Cet article date de plus de quatre ans.

Roland-Garros : Rafael Nadal, 100 victoires et 5 moments clés

En battant Novak Djokovic en finale ce dimanche, Rafael Nadal a atteint le chiffre pharaonique de 100 victoires à Roland-Garros. Pour seulement 2 défaites. Un ratio irréel dont il n'est pas facile d'extraire cinq rencontres. On a pourtant essayé. Quels sont les matchs les plus marquants, les plus émouvants, les plus historiques ?
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
20e Grand Chelem pour Rafael Nadal (THOMAS SAMSON / AFP)

Le match du premier titre : Finale 2005 contre Mariano Puerta

On n'oublie jamais une première fois. C'est vrai aussi en tennis, surtout quand cela se passe en finale d'un tournoi du Grand Chelem. C'est donc face à Mariano Puerta, sans doute l'adversaire le moins huppé de tous ceux qu'il a rencontrés pour le titre, que la légende va naître. Mais l'accouchement ne se fera pas sans douleur. Du haut de ses 19 ans, Nadal n'a pas encore le bagage complet qu'on lui connait aujourd'hui. Il ne fait que défendre, ou presque, mais il le fait tellement bien. En face, Puerta tape sur tout ce qui bouge avec une violence inouïe et le bras de fer atteint des niveaux que l'on ne retrouvera que très rarement lors des finales suivantes du Majorquin. Au bout de 3h24 d'un combat d'une extrême férocité (6-7 [6-8], 6-3, 6-1, 7-5), Nadal entre dans l'histoire en devenant l'unique vainqueur d'un Grand Chelem âgé de moins de 20 ans sur les 30 dernières années. Pour sa première participation au "French", il signe un coup de maître. Le premier d'une longue série. Et tout ça en tenue de plagiste, marcel fluo et pantacourt. Cela vous pose un homme. 

Le match où un Français a fait trembler Nadal : 3e tour 2006

Nadal a régulièrement, et  méthodiquement, concassé de nombreux joueurs français qui se trouvaient sur sa route, sans que le public de la Porte d'Auteuil ne lui en tienne rigueur d'ailleurs. Pourtant, au début du règne du souverain d'Espagne, un jeune Tricolore se dresse et accepte le combat. Pendant 4h53, Paul-Henri Mathieu rend coup pour coup à Nadal, qui a enfin trouvé à qui parler en matière de lift. La gifle de coup droit de l'Alsacien repoussa Nadal dans les bâches mais, même repoussé aussi loin, le gaucher finit toujours par trouver la faille. Au terme du match en 4 sets le plus long de l'histoire du tournoi (5-7, 6-4, 6-4, 6-4), Paul-Henri Mathieu était encore sonné par la puissance dégagée par le vainqueur :  "Il court partout, on a l’impression qu’il ne se fatigue jamais. Il vient peut-être d’une autre planète… En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il est né différent. Il a un physique surhumain, celui qui lui collera trois sets à zéro sur terre battue n’est pas encore né".

Le match où Federer s'est vraiment senti impuissant : Finale 2008

Certes, Roger Federer n'a jamais battu Rafael Nadal à Roland-Garros, mais il n'en a jamais été aussi loin que ce dimanche de 2008. Cette année-là, plus encore que les autres, le Taureau de Manacor encorne tout ce qui bouge. Tout Roger Federer qu'il est, le numéro 1 mondial n'échappera pas à la correction et c'est Nadal qui repart avec la queue et les deux oreilles. Après une démonstration lors de la première manche, bouclée 6-1, le Suisse s'accroche jusqu'à 3-3 dans le deuxième set. Il ne le sait pas encore, le public non plus, mais il ne marquera plus un seul jeu ! Il n'y a rien à faire, le lift de l'Espagnol sur le revers à une main de Roger est une torture pour les yeux. En 1h48, Nadal remporte la finale la 2e plus rapide de l'histoire (6-1, 6-3, 6-0) et surtout il marque des points psychologiques qui compteront certainement beaucoup quelques semaines plus tard quand, bardé de confiance, il s'imposera en finale de Wimbledon, dans le jardin de son rival. 

Le match où le roi est tombé : Huitième de finale 2009

Tout a été dit et écrit sur ce match. L'expression "tremblement de terre" a été la plus souvent ressortie et Robin Soderling, désormais retraité, déclarait il y peu que "pas une semaine ne se passait sans qu'on lui reparle de ce match". C'est dire si ce huitième de finale a marqué les esprits. Et pour cause : c'est sans nul doute l'une des plus grandes surprises de l'histoire de ce sport. Robin Soderling, donc, celui-là même qui n'avait inscrit qu'un jeu à Rome face à Nadal quelques semaines plus tôt, dispute le match de sa vie face au quadruple tenant du titre. Le Suédois fait partie des joueurs qui ont le jeu pour inquiéter Nadal : gros service, gros coup droit. Mais il y a une différence entre inquiéter et battre. Pourtant, encouragé par le public qui a pris fait et cause pour l'outsider, Soderling réalise l'impensable en quatre manches : 6-2, 6-7, 6-4, 7-6. Le roi est à terre mais il se relèvera. 

Le match qui a fait rentrer Nadal (encore un peu plus) dans l'histoire : Finale 2020 

Ce match rentre dans cette liste car il est encore tout frais et parce que jamais l'Espagnol n'a semblé aussi fort. Même à 34 ans, Même face à Novak Djokovic, le numéro 1 mondial. Le Serbe est apparu démuni comme jamais face à son éternel rival (6-0, 6-2, 7-5). Ce n'est donc pas pour son intensité mais pour sa perfection, côté Nadal, qu'il mérite de faire partie du Panthéon personnel des matchs de "Rafa" à Roland-Garros. C'est aussi bien sûr pour toute la dimension historique qui l'entoure. Le tournoi s'est  disputé dans des conditions sanitaires évidemment exceptionnelles et la finale a eu lieu, pour la première fois, sous un toit. Et puis il y a enfin toute la symbolique, écrasante, de ces trois chiffres : Avec ce succès, Nadal décroche un treizième titre à Roland-Garros, signant au passage sa 100e victoire en simple et il égale aussi le record de Grands Chelems de Roger Federer (20). Surhumain. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.