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Repêché de dernière minute et qualifié : Alexandre Müller, la journée de folie

C'est la première grosse surprise du clan français lors de cet Open d'Australie 2021. Alexandre Müller s'est qualifié pour le deuxième tour en dominant l'Argentin Juan Ignacio Landero (4-6, 6-3, 6-0, 6-3) quelques heures seulement après avoir été repêché dans le tableau final, lundi 8 février. Qualifications, quarantaine et beaucoup de patience, le Français a déjà connu bien des choses à Melbourne. Le voilà désormais vainqueur en Grand Chelem pour la première fois de sa carrière.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le Français Alexandre Müller lors du tournoi de Melbourne contre Nick Kyrgios, le 2 février 2021 (WILLIAM WEST / AFP)

Il est près de 14 h à Melbourne, à peine 4 h du matin en France. Alexandre Müller est libéré. Libéré de sa chambre d'hôtel qu'il ne connaît que trop bien. Libéré des longues heures d'attente interminables pour savoir si sa venue en Australie a eu du sens. Sa patience a été récompensée et Müller en a profité. Le joueur de 24 ans s'est qualifié pour le deuxième tour de l'Open d'Australie en dominant Juan Ignacio Landero (4-6, 6-3, 6-0, 6-3), un match qu'il ne devait pourtant pas jouer. 

Le 210e joueur mondial a bénéficié du forfait de dernière minute d'un autre Argentin, Federico Delbonis, pour entrer dans le tableau principal à Melbourne. Le Pisciacais, lucky loser, avait buté au troisième tour des qualifications disputées à Doha contre le Russe Aslan Karatsev. Mais plutôt bien placé sur la liste pour suppléer des absents en fin de semaine dernière, il avait tenté sa chance et s'était rendu en Australie dans l'espoir que les ennuis des uns feraient son bonheur. Richard Gasquet touché au pied, il était en début de matinée à une place peu envieuse, à caresser l'espoir d'un repêchage sans savoir si un nom allait se retirer du tableau. "Je savais juste qu'il y avait pas mal de joueurs qui avaient le ''potentiel'' de se retirer. Mais personne ne le faisait. Je commençais à ne plus trop y croire.​​​​​, a-t-il expliqué dans des propos rapportés par L'Equipe. J'ai appris la nouvelle deux heures avant mon match J'étais très content ! Quand j'ai vu qui je jouais, je savais qu'il y avait une belle opportunité de passer le tour. Je suis heureux de l'avoir saisie. J'avais quand même fait le travail ce matin, si jamais. Et j'étais au restaurant quand quelqu'un de l'ATP m'a envoyé le message pour que je me prépare."

De la moquette de son hôtel au court en dur

L'aventure australe d'Alexandre Müller se résume principalement comme un éloge de la patience. Arrivé de Doha, il a eu le droit, comme les autres joueurs présents dans l'avion en provenance du Qatar, à une longue quarantaine : 15 jours cloitré dans sa chambre, après le test positif d'un passager. Autant de temps passé sans pouvoir se préparer à un tournoi… dont il ne savait pas s'il allait pouvoir le disputer. "Je n'ai pas beaucoup joué au tennis ces derniers temps. À la reprise, j'avais des bobos un peu partout" racontait-il le 2 février dernier à L'Equipe. Entre les 11,90 mètres de dur de Melbourne et le mètre de moquette souple de son hôtel, il y a un grand pas, que Müller a dû réaliser à la hâte.

La semaine passée déjà, le jeune Français avait montré de belles choses face à Nick Kyrgios lors du tournoi de préparation au Majeur australien. Battu dans le tie-break du troisième set, Müller était sorti frustré et un peu rouillé entre des mains endolories et des jambes en plomb. "Dès le premier jour de la reprise, je m'étais fait une grosse ampoule à la main, a-t-il raconté après sa victoire ce lundi. Contre Kyrgios avec un gros strap, c'est passé, je n'avais pas trop mal. Après, on a essayé de me la percer. Ma peau a mal réagi. J'avais un gros bleu sous l'ampoule. Du coup, je pense que je n'ai même pas joué une heure et demie depuis mon match contre Kyrgios."

Contre Landero lundi 8 février, après un échauffement express, le Français n'a pas eu le temps de tergiverser. Il lui a fallu un set pour ajuster la mire, avant de trouver le rythme pour faire déjouer son adversaire. Remarquable de contrôle dans les moments chauds (9/11 sur ses balles de break), Müller a joué totalement relâché. Il a ensuite profité des nombreuses erreurs d'un adversaire qui a totalement perdu le fil de la rencontre – 47 fautes directes – et a fini par passer ses nerfs sur sa raquette. 

Alexandre Müller connaît cette frustration, lui qui avait quitté Roland-Garros en larmes en 2017, passé tout proche d'un exploit pour sa première en Grand Chelem avant de s'effondrer en cinq sets contre le Brésilien Thiago Monteiro. Cette fois, sur le court numéro 6, c'est un grand bonheur qui l'attendait. Lui qui ne s'était plus qualifié dans le grand tableau d'un Majeur depuis Roland-Garros 2019 passe pour la première fois un tour de Grand Chelem, à 24 ans. Il affrontera au tour suivant un client très sérieux et un nouvel Argentin, Diego Schwartzman. La confirmation de ses progrès entrevus il y a deux ans (près de 140 places gagnées au classement ATP) mais freinés par le coronavirus dernièrement. Et déjà la belle histoire de ce début de quinzaine.

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