Roland-Garros 2022 : blessures, syndrome Müller-Weiss, 36 ans... Comment Rafael Nadal repousse l'inéluctable
Le Majorquin sort de deux combats titanesques de plus de quatre heures contre Félix Auger-Aliassime et Novak Djokovic, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours favori avant sa demi-finale, vendredi.
Depuis près d'un an, le monde du tennis sait que Rafael Nadal connaît un grave problème au pied. En ce vendredi 3 juin, il fête ses 36 ans. Pourtant, l'Espagnol vient de passer plus de 8h30 sur le court lors de ses deux derniers matchs, en renversant coup sur coup un jeune talent de 21 ans, Félix Auger-Aliassime, puis l'une des références physiques (et tennistiques) du circuit, Novak Djokovic. En demi-finales de Roland-Garros, face à Alexander Zverev, il s'est offert le droit de rêver à un nouveau sacre. Envers et contre tout.
Cela paraît si loin. Le 13 mai, Rafael Nadal perdait un huitième de finale à Rome contre Denis Shapovalov (1-6, 7-5, 6-2), après avoir souffert le martyr. "Au milieu du deuxième set, c'est devenu insupportable", confiait le Majorquin à propos de ses douleurs chroniques au pied. Plus de trois semaines après, il est toujours en lice à Paris, pour sa 37e demi-finale en Grand Chelem.
107 victoires à Roland-Garros.
— Roland-Garros (@rolandgarros) May 25, 2022
300 en Grand Chelem.
Rafael Nadal toujours plus dans la légende. #RolandGarros
Rescapé d'un huitième de finale marathon contre Félix Auger-Aliassime, l'Espagnol a été monstrueux contre Novak Djokovic en quarts. À quarante-huit heures d'intervalle, il n'a rien laissé transparaître, ni signe de douleur, ni d'agacement.
"C'est difficile de trouver les bons superlatifs le concernant, s'extasie Paul Quétin, préparateur physique de la Fédération française de tennis. Il arrive à chaque fois à revenir. Sa capacité de récupération impressionne." Même dos au mur, comme contre le Canadien, son acharnement lui permet de renverser des montagnes.
"Il a une générosité dans l’effort, c’est hors du commun, hors de l’ordinaire. Dans son histoire, il a montré que sur des matchs longs, même en étant blessé, sans forcément le dire, il était là. D’un point de vue de la force mentale, de la capacité et de l’endurance physique, c’est un modèle sur ces vingt dernières années", schématise Paul Quétin. "J'ai quand même énormément d'expérience dans ce domaine", ne cachait pas l'intéressé dans la nuit de mardi à mercredi.
"Il est plutôt bien entouré, je le vois avec le même 'physio' depuis des années. Cela montre bien qu'il est dans une logique de récupération, plutôt que de développement de ses qualités physiques."
Paul Quétin, préparateur physique de la FFTà franceinfo: sport
Le préparateur physique, qui a officié en équipe de France de Coupe Davis et de Fed Cup, détaille une anecdote qui a valeur de symbole de cette gestion minutieuse : "Dans la salle d’échauffement du Chatrier, il y a une machine à quadriceps, et c’est quasiment celle de Nadal. Il est tout le temps dessus", sourit Paul Quétin. Malgré cela, son corps fatigue : des douleurs pectorales ont ruiné sa finale contre Taylor Fritz à Indian Wells, et une fissure à une côte début mars l'a éloigné des courts pour un mois.
"Après ce tournoi, je ne sais pas ce qui va se passer"
Plus les tours passent, plus l'ex-numéro 1 mondial laisse planer le doute quant à son avenir. "Après ce tournoi, je ne sais pas ce qui va se passer", a-t-il encore martelé mardi soir. L'Espagnol est sérieusement handicapé par le syndrome de Müller-Weiss, une pathologie dégénérative qui touche son pied gauche et rend son avenir incertain.
"Il existe différents stades de gravité, explique Gilbert Versier, chirurgien orthopédique à la Clinique Drouot de Paris. De toute évidence, il ne s'agit pas d'un grade avancé, sinon il ne pourrait pas jouer à un tel niveau. On voit aussi qu’il fait ses meilleures performances sur terre battue. Cela se comprend, car comme il glisse, il y a beaucoup moins de contraintes sur son pied."
Incurable, cette pathologie pourrait mettre fin à sa carrière. Même après une opération en septembre dernier, son pied gauche reste douloureux. Cela ne l'a pas empêché de remporter fin janvier un 21e titre du Grand Chelem à Melbourne, un record. "Si nous n'arrivons pas à trouver une amélioration, ce sera extrêmement dur pour moi", a rappelé Nadal après son match contre Djokovic. L'an passé, "Rafa" avait mis un terme à sa saison dès le mois d'août, manquant l'US Open. Tiendra-t-il la cadence d'une saison longue de dix mois ? Les doutes persistent.
L'Espagnol n'a jamais été aussi de proche de remporter son 22e titre en Majeur. S'il bat Alexander Zverev en demi-finales vendredi, il disputera sa 14e finale porte d'Auteuil. Il n'en a jamais perdu une seule.
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