Roland-Garros 2023 : Rafael Nadal "ne sait pas quand il pourra rejouer, il n'est même pas sûr de pouvoir le faire", estime Arnaud Clément
Reverra-t-on Rafael Nadal au plus haut niveau à Paris ? Après avoir manqué tout le début de la saison sur terre battue, le champion espagnol a officialisé son forfait pour l'édition 2023 de Roland-Garros, jeudi 18 mai. Il en a profité pour annoncer une pause loin des courts lors des mois à venir. Pour lui, l'objectif est de retrouver la forme, et de se projeter vers l'année prochaine, "probablement" la dernière saison de sa carrière. Pour Arnaud Clément, consultant franceinfo: sport, entre les blessures, l'âge, et les évolutions dans sa vie privée, l'Espagnol "est en train d'accepter que la page se tourne".
Franceinfo: sport : après l'annonce du forfait de Rafael Nadal pour l'édition 2023 de Roland-Garros, quelles sont les chances de le revoir à haut niveau à Paris ?
Arnaud Clément : Ce forfait pose beaucoup de questions. Pourra-t-il continuer, est-il contraint par ce problème au pied qu'il a depuis des années et qu'il a réussi à gérer sans doute une dernière fois l'année dernière à Roland-Garros ? Peut-il encore trouver des solutions ? C'est compliqué à dire, mais ce forfait est forcément inquiétant pour la suite de sa carrière. On l'a senti lors de sa prise de parole, actuellement il ne peut pas jouer, il ne sait pas quand il pourra rejouer, il n'est même pas sûr de pouvoir rejouer.
Ce n'est pas sûr qu'il puisse se remettre de sa dernière blessure, après avoir déjà souffert à Roland-Garros l'année dernière ?
Il y a son souci au pied, qui est très problématique, parce qu'il l'a depuis très longtemps, et on sait que c'est quelque chose qui ne s'arrange pas, même s'il y a beaucoup de progrès dans le domaine de la santé aujourd'hui. Mais même si on enlève cette blessure au pied et qu'on regarde ses dernières saisons, on voit qu'il a eu d'autres problèmes physiques, de manière assez régulière. Il a subi des blessures pendant toute sa carrière, parfois sur des longues périodes, mais quand il revenait, c'était tout de suite très fort, ce qui n'est plus le cas.
Avec l'âge, c'est aussi plus compliqué pour son organisme de récupérer pour tenir le rythme du haut niveau ?
Là, on voit que la récupération sur des blessures qui ne sont pas très importantes est très longue. Son corps met plus de temps avant de revenir à 90 ou 100%, c'est normal. Quand on reprend après une période d'arrêt, il faut faire attention à reprendre doucement pour ne pas se faire mal ailleurs. C'est souvent un cercle vicieux quand on commence à se blesser à cet âge-là, c'est difficile de retrouver une stabilité physique sur une longue période.
Sa vie a aussi changé sur le plan personnel, notamment avec la naissance de son premier enfant. Cela change les priorités pour lui ?
Le fait d'être jeune papa rentre en compte, ce sont des choses qui peuvent jouer, il y a d'autres éléments qui prennent de l'importance. C'est aussi le sentiment qui est ressorti de sa conférence, il a plein d'autres choses dans sa vie, il est en train d'accepter que la page se tourne.
Peut-il aussi sentir la concurrence de la jeune génération, et se dire qu'il est temps de tourner la page ?
Au contraire, je crois que ce sont des challenges super excitants de voir les jeunes très doués qui arrivent. Aller se jauger contre eux et les battre, c'est une source de motivation. Une partie de sa carrière a été construite par rapport à l'adversité qu'il a rencontrée, c'est aussi ça qui l'a fait grandir et qui l'a amené à l'excellence. D'avoir aujourd'hui un Carlos Alcaraz, un Holger Rune qui sortent du lot, c'est hyper excitant pour lui, cela donne des perspectives de jouer ces grandes rencontres. On a encore envie de voir un Nadal-Alcaraz, par exemple, et je crois que lui aussi a encore envie de jouer ce genre de matchs en étant compétitif.
La retraite de son grand rival Roger Federer il y a quelques mois a-t-elle pu changer les choses pour lui, le faire réfléchir ?
Je ne crois pas. C'est vrai que Roger Federer n'est plus là, mais il reste encore Novak Djokovic, par exemple. Rafael Nadal, c'est le genre de joueur qui continuera de s'aligner tant qu'il se sentira capable de gagner un Grand Chelem. La question est de savoir jusqu'à quand il le sentira.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.