Pourquoi Novak Djokovic représente le défi ultime pour Andy Murray
Le physique
Novak Djokovic et Andy Murray sont deux des plus gros physiques du circuit. A bientôt 29 ans tous deux (dans une semaine pour le Britannique, dans quinze jours pour le Serbe), plus jeunes que Roger Federer (34 ans) et Rafael Nadal (bientôt 30 ans) les précédentes références en la matière, ils ont imposé leur marque. Chacun à leur manière, les deux hommes imposent leur impact physique à leurs adversaires. Le Serbe, comme nous l'expliquait le regrettée Patrice Dominguez lors de Roland-Garros 2013, est "extrêmement mobile, très bas au niveau du centre de gravité dans sa course, car il a une très grande laxité au niveau des articulations, des hanches, du bassin. Il est capable de plier à droite, à gauche, et de remonter au moment de la frappe." Un véritable roseau. Pour l'Ecossais, il s'agit plus d'explosivité, de rapidité, de réactivité extrême grâce à son oeil qui lui permet d'être très bien placé sur chaque balle et d'être particulièrement difficile à déborder, comme nous le démontrait Michael Llodra lors de Roland-Garros 2015. Avec leur sortie prématurée à Monte Carlo (au 2e tour pour le N.1 mondiale, en quarts pour le Britannique), ils ont eu le temps de bien se préparer pour l'enchaînement Madrid-Rome puis Roland-Garros. Cette finale sera donc un véritable combat des chefs physiques. La saison passée, lors de leur dernier duel sur terre battue, en demi-finale de Roland-Garros, Djokovic avait gagné le bras de fer pour terminer sur un 6-1 au 5e set, après avoir concédé les 3e et 4e set 7-5, dans un match joué en deux jours. Lors de leur dernier duel sur le circuit, en finale à Melbourne en début de saison, Murray n'avait pas réussi à pousser son adversaire dans ses retranchements ultimes (victoire en trois sets 6-1, 7-5, 7-6). A Madrid, Murray a passé près de 1h30 de plus sur le court que son adversaire. Mais pour ces "machines", ces affrontements en trois manches ne sont pas le plus grand défi. C'est surtout le rythme.
La relance
Andy Murray et Novak Djokovic sont deux des meilleurs relanceurs du circuit, si ce n'est les deux meilleurs. Contrairement à un Rafael Nadal qui aime reculer, notamment sur terre battue, pour asséner ses retours liftés, les deux hommes ont pour points communs d'être très prêts de leur ligne de fond pour relancer les services adverses. Chacun a une vitesse d'exécution et un "oeil" acéré pour gagner quelques dixièmes de secondes et ainsi prendre le dessus dès cette première frappe. A ce jeu-là, les deux joueurs sont très proches l'un de l'autre, même si le N.1 mondial met sans doute plus de poids dans sa balle, alors que le N.2 mondial utilise plus des frappes "à plat", ce qui peut générer un certain déchet lorsque la tension se fait importante. Et ce match n'en manquera pas d'autant que face à un tel relanceur, Andy Murray sait qu'il doit sortir le grand jeu au service. C'est l'une de ses armes sur le circuit, dont le rendement chute forcément contre Djokovic, dont la mise en jeu a beaucoup plus d'importance tactique. Clairement, le protégé d'Amélie Mauresmo ne pourra pas se contenter de service 40% de premières balles, comme il l'a fait en début de sa demi-finale contre Nadal.
Le mental
Du caractère. Novak Djokovic et Andy Murray n'en manquent pas. Si le Serbe a appris à gérer ses sautes d'humeur avec le temps et surtout avec les titres, l'Ecossais est encore en phase d'apprentissage. Mais même en colère sur le terrain, les deux hommes n'en perdent pas toujours leur tennis. Le problème pour le N.2 mondial, c'est cette série de défaites concédées contre cet adversaire. Depuis que Murray a privé Djokovic du titre à Wimbledon en finale 2013, il n'a gagné qu'un seul (en finale à Toronto en 2015) des 12 face-à-face suivants. Et il n'a jamais battu le Serbe dans sa carrière sur la terre battue. Pour conquérir son 10e succès lors de ce 32e duel, Murray va donc devoir renverser une montagne. Beaucoup plus calme qu'à Monte Carlo, il n'a pas encore trouvé la constance dans son jeu, comme l'a prouvé sa demi-finale contre Nadal où il a mené dans chaque set 5-2 avant de s'imposer (7-5, 6-4) face à un Ibère aussi inconstant que lui. Pareille erreur ne peut pas se produire contre Novak Djokovic, même si ce dernier a connu une mésaventure identique en servant contre Nishikori alors qu'il menait 6-3 5-4 (40-0), pour s'imposer finalement au jeu décisif. Vainqueur une seule fois de ce tournoi de Madrid (2011), le protégé de Boris Becker aimerait accrocher ce titre à son palmarès, pour un peu effacer la désillusion de Monte Carlo. Surtout face à son dauphin au classement mondial, qui rêve de conserver sa couronne à Madrid pour y être couronné une troisième fois dans sa carrière (après 2008 et 2015).
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