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Open d'Australie : Stefanos Tsitsipas a battu Roger Federer à son propre jeu

Une fois n'est pas coutume, Roger Federer a trouvé plus fort que lui dans son propre style de jeu. Stefanos Tsitsipas a produit un tennis offensif et audacieux pour battre le Suisse (6-7, 7-6, 7-5, 7-6).
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (JEWEL SAMAD / AFP)

Ce n’est pas la première fois, et ce ne sera pas non plus la dernière, que Roger Federer s’incline face à un jeune joueur à qui l’on promet sa couronne. Il avait déjà rendu les armes face à Coric, Zverev ou Kyrgios. En revanche, c’est la première fois qu’il le fait en Grand Chelem. Surtout, il n’avait jamais été tant dominé sur son propre terrain de jeu. Stefanos Tsitsipas, en se ruant au filet à la moindre opportunité, en produisant, à quelques nuances près, le même tennis offensif qui a permis au Suisse d’atteindre les sommets, est le premier à réellement reprendre le flambeau de ce tennis champagne que l’on croyait voué à disparaître avec le ralentissement des surfaces. Alors que la planète tennis guette avec crainte le moindre signe de la retraite prochaine de Federer, il était temps. 

Tsitsipas, comme Federer en 2002 ? 

Nous sommes en juillet 2001. Au All England Club, même les invités enrubannés de la Royal Box sont médusés. Le grand Pete Sampras, sept fois vainqueur ici, tête de série numéro 1 vient d’être éjecté par un jeune insouciant, aux cheveux longs et au visage encore boutonneux. Son nom : Roger Federer. A 19 ans, il vient de battre Sampras en cinq sets, en produisant un tennis époustouflant.

En le surpassant au service et à la volée, armes privilégiées de l’Américain. Certes, Sampras est sur la pente déclinante et, même s’il est beaucoup moins âgé que Roger Federer aujourd’hui, l’Américain n’a pas eu la même longévité au plus haut niveau que le Suisse. Mais tout de même. Près de vingt ans après, ce match est encore considéré comme une passation de pouvoir. Parce que Federer avait battu Sampras. Mais surtout parce qu’il l’avait fait dans son jardin, en Grand Chelem, et en le dominant à son propre jeu. 

Ce 20 janvier 2019, Federer est tombé. En huitièmes de finale d’un Grand Chelem. Face à un jeune espoir au tennis offensif et audacieux. Même s’il n’augure en rien des mêmes conséquences, le parallèle est inévitable. Le Grec Tsitsipas a été effarant d’audace et de réussite. Les chiffres parlent pour eux. Il a remporté 78 % des points derrière sa première. 62 coups gagnants (pour 36 fautes directes). Et, probablement le plus évocateur, il est monté 68 fois au filet. Pour 71 % de réussite. A la moindre balle moyenne de Federer, il n’a pas hésité. Coup d’approche, montée bondissante, et, souvent, volée gagnante. Et ça a été le cas sur l’ensemble du match, soit pendant presque 4 heures de jeu. 

Rampe de lancement

Peut-être plus encore que par son tennis, c’est sur son exceptionnelle force mentale qu’il a pu s’appuyer. Comment réussir à ne jamais baisser sa garde, à ne jamais douter ou, au contraire, s’emballer devant l’exploit qui se dessine jeu après jeu ? Sans doute, après le premier set conclu 13-11 au tie-break, Federer s’est-il dit qu’il avait fait le plus dur. Qu’à 20 ans, il était compliqué de tenir un tel niveau de jeu sur trois sets entiers. Sans doute, après les deux sets suivants remportés par Tsitsipas, a-t-il parié sur une inévitable baisse de tension. Ou sur une brèche, creusée par la perspective de la victoire. Nous nous le sommes sans doute tous dit. Mais Tsitsipas a tenu bon. Il n’a pas fait que maintenir son niveau. Il l’a élevé, irrémédiablement, tandis que celui du Suisse baissait tout aussi sûrement. 

Cette victoire ne peut constituer un aboutissement pour Tsitsipas. Tout comme celle de Federer ne devait surtout pas l’être, face à Sampras en 2001. Elle doit être une rampe de lancement. Vers la fin du tournoi d’abord : il devra se défaire de l’insubmersible Bautista Agut au prochain tour, puis éventuellement de Nadal et de Djokovic. Mais aussi vers la suite de la saison et de sa carrière. En 2001, Roger Federer s’était incliné au tour suivant. Avant de remporter son premier Grand Chelem deux ans plus tard, à Wimbledon. 

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