Open d'Australie : Dewulf, Verkerk, Cecchinato, Ivanisevic... Comme Karatsev, ils ont créé la surprise en Grand Chelem
• Patrick McEnroe : Open d’Australie 1991
Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas du furieux John McEnroe mais bien de son frère cadet Patrick. Droitier à l’inverse son frère, l’Américain a émergé sur le tard. À 25 ans, il abordait son premier Open d’Australie à la 114e place mondiale en 1991 et s’est offert une épopée des plus inattendues aux antipodes. McEnroe a créé une première surprise dès le troisième tour en sortant son compatriote Jay Berger, tête de série numéro 12 en trois petits sets avant d’enchaîner deux victoires contre l’Australien Mark Woodforde et l’Italien Cristiano Caratti pour filer en demi-finale.
Dans le dernier carré, le niveau monte de plusieurs crans pour l’Américain, opposé à Boris Becker. À l’époque, l’Allemand est à l'apogée de sa carrière. Il pointe à la deuxième place mondiale et compte déjà quatre victoires en Grand Chelem. Mais McEnroe a réussi à surprendre Becker en lui chipant la première manche (7-5) avant que celui-ci ne reprenne l’avantage, déroule lors des trois derniers sets et file en finale soulever pour son premier trophée en Australie. Par la suite, l’Américain n'a plus jamais réussi à atteindre ce niveau de compétition en simple.
• Filip Dewulf : Roland Garros 1997
Filip Dewulf a marqué l’édition 1997 du Grand Chelem français. Le Belge y a atteint les demi-finales après avoir remporté huit matches. Oui, le Flamand, 122e mondial, a dû passer par la case qualifications avant de pouvoir entrer dans le tableau principal du tournoi parisien. Après avoir réussi à se frayer un chemin jusqu’au troisième tour, Dewulf réalise un match dantesque contre l’Espagnol Albert Portas, autre qualifié, terrassé au bout du suspense, 8-6 dans la cinquième manche.
En deuxième semaine, le Belge poursuit sur sa lancée en restant le cauchemar des Ibériques porte d’Auteuil. Il crée l’exploit face à Alex Corretja (8e au classement), grand spécialiste de la terre battue en le dominant en quatre manches. Magnus Norman englouti en quarts, et voilà le Belge dans le dernier carré contre le futur chouchou du public, Gustavo Kuerten. Il fait bonne figure mais cède en quatre manches face au futur vainqueur. Avec cet exploit, Dewulf est devenu, à l'époque, le joueur qualifié ayant atteint le meilleur résultat dans un tournoi du Grand Chelem.
• Goran Ivanisevic : Wimbledon 2001
Il était loin d'être inconnu. Son talent était reconnu. Mais nul ne l'attendait cette année-là. Goran Ivanisevic avait un attachement particulier à Wimbledon. Le gaucher, grand serveur-volleyeur, avait les aptitudes parfaites pour briller sur le gazon londonien, ce qu’il a longtemps fait mais avec beaucoup de frustration. Au sommet de sa carrière, le Croate y a atteint trois fois la finale sans jamais triompher.
Mais en 2001, retombé à la 125e place mondiale, Ivanisevic reçoit une wild-card pour intégrer directement le tableau principal. Sa route est semée d’embûches et pas des moindres. Dès le deuxième tour il se sort des griffes de Thomas Johansson, puis de l’Américain Andy Roddick pour ensuite assommer le local Greg Rusedski en huitième de finale.
En quart, il crée une nouvelle surprise en sortant la tête de série numéro 4, Marat Safin avant d’offrir un duel mémorable contre le chouchou britannique, Tim Henman (n°6), en cinq manches. En finale, le Croate est opposé à un spécialiste du gazon, Patrick Rafter (n°3), finaliste de l’édition précédente.
Le combat est épique et, au bout du suspense, Ivanisevic terrasse l’Australien 9-7 dans la dernière manche pour s'écrouler sur le Center Court et enfin soulever le titre qu’il souhaitait tant. Il est, encore aujourd’hui, le seul vainqueur de Grand Chelem titulaire d’une wild-card. Un exploit retentissant.
• Martin Verkerk : Roland Garros 2003
En arrivant à ses premiers Internationaux de France en 2003, Martin Verkerk était alors 46e mondial et n’avait encore jamais remporté le moindre match en deux participations en Grand Chelem. Mais le Néerlandais crée la sensation en sortant pas moins de quatre têtes de série sur sa route vers la finale. Il se défait d’abord de Vince Spadea (n°29) au troisième tour, Rainer Schüttler (n°11) en huitièmes avant de réaliser deux exploits, coup sur coup.
Le joueur de 24 ans renverse d'abord le vainqueur de l'édition 1998, Carlos Moya (n°4) en quart de finale, 8-6 au cinquième set, avant de dominer largement Guillermo Coria (n°3) en trois manches.
En finale, le Batave affronte un nouveau spécialiste de la surface ocre, finaliste en 2002, l’Espagnol Juan Martin Ferrero. Ce dernier ne tremble face à son adversaire surprise pour remporter en trois sets son unique titre en Grand Chelem.
• Marcos Baghdatis : Open d’Australie 2006
En cette année 2006 qui a sacré la Française Amélie Mauresmo chez les dames, le tableau masculin est marqué par l’arrivée au premier plan d’une nouvelle tête d’affiche. Pour sa deuxième participation à Melbourne, Marcos Baghdatis a offert une magnifique aventure au public australien jusqu’à la finale. 56e joueur mondial en débarquant sur les courts de Melbourne Park, le Chypriote surprend Radek Stepanek (17e) au deuxième tour et l’Américain Andy Roddick (2e) en huitièmes de finale pour se hisser vers son premier quart en Grand Chelem.
Là, débutent pour lui deux combats intenses remportés face à Ivan Ljubicic (7e) et David Nalbandian (4e), contre lequel il était pourtant mené deux sets à zéro. Mais en finale, Baghdatis doit affronter la légende Roger Federer, au sommet de son art. Malgré une première manche remportée 7-5, le Chypriote cède très facilement dans les sets suivants pour s’incliner, comme l’année précédente, face au Suisse à Melbourne. Marcos Baghdatis a confirmé son exploit par la suite en réalisant une demi-finale à Wimbledon lors de cette année qui fût la meilleure de sa carrière.
• Marco Cecchinato : Roland Garros 2018
Après une suspension de deux ans à cause de suspicions autour de paris et matchs truqués, Marco Cecchinato n’a toujours pas gagné en Grand Chelem lorsqu’il arrive à Roland Garros en 2018. L’Italien, 59e mondial, est d'ailleurs à un rien de sortir une nouvelle fois dès le premier tour mais réussit à remonter un handicap de deux sets à zéro face à Marius Copil pour lancer son incroyable quinzaine. Il fait tomber les Français Corentin Moutet et Gaël Monfils puis réalise une superbe partition face à David Goffin (8e) en huitième de finale, en quatre manches.
En quart, Cecchinato a rendez-vous avec un des trois ogres du circuit, Novak Djokovic, redescendu à la 20e place mondial à cause de blessures. L’Italien n'est en rien inhibé par l’événement et renverse le Serbe après un jeu décisif épique dans la cinquième manche remportée 13-11 par le novice. Sa route s'arrête ensuite en demi-finale après une défaite contre l’Autrichien Dominic Thiem. Il peut se vanter d’être le troisième Italien à atteindre le dernier carré d’un majeur depuis 1978.
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