On vous explique l'affaire de dopage impliquant le numéro un mondial de tennis Jannik Sinner, innocenté par un tribunal indépendant

Le joueur italien a été testé positif en mars au clostébol, une substance interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA). L'affaire n'a été révélée que mardi.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
L'Italien Jannik Sinner lors de son match pour le titre face à l'Américain Frances Tiafoe, au Masters 1000 de Cincinnati (Ohio). (MAXPPP)

Une ombre plane sur le numéro un mondial. Le joueur de tennis italien Jannik Sinner a été testé positif au clostébol, un stéroïde anabolisant synthétique dérivé de la testostérone, en mars 2024, lors du Masters 1000 d'Indian Wells. Le joueur a lui-même publié un communiqué révélant cette information, sur son compte X, mardi 20 août. Franceinfo: sport vous explique cette affaire.

Quand Jannik Sinner a-t-il été contrôlé positif ? 

Le numéro un mondial a été testé positif au clostébol, substance interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA), à deux reprises, lors du Masters 1000 d'Indian Wells, qui s'est déroulé du 6 au 17 mars 2024. D'après le rapport de l'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (ITIA), qui est en charge de la lutte antidopage sur le circuit, les tests urinaires ont été effectués les 10 et 18 mars 2024.

"[Jannik] Sinner a fourni un échantillon en compétition lors de l'événement ATP Masters 1000 d'Indian Wells, aux Etats-Unis, le 10 mars 2024, qui contenait la présence d'un métabolite du clostébol à de faibles concentrations. Un autre échantillon, prélevé hors compétition huit jours plus tard, s'est également révélé positif pour le même métabolite – toujours à de faibles concentrations", écrit l'ITIA dans un communiqué publié mardi 20 août

Quelle est la ligne de défense du joueur ?

Face à ces tests positifs au clostébol, l'Italien dément toute volonté de dopage et plaide la contamination involontaire. Jannik Sinner a en effet expliqué que cette substance avait pénétré son organisme par voie cutanée, à la suite d'une contamination par un membre de son équipe, en l'occurrence son physiothérapeute Giacomo Naldi. Celui-ci aurait, selon lui, utilisé un spray en vente libre en Italie, contenant du clostébol, afin de traiter une petite blessure sur l'un de ses doigts, "entre le 5 et le 13 mars, période pendant laquelle il a également fourni des massages quotidiens à Sinner, ce qui a entraîné une contamination transdermique à son insu", détaille l'ITIA.

Un déroulé que met en doute Roger Rua, médecin du sport et expert auprès de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). "Si on retrouve des produits comme celui-là dans un contrôle urinaire, il faut qu'il y ait eu une absorption d'une quantité relativement importante", pointe l'expert.

"C'est un spray assez commun en Italie, il y a déjà eu des cas de joueurs italiens qui ont été testés positifs à cause de ce spray" a assuré l'entraîneur de Jannik Sinner, Darren Cahill, dans une interview donnée au média américain ESPN mardi. Mariano Tammaro, espoir du tennis italien, avait lui aussi été contrôlé positif au clostebol en 2021, après que son père ne lui ait appliqué ce spray sur une plaie à un genou.

Quelles sanctions pour Jannik Sinner ?

D'après le Code mondial antidopage, un contrôle positif aux stéroïdes entraîne automatiquement une suspension provisoire de l'athlète concerné. Pour autant, Jannik Sinner n'a pas été empêché de jouer après ses deux tests positifs. "Le joueur a le droit de demander à un président de tribunal indépendant nommé par Sport Resolutions [qui dépend de l'ITIA] de lever cette suspension provisoire. A chaque fois, Sinner a fait appel avec succès de la suspension provisoire et a pu ainsi continuer à jouer", précise encore l'Agence internationale.

Le joueur s'est vu retirer ses points ATP et son prize-money obtenus lors du Masters 1000 d'Indian Wells [il avait perdu en demi-finale face à Carlos Alcaraz]. Contactée par franceinfo: sport, l'ITIA nous a expliqué que le joueur avait "admis une violation des règles antidopage". "Le jury a décidé que les règles avaient été enfreintes, mais que le joueur n'était pas en faute. Ainsi, puisqu'une substance prohibée a bien été détectée dans son organisme lors de ce tournoi, il perd les points gagnés et le prize-money. Comme il n'était pas en faute, il n'y a pas d'autre sanction", a répondu l'ITIA. Le tribunal indépendant, qui a innocenté et non blanchi le joueur, a considéré qu'en absence totale de faute et de négligence, il ne serait pas suspendu. Toutefois, son contrôle positif demeure toujours, étant donné qu'il a joué Indian Wells sous l'effet d'un produit interdit.

L'affaire est-elle terminée ?

Sollicité par Jannik Sinner, le tribunal indépendant a innocenté le joueur dans sa décision rendue lundi 19 août. Toutefois, l'affaire n'est pas close pour autant. L'Agence italienne antidopage (NADO Italia) peut faire appel, de la même manière que l'Agence mondiale antidopage, dont le rôle est de réguler et de superviser la lutte antidopage au niveau international, comme elle l'a confirmé à franceinfo: sport. "Nous allons réexaminer la décision afin de nous assurer qu'elle est conforme aux règles. Et nous nous réservons le droit de faire appel auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) si cela s'avère approprié. Nous prendrons donc une décision à ce sujet dans les prochains jours et les prochaines semaines", a-t-elle assuré. L'ITIA a déjà précisé, quant à elle, qu'elle ne ferait pas appel de la décision.

"L'AMA se saisira de l'affaire uniquement s'ils ont des preuves suffisantes pour la positivité du dosage. Dans ce cas, il y aura des expertises et des contre-expertises", souligne Roger Rua. Toutefois, dans les affaires de dopage, et même dans les cas de contamination involontaire, le sportif reste responsable de ce qui se trouve dans son organisme. Si Jannik Sinner venait à être blanchi, il pourrait demander la réattribution de ses points et de son prize-money. "Et peut-être même des compensations", ajoute Roger Rua.

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