"Il est habité par le fait de devenir le plus grand de l’histoire" : Novak Djokovic établit le record de longévité à la tête du tennis mondial
Il s'installe un peu plus dans la légende. Novak Djokovic, de nouveau en tête du classement ATP depuis son sacre à l'Open d'Australie, s'est octroyé, lundi 27 février, le record du nombre de semaines cumulées avec le statut de numéro 1 mondial (hommes et femmes confondus), jusqu'ici détenu par Steffi Graf (377 semaines). Une performance historique qui semblait pourtant hors de portée tant la domination de l'ancienne joueuse allemande avait marqué les années 90. Mais, obnubilé par son désir de marquer l'histoire de la balle jaune, le Serbe de 35 ans est parvenu à gravir les échelons du panthéon du tennis mondial.
Aux côtés du néo-recordman pendant près de 15 ans, Marian Vajda a clairement identifié ce qui différenciait son protégé des autres. "Sa détermination absolue à être le meilleur. Il connaît son objectif et sait comment s'y prendre", avait assuré l'entraîneur historique de Novak Djokovic, avec qui il a remporté 20 Grands Chelems, dans un entretien publié sur le site Novosti, le 16 octobre 2020. Pour Patrice Hagelauer, "la différence entre les grands champions comme Novak Djokovic et les autres, c’est l'ambition qui vient très tôt. La vraie ambition, celle que l’on voit sur le terrain ou à l’entraînement. Pas celle que l’on affiche dans les médias en disant qu’on veut devenir le numéro 1 mondial", explique l'ancien entraîneur de Yannick Noah.
Une ambition précoce et assumée
Celui que l'on surnomme aujourd'hui le "Djoker" n’a pourtant jamais fait mystère de ses ambitions. Lors de sa première interview en Serbie, en 1994, le tennisman alors âgé de 7 ans déclare que "le tennis est un devoir" pour lui. "L'objectif est d'être numéro 1 mondial", affirme alors le jeune Novak Djokovic.
Arnaud Clément, joueur professionnel de 1996 à 2012 et consultant pour franceinfo: sport, a été marqué par sa première rencontre avec le Serbe, le 14 septembre 2004, à Bucarest. À 17 ans, Novak Djokovic remporte alors son tout premier match sur le circuit principal (2-6, 6-4, 6-4). "Quand on le voit aujourd’hui, on se dit qu’il est habité par la poursuite des records, par le fait de devenir le plus grand de l’histoire, mais il l’était déjà tout jeune quand il n’avait pas gagné le moindre tournoi du Grand Chelem", se souvient le tennisman français.
"Il a constamment progressé au cours de sa carrière et il progresse encore aujourd'hui, poursuit Arnaud Clément. Quand je l'ai affronté à l'US Open en 2008, c'était encore plus frappant. Je me suis dit : 'mais qu'est-ce que je peux faire pour m'en sortir ?' Je n'avais aucune maîtrise. En face de moi, j'avais une réponse à absolument tout ce que je pouvais proposer, même de mieux."
Une force mentale hors norme
Révélé plus tard que Roger Federer et Rafael Nadal, l'ambitieux Serbe, jugé arrogant aux prémices de sa carrière, n'a jamais fait l'unanimité auprès du grand public. Cette déconsidération des fans est finalement devenue l'une de ses plus grandes forces. "Être le 'mal-aimé' des trois, ça l’a nourri, affirme Patrice Hagelauer. Il s’est blindé, il s’est forgé une carapace. On avait l’impression qu’il était insensible. Roger Federer et Rafael Nadal, eux, savaient que les gens admiraient leur talent. C’était différent pour Djoko. Mais c'est d'ailleurs dans ces moments difficiles, quand le public soutenait ouvertement Federer ou Nadal, que Novak Djokovic jouait son meilleur tennis."
En termes de confrontation directe, le champion serbe se distingue par rapport aux deux autres légendes. Il est même le seul tennisman de l'histoire à pouvoir se vanter d'avoir plus souvent gagné que perdu face à Roger Federer et Rafael Nadal. En effet, Novak Djokovic totalise 27 victoires pour 23 défaites face au Suisse et 30 succès pour 29 revers contre l'Espagnol. Au-delà d'avoir triomphé face à ses éternels rivaux, l'actuel leader du classement ATP n'a manqué que trois tournois majeurs au cours de sa carrière (US Open en 2017, Open d'Australie et US Open en 2022), contrairement à Roger Federer (7) et Rafael Nadal (11). Un détail qui a eu son importance dans sa prise de pouvoir du classement mondial.
"Novak Djokovic n'est peut-être pas le joueur le plus séduisant, mais il a sûrement le tennis le plus efficace de l'histoire."
Arnaud Clémentà franceinfo: sport
L'extrême régularité du "Djoker" est aussi le fruit de nombreux sacrifices faits tout au long de son règne. "La manière dont il s'entraîne, récupère, s'alimente, s'hydrate... Toute sa vie est orchestrée autour du tennis, souligne notre consultant Arnaud Clément. C'est peut-être celui qui a poussé tous ces petits détails au plus haut point et ça lui a permis d'en arriver jusque-là aujourd'hui." Même en ayant passé l'équivalent de sept ans et deux mois à la place de numéro 1 mondial, Novak Djokovic demeure toujours en quête de succès. Un des prochains sur sa liste ? La médaille d'or aux Jeux olympiques de Paris, l'un des rares trophées manquant à son palmarès.
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