Retrait de Naomi Osaka de Roland-Garros : "Ces grands champions sont aussi des humains, ils ont leurs failles, il faut respecter cela", affirme un psychiatre
Christophe Bernelle, ancien joueur professionnel et désormais psychiatre, a analysé pour franceinfo le retrait surprise de Naomi Osaka.
"Il y a vraiment une grande souffrance psychique de Naomi Osaka", a estimé mardi 1er juin sur franceinfo Christophe Bernelle, psychiatre responsable du pôle mental à la Fédération française de tennis et ancien joueur professionnel. La joueuse de tennis japonaise, Naomi Osaka, s'est retirée du tournoi de Roland-Garros après la controverse qui a suivi son refus d'assister aux conférences de presse et la révélation de son état dépressif. "Il y a des moments où elle se sent en confiance, où elle a envie d'être sous les projecteurs et il y a d'autres moments où c'est plus compliqué, il faut respecter cela", a-t-il analysé.
franceinfo : Comment interpréter ce retrait de Naomi Osaka ?
Christophe Bernelle : Il y a vraiment une grande souffrance psychique de Naomi Osaka. C'est exceptionnel parce que c'est, il me semble, la première fois qu'un joueur ou qu'une joueuse abandonne en plein tournoi. Elle avait commencé son tournoi, elle avait gagné son premier tour mais de la même façon qu'il y a des blessures physiques, il y a aussi des blessures psychologiques. Ces grands champions, ces grandes championnes, sont aussi des humains. Ils ont leurs failles. Naomi Osaka en a parlé depuis 2018, elle parle de dépression, moi je pense qu'elle est très sensible à beaucoup de choses. Elle est super jeune, elle a été numéro 1 mondiale à 21 ans et là elle a seulement 23 ans.
Elle n'est pas la seule, Serena Williams dit être passée par là, c'est le cas de beaucoup de grands joueurs ?
Chaque joueur, chaque joueuse a son histoire. Naomi Osaka a une histoire très particulière avec un père haïtien, une mère japonaise, elle a été obligée de renoncer à sa nationalité américaine pour ne garder que la japonaise puisque les Japonais ne reconnaissent qu'une nationalité. Chacun a son histoire et elle a ses failles comme tout le monde et je pense qu'elles sont assez importantes. Quand on est très sensible, une conférence de presse c'est une épreuve. Il y a des moments où elle se sent en confiance, où elle a envie d'être sous les projecteurs et il y a d'autres moments où c'est plus compliqué. Il faut respecter cela. Il faut vraiment être fort mentalement pour pouvoir faire face à tout cela.
Que peuvent-ils faire pour se préparer à la pression médiatique ?
Il faut s'entourer de personnes qui sont aptes à ressentir la santé mentale des joueurs, des joueuses. Il faut travailler personnellement sur des choses assez personnelles, comme les relations aux parents, avant de pouvoir se centrer sur le tennis. De plus en plus, on parle de préparation mentale, cela concerne le tennis, mais l'important c'est surtout l'épanouissement de la joueuse, du joueur, notamment quand ils sont jeunes, adolescents, parce qu'il faut qu'ils deviennent des hommes et des femmes épanouis avant tout. C'est cela la priorité.
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