY)

Un tableau des plus simples

Rafael Nadal s'est-il rendu ses matches faciles ? En concédant un seul set durant toute la semaine, il n'est certainement pas étranger à son parcours princier. Mais ses adversaires l'ont bien aidé. 

Kyle Edmund, jeune Britannique de 22 ans, est passé tout près de l'exploit, prenant une manche mais s'inclinant en 2h18. Alexander Zverev (21e mondial), au 3e tour, n'a jamais été à la hauteur de ses récents exploits (victoire sur Wawrinka à Miami, sur Tsonga à Montpellier), et de son niveau de l'Open d'Australie où il avait poussé l'Espagnol aux 5 manches. 1h08 de jeu, pour ce 3e tour, 1h39 pour vaincre Diego Schwartzmann (34e mondial) au tour suivant. David Goffin aurait pu être un révélateur en demi-finale. Mais le Belge, après ses deux marathons contre Thiem et Djokovic, n'a pas eu les ressources de se remettre d'une erreur d'arbitrage au coeur du 1er set. Il devait alors mener 4-2, mais s'est retrouvé à 3-3. Et en finale, le rouleau-compresseur est passé sur Albert Ramos-Vinolas. Après ses victoires sur Murray, Cilic et Pouille, l'Espagnol n'a pas résisté à son compatriote, qui n'a jamais perdu contre un joueur espagnol en finale. 

Bref, sans jouer le moindre membre du Top 10, Rafael Nadal a empoché son 29e Masters 1000 en carrière. Sur ses 9 titres précédents sur le Rocher, il avait toujours affronté au moins deux membres du Top 10 pour y parvenir. Pas cette fois.

Une concurrence quasi-absente

Sur la ligne de départ de ce tournoi de Monte Carlo, il manquait plusieurs joueurs du Top 20 à l'appel: Roger Federer, Kei Nishikori, Milos Raonic, Gaël Monfils et Nick Kyrgios. Outre ces absents, plusieurs ténors ont livré des matches décevants, voire inquiétants. 

Novak Djokovic (N.2) effectuait son retour sur le circuit après sa blessure au coude (hormis un simple en Coupe Davis). Hors du coup physiquement (une rareté pour l'un des plus costauds du circuit), sans longueur de balle, l'ancien N.1 mondial n'a pas pu enchaîner un 3e match en 3 sets. Depuis sa victoire à Roland-Garros l'an dernier, il peine à trouver une dynamique positive. Un tournoi à oublier, comme celui de l'actuel N.1 mondial, Andy Murray. Là-aussi, le manque physique est criant. Là-aussi, le manque de confiance se fait sentir. Le bras gauche de Ramos-Vinolas a fait le reste. Idem pour Stan Wawrinka (N.3), écarté dès le 3e tour par Cuevas. Et on peut ajouter les contre-performances de Tsonga (N.7) ou Dimitrov (N.8), voire Berdych (N.9).

Pour ce premier tournoi majeur sur terre battue, tous ces joueurs ont vu le travail qu'il leur reste pour atteindre leur niveau habituel.

Un niveau élevé, mais pas incroyable

A l'image de Roger Federer, Rafael Nadal a retrouvé un niveau très élevé depuis le début de l'année 2017. Une défaite à Brisbane contre Raonic en quarts, une défaite en finale à Melbourne et Miami contre Federer, à Acapulco contre Querrey, en 8e de finale contre Indian Wells, l'Espagnol a attendu Monte Carlo pour décrocher son premier titre.

En forme physiquement, il a retrouvé une partie de son jeu. Avec un corps qui le laisse tranquille, il peut de nouveau espérer d'un 10e Roland-Garros, qu'il n'avait pu chercher en raison d'une blessure au poignet en 2016. Si le physique tient, il reste deux inconnues. la première, c'est sa capacité à gagner des titres. Ses trois échecs cette année en finale ont certainement altéré sa confiance autrefois inébranlable. Et aussi donné des idées à ses adversaires qui, autrefois, le voyaient imbattable. Kyle Edmund a failli en profiter à Monte Carlo.

Et de cette confiance découle la deuxième inconnue: le retour de son jeu intraitable. L'an dernier, ses coups faisaient moins mal, sa balle était moins longue, moins bondissante. Ses problèmes physiques l'expliquaient. Aujourd'hui, il n'y a plus d'excuse. Pourtant, ses coups droits semblent être moins tranchants que par le passé. Or, son coup droit, surtout lorsqu'il contourne son revers, est la base de son jeu. A bientôt 31 ans, l'Ibère sait qu'il a besoin d'un physique impeccable, et d'une confiance totale pour mener à bien ses marathons en fond de court. 

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