Roland-Garros : Rafael Nadal remporte son 20e Grand Chelem en atomisant Novak Djokovic en finale
Sur les cent victoires de Rafael Nadal à Roland-Garros, il y a eu énormément de démonstrations, de matchs où l'Espagnol a atteint sa propre quintessence. Mais pas grand monde ne s'attendait à une nouvelle leçon, ce dimanche, face à son plus grand rival, Novak Djokovic. En trois sets(6-0, 6-2, 7-5), l'Espagnol a joué l'une des meilleures partitions de sa carrière, peut-être à l'un des moments où l'attendait le moins. Non, Novak Djokovic n'est pas passé à côté de sa finale. Si ses erreurs ont été nombreuses, et son service moins performant, c'est qu'il a perdu ses moyens face à la version plus-que-parfaite du joueur de terre battue. Devant la perfection, comment ne pas perdre ses propres repères, pourtant solides ? Contrairement aux scores fleuves de ses matchs (0 set perdu), Rafael Nadal a surmonté des difficultés inédites sur cette édition pour soulever le trophée, lui qui s'était jusqu'ici toujours trouvé en milieu idéal pour briller Porte d'Auteuil. Son 13e titre n'en est que plus beau. Et y a-t-il meilleure manière d'entrer dans l'histoire et de rejoindre Roger Federer au sommet avec un 20e Grand Chelem ?
Le mur, c’était Nadal
Rafael Nadal l’a d’abord emporté grâce à une sensationnelle couverture de terrain. Il paraissait pourtant si loin ce Nadal qui brillait d’abord par ses coups de défense, ramenant des balles improbables, exaspérant ses adversaires par son anticipation et sa maîtrise des coups en bout de course. L’Espagnol avait opéré une petite mutation, pour adapter son tennis à son âge et durer plus longtemps sur le circuit. Ce dimanche, il est redevenu le Taureau de la fin des années 2000. 6 fautes directes lors des deux premiers sets. 14 en tout. Il a ressorti la palette du pur terrien, à défaut de sa longueur de balle et de son lift habituel. Ses jeux de retour l’ont montré. Le Serbe n’a quasiment eu aucun point gratuit derrière sa première. Il a d’ailleurs levé les bras au ciel quand un retour du Majorquin est sorti, à la fin du 2e set.
La finale s’est d’ailleurs beaucoup plus jouée sur le plan mental que physique. Il est très complexe de devoir en permanence travailler, construire, faire le point parfait ou presque. Cette exigence sape les certitudes que l’on a dans son propre jeu. C’est, entre autres, la raison pour laquelle on a vu le Serbe péricliter au fil de la rencontre, alors que le début de match (malgré le score peu flatteur pour lui) a été un sommet d’intensité, des deux côtés. Le premier set, bien que bouclé 6-0 par Nadal, a duré près de 50 minutes, tant les échanges ont été disputés, en particulier dans les quatre premiers jeux.
Novak Djokovic s’est mis à balbutier son tennis dans la deuxième manche lorsqu’il s’est aperçu de l’inefficacité totale de ses choix tactiques, quels qu’ils soient. En rythme du fond de court ? La balle revient. Dans le petit jeu, avec les séquences amorties/lobs ? La balle revient. Agressif dans la diagonale revers/coup droit, celle où il excelle d’habitude face à l’Espagnol ? Elle revient aussi, et de quelle manière, comme sur ce court croisé pour mener 4-1 dans le deuxième. C’est quand l’issue du match a semblé lui échapper, après le premier break de Nadal dans le troisième set, que le Serbe a fini par percer (un peu) la carapace espagnole.
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Dans la foulée, il a tout lâché. Jeté ses dernières forces dans la bataille, quitte à se faire violence ou à tout manquer. De toute façon, le match était très mal engagé, et en face, il y avait un monstre. Et ça a marché, dans un premier temps. Le Serbe a débreaké. Il a harangué la foule, peut-être son ultime bouée de survie dans la tempête. Il a même tenu jusqu’à 5-5, en déstabilisant un peu l’Espagnol sur ses jeux de service. Celui-ci commettait un peu plus d’erreurs, tentant un peu plus également. Mais Nadal n’a finalement rien lâché. Il aurait pu, au vu de son avance et de sa marge sur Djokovic. Mais il a de nouveau serré la vis à 5-5, pour lui prendre une dernière fois son service.
La finale n’a pas vraiment été à la hauteur des attentes. Comme lors de leur dernière empoignade à l’Open d’Australie 2019, on en attendait énormément de deux joueurs qui semblaient à leur sommet, et c’est au final l’un des deux qui a marché sur l’autre (Djokovic en Australie, et donc Nadal à Paris). Mais ce sera le cadet des soucis de Nadal dans les prochains jours. L’Espagnol a joué l’un des meilleurs matchs de sa carrière à l’âge de 34 ans, dans son jardin, sur le Philippe Chatrier. Aussi fou que cela puisse paraître, par l’ampleur et la marge de sa victoire, son 20e Grand Chelem ne ressemble, en rien, à une dernière.
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