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Bernard Tomic, un diamant à polir

Le jeune Australien (20 ans) a tout pour devenir une star de son sport dans les années à venir. A condition de tempérer un caractère bien trempé. Premier élément de réponse la nuit prochaine contre Roger Federer "himself".
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
 

La relève du tennis australien, c'est lui. Bernard Tomic suscite un engouement démesuré dans un pays sevré de grands titres depuis plus d'une décennie. La dernière victoire d'un représentant de l'île continent dans un Grand Chelem date de Wimbledon 2002 (Lleyton Hewitt). Cette attente est justifiée si l'on s'en tient aux résultats du talentueux Monsieur Tomic.

Le potentiel d'un crack

Vainqueur de l'Australian et de l'US Open chez les juniors ainsi que de l'Orange Bowl dans les trois catégories d'âge, le solide droitier au revers à deux mains (1,96 m pour 91 kg) est attendu comme le loup blanc par les supporters locaux qui voient en lui le digne successeur d'une grande lignée allant de Ken Rosewall à Lleyton Hewitt en passant par Roy Emerson, Rod Laver, John Newcombe, Pat Cash ou Pat Rafter (tous anciens numéro 1 mondiaux). Prometteur, Tomic a toutefois perdu du temps depuis un an après avoir atteint les quarts à Wimbledon en 2011 (à même pas 19 ans). Hormis un huitième de finale à Melbourne l'an dernier (sorti par Federer), ses résultats de 2012 ont franchement déçu.

Il a battu Djokovic

Heureusement pour l'intérêt du premier Majeur de la saison, Tomic s'est ressaisi début janvier en battant Novak Djokovic (6-4, 6-4) à la Hopman Cup puis en remportant le tournoi de Sydney dans la foulée en disposant du Sud-Africain Kevin Anderson en finale. Il a effectué son retour dans le Top 50 (43e) juste avant la grande quinzaine de Melbourne, et son père le voit au sommet de la hiérarchie mondiale dans les deux ou trois ans à venir. Avec sa force de frappe en service et en coup droit, le colosse d'origine yougoslave (ses parents sont originaires de Croatie et de Bosnie) possède à coup sûr les armes pour évoluer dans le Top 10. Pour aller plus haut, il devra dompter ses démons, récurrents, et ses écarts de conduite.

Ecarts de conduite

Condamné pour délit de fuite  et refus d'obtempérer, impliqué dans une bagarre avec un ami dans un jacuzzi,  il a été suspendu de l'équipe de Coupe Davis par une Fédération qui ne sait  plus comment gérer le surdoué natif de Stuttgart. "J'ai connu des hauts et des bas, mais j'ai beaucoup appris", a promis Tomic. "J'apprends toujours, heureusement que je le fais à mon âge et non à 25 ou 28 ans", dit-il à qui veut l'entendre. Sans pouvoir s'empêcher de retomber dans ses travers dès que l'occasion se présente. En l'occurrence par un jeu de répliques "vachardes" avec Federer qui tentait de modérer l'enthousiasme d'un confrère australien montant Tomic très haut: "Pas si vite. On devrait prendre étape par étape et voir ce que ça donne. Tout le monde  veut arriver dans le Top 10. Mais c'est dur. N'oubliez pas à quel point les joueurs du Top 10 sont bons en ce moment", avait averti le Suisse.

Joute verbale avec Federer

"J'aimerais me retrouver dans la position de rencontrer Roger au troisième tour", avait répondu Tomic. "Encore faut-il qu'il y soit!", avait alors gentiment chambré Federer, décidément intransigeant avec le jeune homme. Tenant à avoir le dernier mot –au moins jusqu'au match les opposant, "Bernie" a mis en garde l'homme aux 17 titres du Grand Chelem: "Ce sera difficile pour "Rodgeur" contre Davydenko. Il a déjà perdu contre lui", a-t-il déclaré en omettant le bilan des face à face entre Federer et le Russe (17 à 2 pour le Bâlois). Bernard Tomic deviendra-t-il le premier Australien en finale à Melbourne depuis 2005 (Lleyton Hewitt battu par Marat Safin) voire le premier vainqueur aussie à domicile depuis Mark Edmondson en 1976 ? Rien n'est moins sûr mais il y croit dur comme fer. Et tout un pays féru de tennis avec lui.

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