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Open d’Australie : Federer-Nadal, finale de revenants à déguster

Le (très probable) plus grand joueur de l’Histoire et celui qui aspire encore à le devenir vont se disputer ce dimanche à Melbourne le premier Majeur de la saison alors que peu de gens auraient misé sur eux en début de tournoi. Roger Federer tentera de s’adjuger son 5e Open d’Australie pour améliorer son record de titres en Grand Chelem (17). Dans le cas contraire, Rafael Nadal, lauréat du tournoi en 2009 contre son grand rival, pourrait se rapprocher du Maître avec un 15e Majeur. L’opposition de style promet un nouveau grand match entre ces deux légendes.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Roger Federer face à Rafael Nadal, l'un des plus grands duels de l'histoire du tennis

On se croirait revenu à la fin des années 2000 ! Le 35e Federer-Nadal, le 11e ayant pour cadre un tournoi du Grand Chelem (Rafael Nadal mène 9-2), va offrir au monde du tennis un duel vintage que personne ou presque n’osait plus espérer depuis quelques temps. Depuis que le plus beau joueur de l’Histoire et son plus grand challenger semblaient donner l’image de stars déclinantes victimes de blessures les condamnant à jouer les seconds rôles derrière le brelan d’As de 2015-2016 (Djokovic, Murray, Wawrinka).

Nadal: "L'année dernière a été très dure"

 

 

Les fans de la petite balle jaune savourent de voir ces revenants de retour à un niveau digne de leurs grandes années, entre 2005 et 2010. Il y a six mois, Roger Federer venait de mettre fin à sa saison pour soigner son genou. Le Suisse achevait l’année sans titre pour la première fois depuis 2000 et sortait du top 10 ce qui ne lui était pas arrivé depuis octobre 2002.

Rafael Nadal, de son côté, avait attendu la fin octobre pour mettre un terme à une saison tronquée par les blessures et notamment celle au poignet survenue à Roland-Garros. L’Ibère ne terminait pas l’année dans le top 5 pour la première fois depuis 2004 et laissait de gros doutes sur sa capacité à revenir au sommet. "L'année dernière a été très dure. Je me souviens que je pleurais dans la voiture en quittant Paris", a dit l'Espagnol, âgé de 30 ans, qui avait retrouvé un très bon niveau au printemps, gagnant notamment le tournoi sur terre battue de Monte-Carlo.

Complices en vieillissant

Mais Federer et Nadal ne seraient pas ce qu’ils sont sans leur formidable volonté de toujours vouloir s’améliorer. Le Bâlois et le Majorquin ont donc profité d’une intersaison beaucoup plus longue que d’habitude pour se préparer méticuleusement afin de répondre au défi proposer par leurs successeurs. Nadal s’est même adjoint les services de son ami Carlos Moya, ex-lauréat de Roland-Garros, pour le booster dans sa quête d’excellence.

 

 

Les deux compères, rivaux respectueux sur le court, entretiennent des relations amicales l’un envers l’autre. Federer a ainsi répondu avec enthousiasme à l’invitation lancée par Nadal de venir inaugurer son académie du tennis fin octobre à Majorque. Les sourires échangés ce jour-là en disaient autant que les compliments que se lancent les deux ogres du circuit depuis quelques années. Nadal a souvent dit que Federer était le meilleur joueur de tous les temps, et Federer a toujours répliqué qu’affronter Nadal constituait le test ultime pour lui. "Rafa, c'est le plus grand challenge de ma carrière. Je suis son premier fan. C'est un combattant extraordinaire. Nous avons eu des combats épiques".

 

 

"Roger est venu me rendre visite pour l'inauguration de mon académie. Comme il était blessé au genou et moi au poignet, nous n'avons même pas pu faire un match exhibition. Nous avons seulement tapé quelques balles avec des enfants. Jamais nous n'aurions pu prévoir ce qui se passe en ce moment", a confié le nonuple vainqueur du French.

Avantage Federer ?

Les deux hommes vont nous offrir un nouveau chapitre de leur face à face ce dimanche à Melbourne Park. Et toutes les cartes sont redistribuées. L’avantage psychologique pris par Nadal du temps de leur splendeur (6 grandes finales gagnées contre 2 dont 4 sur la terre battue parisienne ce qui explique un peu cette disproportion) ne devrait pas trop peser ce coup-ci. D’abord parce que Nadal n’a plus rencontré Federer en Grand Chelem depuis trois ans (demi-finale gagnée en trois sets ici-même). Ensuite parce que l’Helvète a enlevé le dernier duel à l’automne 2015 chez lui à Bâle. Enfin et surtout car la rapidité de la surface australienne devrait l’aider à installer son jeu offensif et rapide comme il a pu le montrer face à Berdych, Nishikori ou Wawrinka.

 

 

Certes Nadal défend mieux que ces trois joueurs, comme on l’a vu lors de sa formidable demie contre un excellent Grigor Dimitrov, mais Federer, s’il est un peu moins puissant que Dimitrov, possède une vitesse d’exécution à nul autre pareil. Il a retrouvé ses jambes de 20 ans et n’a pas passé énormément de temps sur le court, contrairement à son futur adversaire, harassé par son long combat de vendredi (4h56). "Je l'ai fait en 2009, mais c'est vrai que j'avais huit ans de moins", a souligné Nadal qui avait enchaîné deux succès en cinq manches contre Verdasco puis Federer.

Federer: "J'aime son jeu"

La clef du match ? Encore une fois la capacité de Nadal à retourner le service de Federer, l’arme fatale du Suisse qui lui offre nombre de points gratuits et lui permet de camper dans le terrain. "Jamais je ne pensais aller aussi loin en Australie. C'est magnifique", a expliqué Federer qui se réjouit de retrouver son vieux rival même s’il le redoute : "Il a un jeu complet, il est en confiance, il varie très bien. J'aime son jeu. Il a eu deux ans difficiles, je suis content qu'il soit revenu", a ajouté celui qui pourrait revivre la saveur d’un nouveau triomphe en Grand Chelem, quatre ans et demi après son 7e sacre à Wimbledon. Ce 18e Majeur que (presque) tout le monde du tennis attend et qui le mettrait quasiment hors de portée de la concurrence actuelle (Nadal 14, Djokovic 12).

 

 

Federer, homme de records, pensait probablement davantage au gazon londonien quant à ses chances de (re)scorer au plus haut niveau, à 35 ans. Nadal aussi peut entrer à sa manière dans l’Histoire de son sport. Le Taureau de Manacor pourrait devenir ce dimanche le premier joueur de l’ère open à remporter au moins deux fois chaque Majeur, exploit qu’il avait manqué face à Stan Wawrinka lors de leur finale 2014. En s’offrant un 15e sacre en Grand Chelem, il redeviendrait dangereux pour le record de Federer et pourrait même envisager de le battre avant la fin de sa carrière avec notamment la perspective de la Decima à Roland-Garros.

Ces deux légendes ont déjà laissé leur empreinte sur le tennis du XXIe siècle. S’ils peuvent nous offrir un nouveau récital, comme en finale de Wimbledon 2007 et 2008, ou comme en 2009 à Melbourne, tout le monde sera ravi. Après, comme on dit, que le meilleur gagne !

Nadal mène contre 9-2 contre Federer en Gran​d Chelem

Roland-Garros 2005, demi-finale : Nadal gagne 6-3, 4-6, 6-4, 6-3
Roland-Garros 2006, finale : Nadal, 1-6, 6-1, 6-4, 7-6(4)
Wimbledon 2006, finale : Federer, 6-0, 7-6(5), 6-7(2), 6-3
Roland-Garros 2007, finale: Nadal, 6-3, 4-6, 6-3, 6-4
Wimbledon 2007, finale: Federer, 7-6(7), 4-6, 7-6(3), 2-6, 6-2
Roland-Garros 2008, finale: Nadal, 6-1, 6-3, 6-0
Wimbledon 2008, finale: Nadal, 6-4, 6-4, 6-7(5), 6-7(8), 9-7
Open d’Australie 2009, finale: Nadal, 7-5, 3-6, 7-6(3), 3-6, 6-2
Roland-Garros 2011, finale: Nadal, 7-5, 7-6(3), 5-7, 6-1
Open d’Australie 2012, demi-finale: Nadal, 6-7(5), 6-2, 7-6(5), 6-4
Open d’Australie 2014, demi-finale : Nadal, 7-6(4), 6-3, 6-3

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