Interview Federer, Safin, la une de "Tennis Magazine"... Richard Gasquet, qui prendra sa retraite en 2025, revient sur sa longue carrière

Le tennisman français a annoncé début octobre qu'il prendrait sa retraite l'an prochain, après Roland-Garros. Il revient samedi, au micro de franceinfo, sur sa longue et prolifique carrière.
Article rédigé par Fabrice Abgrall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Richard Gasquet lors du deuxième tour de l'US Open face à Miomir Kecmanovic, le 1er septembre 2022. (SARAH STIER / Getty Images via AFP)

Son revers a fait rêver des milliers de fans de tennis. Richard Gasquet va tirer l'an prochain un trait sur une carrière longue de plus de 20 ans, entre coups d'éclat et espoirs déçus. Le Français, âgé de 38 ans, a annoncé en octobre qu'il raccrocherait ses raquettes après l'édition 2025 de Roland-Garros, devant le public parisien qui l'a tant aimé. Richard Gasquet, trois fois demi-finaliste en Grand Chelem (deux fois à Wimbledon et une fois à l'US Open) et vainqueur de la Coupe Davis en 2017 avec l'équipe de France, a atteint la 8e place mondiale en 2007.

Le tennisman, qui bénéficie d'une invitation pour le Masters 1000 de Paris-Bercy, a accepté de revenir sur les moments marquants de sa carrière, samedi 26 octobre sur franceinfo.

franceinfo : Pourquoi s'arrêter après Roland-Garros ?

Richard Gasquet : En début d'année, même si j'étais dans les 100 premiers [au classement ATP], je m'étais dit que je n'avais pas envie de finir sur le Roland-Garros 2024, donc ça me paraissait normal de finir sur celui de 2025. Je pense qu'il n'y a pas mieux que finir à Paris et à Roland-Garros, donc c'était quelque chose de naturel. C'est dans la réflexion pour moi de finir là-bas. J'ai la chance déjà d'avoir pu jouer autant de temps à haut niveau, autant d'années. J'aurai 39 ans, c'est assez rare de s'arrêter à cet âge-là.

La motivation est toujours là. Est-ce que c'est le physique qui vous pousse à arrêter ?

Si je pouvais jouer dix ans encore, je le ferais. Après, c'est le sport, c'est l'âge, c'est la fatigue, l'usure qui fait que, à 38 ans tu n'es pas le même qu'à 28. C'est totalement naturel et c'est pour ça que les joueurs s'arrêtent. Mais j'ai la chance quand même de pouvoir m'arrêter assez tard. Quand j'ai commencé ma carrière, on s'arrêtait à 30 ans, c'était déjà le bout du monde. Donc aujourd'hui, les joueurs arrêtent plus tard et c'est fou de se dire que je vais m'arrêter à 39 ans. C'est quand même très âgé.

Vingt-trois ans de carrière, c'est une longévité incroyable. Vous vous rendez compte de ce que vous avez réussi à faire malgré tout ?

J'ai commencé en 2002, je vois les images sur YouTube, je tombe dessus et parfois, je ne me reconnais pas. C'était en 2002 à Monaco, je vais m'arrêter en 2025, donc c'est sûr que je peux difficilement commencer plus tôt et finir plus vieux. Je suis allé assez loin, que ce soit au début et à la fin.

Seize titres remportés, une Coupe Davis, des demi-finales en Grand Chelem. Est-ce que vous pensez sincèrement que vous auriez pu faire mieux ?

On peut toujours faire mieux, après j'aurais pu faire bien pire aussi. Je suis heureux de la carrière que j'ai eue. J'aurais signé en tout cas quand je me suis retrouvé à Monaco en 2002, si j'avais pu faire ça et finir en 2025. Faire des Grands Chelems, jouer des Coupe Davis, médaillé olympique [médaille de bronze en double avec Julien Benneteau aux JO de Londres, en 2012] : j'aurais signé, sans aucun doute.

"Est-ce que j'aurais voulu faire mieux ? Oui, je ne vais pas dire le contraire."

Richard Gasquet

franceinfo

On revient toujours sur cette fameuse une de "Tennis Magazine", où vous faites la une à l'âge de 9 ans, avec en titre "Le champion que la France attend". Ça vous a gêné dans votre carrière, parce qu'il a fallu confirmer derrière et que c'était compliqué pour vous ?

C'est difficile, ça n'aide pas. Quand tu es jeune, tu as besoin de te construire avec pas trop de lumière sur soi. En France, c'est vrai que c'est décuplé puisqu'on n'a pas de vainqueur de Grand Chelem depuis longtemps. C'est sûr que c'était une pression particulière. Quand j'ai fait la une de Tennis Magazine, je ne pensais pas faire huit pages du magazine. Je t'avoue que j'étais totalement étonné car c'était un truc irréel pour moi, irrationnel même. Mais le journal avait prévu ça en tout cas. On en a beaucoup parlé.

S'il y avait un seul regret, ce serait lequel ?

C'est difficile à dire, mais c'est certainement quand tu ne gagnes pas de Grand Chelem. Mais quand je regarde les mecs que j'ai pu jouer en demi-finales, leur niveau de jeu et à chaque fois les matchs qu'il y a eus, je n'avais pas beaucoup de regrets à avoir. Il y a tellement de joie et tellement de satisfaction par rapport à ce que j'ai pu faire, la balance penche largement plus de ce côté-là que du côté regret. C'est fabuleux ce que j'ai pu réaliser et ce que j'ai pu vivre grâce au tennis.

Le meilleur souvenir, s'il devait y avoir qu'un seul, c'est lequel ?

Federer quand même à Monaco, à 19 ans, parce que j'étais 101ᵉ mondial [Gasquet a éliminé le Suisse en quarts de finale du tournoi de Monte-Carlo en 2005]. J'étais tout jeune, lui était numéro un.

Quand j'ai pu jouer Marat Safin aussi, c'était une légende du tennis [Safin a remporté deux tournois du Grand Chelem et a été numéro 1 mondial]. Quand tu sors de l'enfance et que tu te retrouves à l'adolescence à jouer un mec comme ça... ça fait partie de mon plus grand souvenir. C'est plus fort que des victoires ou des défaites, ou des demi-finales de Grand Chelem, ou même que des victoires de Coupe Davis ou une médaille olympique. C'était une légende, j'ai quand même des émotions qui sont fortes quand je repense à ça.

Comment vous voyez votre avenir, vous allez rester dans le tennis ?

Oui, je vais rester dans le tennis, c'est ce que j'ai envie de faire, aider des jeunes à se retrouver dans ces situations-là. Avec Gaël (Monfils) et Jo(-Wilfried Tsonga), on sait quand même ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire aussi, on a aussi fait des erreurs. Ce sont des choses qui sont importantes pour moi, d'aider des mecs à atteindre un grand niveau, celui qu'on a pu avoir, voire mieux.

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