Sous l'aile d'Amélie Mauresmo, Lucas Pouille reprend son envol
Quand Lucas Pouille, qui a glissé du top 10 aux portes du top 30 en 2018, se tourne vers Amélie Mauresmo au lendemain de la finale de Coupe Davis perdue, les deux ne se connaissent pas vraiment. Lui croit en "son expérience en tant que joueuse et entraîneur". Elle est convaincue par sa "détermination à mettre toutes les chances de son côté pour reprendre son ascension après une période difficile". Un mois et demi aura suffi, de Paris à Melbourne, en passant par Dubaï, Sydney et Perth, pour que la métamorphose saute aux yeux.
Il y a d'abord cette envie retrouvée, qui avait abandonné le joueur de 24 ans depuis de longs mois. Tout comme le sérieux qui va avec. "J'avais lâché en termes de rigueur, d'investissement. J'allais à l'entraînement mais je n'y étais pas vraiment, le travail n'était pas fait comme il devait", reconnaît Pouille, qui ne se sentait "pas très bien personnellement" et évoque une "fatigue mentale". "Quand je suis arrivé à Indian Wells (en mars), je ne pouvais plus voir ni une balle ni une raquette, je n'avais pas envie de jouer. J'ai joué quand même, puis je suis rentré m'entraîner dur pour la Coupe Davis (quart de finale en Italie début avril, ndlr). J'ai donné tout ce que j'avais ce week-end là et après, j'étais un peu perdu, retrace-t-il. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire : m'entraîner, partir en vacances... Je n'appréciais pas vraiment le temps que je passais sur le court. Tu perds un match, un deuxième et ça devient difficile de revenir."
Mauresmo rassurante
Les défaites s'accumulant, Pouille va jusqu'à envisager un break. La perspective de la finale de Coupe Davis l'en dissuade. Il ne va pas mieux pour autant. "Mentalement, c'était très compliqué, j'étais nerveux, le moindre petit truc pouvait m'irriter. Il me tardait de couper", se souvient-il. Il faut ainsi comprendre son choix de faire appel à Mauresmo comme une volonté ferme de se reprendre en main et de trouver des solutions "pour ne pas revivre une année comme celle-là".
Sur le terrain, celle qui a entraîné Andy Murray pendant près de deux ans ouvre trois chantiers : service, retour - "trente à quarante minutes par entraînement" - et justesse dans le jeu. Pouille le répète conférence de presse après conférence de presse, il "travaille dur" depuis l'intersaison. Au service, il s'agit d'avoir un "pourcentage élevé" de premières balles, de travailler précision et variation et non de frapper "systématiquement à 210 km/h". Dans le jeu, l'idée est de devenir "beaucoup plus régulier en fond de court" et d'apprendre à "être patient". "Trouver les bonnes zones au bon moment" et "attendre la bonne balle pour y aller", "ce que je ne faisais pas forcément", admet Pouille.
"Elle a confiance en moi"
Tout début janvier, l'édifice en reconstruction était encore fragile : aucune victoire à la Hopman Cup (compétition par équipes mixtes à Perth), et surtout un match "complètement nul" à Sydney, perdu 6-3, 6-2 face au jeune Russe Andrey Rublev (87e). Mais Pouille tire de la force de la présence de Mauresmo à ses côtés. "Ça m'a rassuré de voir que pour Amélie, ce n'était pas grave, que ça ne changeait rien, qu'elle avait confiance en moi et qu'elle allait continuer. Ça m'a fait du bien", confie-t-il.
Le duo repart illico au travail pour "retrouver immédiatement des bonnes sensations" et "ne pas cogiter". Il en est récompensé dès la semaine suivante à Melbourne avec son premier quart de finale en Grand Chelem depuis l'été 2016. Pouille, y dévoile match après match son nouveau visage. Chassées les "pensées négatives" et la "tête basse", "je m'éclate sur le court, je prends beaucoup de plaisir dans la bagarre", se réjouit-il.
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