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Open d'Australie : Ashleigh Barty-Danielle Collins, une finale entre deux joueuses que tout oppose

L'Australienne et l'Américaine ont impressionné pendant les demi-finales, mais n'ont pas grand-chose en commun.

Article rédigé par franceinfo: sport - Maël Russeau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'Australienne Ashleigh Barty (à droite) et l'Américaine Danielle Collins (à gauche), opposées en finale de l'Open d'Australie le 29 janvier 2022. (AFP)

Pour Ashleigh Barty comme pour Danielle Collins, ce sera une grande première que de rentrer sur la Rod Laver Arena pour disputer la finale de l'Open d'Australie, samedi 29 janvier à partir de 9h30. Et c'est bien là l'un de leur seul point commun tant les deux finalistes sont différentes aussi bien dans le jeu que dans leurs personnalités. Une véritable opposition de styles.

"Danimal" contre "Ash"

Leurs surnoms soulignent bien la différence de tempéraments des deux joueuses. "Danimal" illustre parfaitement la fougue et la hargne de Danielle Collins. On la voit sur le court se donner à fond et célébrer les points, et même parfois les fautes directes de ses adversaires, de manière très bruyante. Un caractère bien trempé qui entraîne parfois l'agacement du public mais aussi l'affection de certains fans.

Pour Ashleigh Barty, c'est bien tout le contraire. Sobrement surnommée "Ash", elle est toujours dans la retenue. Une sorte de timidité qui la rend attachante aux yeux du public. En Australie, et sur tout le circuit, elle est très appréciée et énormément respectée pour sa gentillesse et son humilité. À l'issue de sa victoire à Wimbledon en juillet 2021, elle avait expliqué essayer "de vivre au travers des valeurs que mes parents m'ont inculquées. Pour moi, il est plus important d'être une bonne personne qu'une bonne joueuse de tennis." Un caractère qui l'invisibilise. Numéro un mondiale depuis bientôt deux ans et demi, son nom est quasiment inconnu du grand public. Mais attention : derrière la timidité se cache un caractère de championne. À un journaliste qui l'avait piquée sur sa légitimité en tant que n°1 mondiale, elle avait répliqué : "Je n'ai jamais eu quoi que ce soit à prouver à quiconque. (...) Je mérite ma première place."

Jeu agressif contre jeu complet

Leurs caractères se ressentent évidemment dans leurs styles de jeu. L'Américaine est très agressive et joue des coups d'une vitesse impressionnante. Son revers à deux mains puissant a posé énormément de problèmes à ses adversaires durant la quinzaine. "C'est comme un rouleau compresseur, elle est sur sa ligne, elle n'envoie que des 'sachets' dans tous les sens, elle m'a pilonné le coup droit", a analysé Alizé Cornet dans une interview à l'Équipe

De son côté Ashleigh Barty propose un tennis très propre, avec très peu de fautes (seulement 13 en demi-finale contre à Madison Keys). Elle mise sur un jeu complet qu'elle déroule avec précision de manière presque scientifique. L'Australienne s'est montrée imprenable au service à Melbourne, ne perdant qu'une fois son engagement dans tout le tournoi, même si elle ne fait pas partie des plus grandes du circuit (1,66m). "Son service est meilleur que celui de toutes les autres joueuses, son coup droit est le meilleur aussi, et elle se déplace mieux que toutes les autres", résume Mats Wilander, trois fois vainqueur de l'Open d'Australie et consultant pour Eurosport.

Talent précoce contre révélation tardive

Pourtant de trois ans son aînée, Danielle Collins n'est entrée sur le circuit professionnelle qu'en 2016 soit... quatre ans après Ashleigh Barty. La faute à l'avènement précoce de l'Australienne, vainqueur de Wimbledon junior en simple à seulement 15 ans en 2011, mais aussi à l'entrée tardive de Collins sur le circuit WTA. L'Américaine a préféré terminer ses études à l'Université de Virginie. Elle avait tout de même pu goûter aux Grand Chelems avec une invitation à l'US Open en 2014 après son titre NCAA de championne universitaire. Elle avait d'ailleurs pris un set à Simona Halep, alors numéro deux mondiale, avant de s'incliner en trois manches (6-7, 6-1, 6-2).

Mais l'entrée rapide de Barty dans le tennis professionnel ne lui a pas été que bénéfique : victime d'une dépression, l'Australienne s'est retirée du circuit en 2014 pour retourner auprès de sa famille. Après une pige au cricket, sport national australien, elle est revenue au tennis deux ans plus tard et a réalisé notamment une année 2017 flamboyante passant de la 271e à la 17e place au classement mondial. Au même moment, son adversaire du jour disputait seulement sa deuxième saison chez les professionnelles...

Danielle Collins a, elle aussi, connu des problèmes de santé qui ont retardé son ascension. Victime d'endométriose, elle a longtemps bataillé avec des douleurs intenses qui lui ont fait abandonner plusieurs matchs. Opérée au printemps 2021, elle a gagné ses deux premiers titres coup sur coup après s'être débarrassée de sa maladie.

Avantage Barty, mais...

Dans cette finale aux antipodes, la numéro un mondiale part largement favorite. Impressionnante depuis le début du tournoi, elle n'a perdu que 21 jeux en six matchs (3,5 par rencontre en moyenne). "Ash" a su maitriser toutes ses adversaires aux styles de jeu différents. "Je suis heureuse de jouer mon meilleur tennis ici", a-t-elle déclaré à l'issue de sa demi-finale. Elle semble, pour l'instant, être imperméable à la pression de devenir la première australienne à s'imposer à Melbourne depuis Chris O'Neil en 1978. "Je sais que tu peux aller au bout" a tweeté la légende australienne Rod Laver.

Pourtant, Danielle Collins veut y croire et peut compter sur son énergie pour essayer de déstabiliser la favorite dès les premiers points. "Ça va être spectaculaire" a promis l'Américaine après sa victoire face à Iga Swiatek. Une adversaire qu'elle a faite exploser : "Je n'ai jamais eu à jouer de balle aussi rapide en match", a constaté la polonaise, balayée par Collins. Assurée de faire son entrée dans le Top 10 mondial dès lundi, "Danimal" veut marquer le coup en remportant son premier Grand Chelem. Elle pourra s'appuyer sur leur dernière confrontation, déjà en Australie à Adélaïde début 2021, où elle s'était imposée en deux sets (6-3, 6-4). 

L'Américaine devra néanmoins se méfier d'une possible baisse de régime face à une Barty qui ne s'est pas éternisée sur les courts. La numéro un mondial a joué à peine plus de six heures durant la quinzaine (6h02), quatre heure et demi de moins que Collins (10h38).

Infographie. Les chiffres de la finale dames de l'Open d'Australie 2022 (Maël Russeau)

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