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Pourquoi Novak Djokovic est imbattable

En remportant son troisième titre consécutif à Bercy, le quatrième dans cette salle et le quatrième de suite sur le circuit (après l'US Open, Pékin et Shanghaï), Novak Djokovic affole un peu plus les compteurs. Et le Serbe éloigne surtout la concurrence, lui qui semble évoluer sur une autre planète. Sa série de 22 victoires consécutives ne laisse aucun doute: le N.1 mondial est imbattable. Depuis 2011, il a remporté 40 titres et perdu 13 finales. Seul Rafael Nadal s'en approche (24 titres et 18 finales sur la même période). Voici pourquoi.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La rage de vaincre de Novak Djokovic (MIGUEL MEDINA / AFP)

Son physique

Le régime sans gluten a beaucoup fait parler. Mais au-delà de ses effets, Novak Djokovic est d'abord un athlète extraordinaire. Puissant, souple, endurant, rapide, il est le meilleur du circuit sur le plan physique. Rafael Nadal a longtemps représenté la référence en la matière, mais l'Ibère n'est plus ce qu'il était. Roger Federer porte très bien ses 34 printemps, mais son physique est avant tout au service d'une technique impeccable. Andy Murray s'approche beaucoup du Serbe en la matière. Ce n'est pas un hasard si les deux hommes ont le même âge (28 ans), généralement présenté comme le sommet d'une carrière d'un joueur. Mais l'Ecossais, blessé l'an dernier, a encore du travail à fournir. Finalement, c'est "Stanimal" Wawrinka qui rivalise le mieux avec le N.1 mondial. La différence ? "Nole" n'est jamais blessé. C'est dû à sa souplesse (notre consultant Patrice Dominguez nous en parlait voici deux ans à Roland-Garros), mais pas seulement.

Son programme

Etre physiquement prêt pour chaque grande échéance (Novak Djokovic n'a perdu qu'une seule fois avant la finale d'un tournoi cette année), ce n'est pas donné à tout le monde. Le Serbe s'en donne les moyens en jouant moins. Cette année, avant le Masters de Londres, il a disputé 15 tournois. Bilan: 10 titres, 4 finales, 1 défaite en quarts de finale (contre Ivo Karlovic, auteur de 21 aces, à Doha dans le premier tournoi de la saison). Un seul des cadors du circuit joue aussi peu que lui: Roger Federer (16 tournois avant le Masters). Andy Murray en a disputés 17, Rafael Nadal 22, Stan Wawrinka 21. Jouer peu pour jouer mieux, tel est son secret. Cette option, le Serbe l'a prise en 2011, année de son accession au trône de N.1 mondial. Avant, il jouait autant que les autres: 19 tournois en 2008, 22 en 2009, 19 en 2010. A partir de 2011, cela ne fluctue presque plus: 15 cette année-là, 16 en 2012, 16 en 2013, 15 en 2014 et donc 16 en 2015. Contrairement à ses adversaires, il ne perd pas d'énergie sur des tournois 250. En cinq saisons, il n'en a disputés que deux: à Belgrade devant son public en 2011, et cette année à Doha pour commencer la saison. Mal lui en a pris puisque c'est sa seule défaite de l'année avant la finale. Cela ne va pas l'inciter à changer sa programmation.

Son jeu

Pour devenir N.1 mondial, Novak Djokovic a ajouté de nombreuses flèches à son arc. Sa montée en puissance physique lui permet, certes, d'être mieux placé sur toutes les balles. Mais à ses qualités de défenseur, à ses talents de relanceur face aux meilleurs serveurs du circuit, il a ajouté des progrès au service et une nouvelle ambition à venir au filet pour conclure les échanges. Il n'est pas devenu une machine à aces, ni le nouveau serveur-volleyeur du circuit, mais ces progrès lui permettent de gérer beaucoup mieux ses engagements. Bien sûr, parfois, le naturel lui joue parfois des tours, comme cette année à Cincinnati en finale (trois double fautes commises sur son premier jeu de service au 2e set contre Federer qui s'impose 7-6, 6-3), ou à Bercy la semaine passée où il n'était pas satisfait de son service. Mais désormais, il a des ressources: après les 59% de 1eres balles lors de ses deux 1er tours à Bercy, il a plus placé que frappé pour être dans les trois autres matches, si importants, entre 63% et 77%.

Son ment​al

Au début de sa carrière, Novak Djokovic était colérique, capable de sortir de son match mentalement en raison de sa frustration. Ses accès de colère sont désormais moins nombreux (il est vrai que ses adversaires lui posent moins de soucis que par le passé), et sa confiance beaucoup plus grande. Depuis quatre ans, le Serbe n'a jamais connu plus de douze défaites par saison (en 2012). Cette année, avec cinq petits revers, il est en position de battre son précédent record (6 défaites en 2011). John McEnroe a fait mieux avant lui avec ses trois défaites en 85 matches lors de la saison 1984, et Roger Federer a atteint les 4 défaites en 2005. Rafael Nadal en 2012 (6 défaites) et Roger Federer en 2006 (5 défaites) ont tourné à ce niveau. Au total, sur ces cinq saisons, Djokovic a perdu 40 matches sur 398 disputés. L'apport de Boris Becker dans son coin, joueur de tempérament et de combat porté sur l'attaque, n'est pas étranger non plus aux évolutions de son jeu et à sa grande confiance.

Ses adversaires

Depuis 2011, Novak Djokovic construit peu à peu sa suprématie. Au delà de toutes ses qualités, il bénéficie également du recul de ses rivaux. Rafael Nadal a été blessé plus de six mois en 2012 pour son genou, Andy Murray a subi une opération du dos en 2013, alors que Roger Federer a connu quelques soubresauts liés également à son dos. Lui n'a jamais connu de faiblesse physique dans le même temps. Et la vague d'ambitieux n'a pas connu beaucoup de constance au fil des saisons: Stan Wawrinka, Juan Martin Del Potro, Marin Cilic, pour ne parler que des seuls joueurs à avoir inscrit leur nom au palmarès d'un tournoi du Grand Chelem depuis 2006.  

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