Retraite de Richard Gasquet : "Son tennis fait rêver", estime son ancien coéquipier et capitaine Arnaud Clément

Richard Gasquet a annoncé jeudi qu'il prendra sa retraite après Roland-Garros 2025. Arnaud Clément qui l'a longtemps côtoyé, revient sur sa longue carrière.
Article rédigé par Justin Schroeder
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Richard Gasquet en finale de la Coupe Davis contre la Suisse, soutenu par son capitaine Arnaud Clément, le 23 novembre 2014, au stade Pierre-Mauroy de Lille. (JULIEN CROSNIER / DPPI MEDIA)

C'est une des légendes du tennis français qui va quitter le circuit. Après plus de 1000 matchs et 23 ans de carrière professionnelle, le tennisman français Richard Gasquet a annoncé, jeudi 10 octobre, sa décision de prendre sa retraite après le tournoi de Roland-Garros au printemps 2025. Ancien coéquipier, adversaire puis capitaine du Biterrois en Coupe Davis, Arnaud Clément a vu l'ex-numéro 7 mondial évoluer tout au long de sa carrière. Notre consultant pour franceinfo: sport revient sur la riche carrière de Richard Gasquet.

Franceinfo: sport : Richard Gasquet a été très rapidement médiatisé, dès son plus jeune âge. À quel moment avez-vous entendu parler de lui ?

Arnaud Clément : La première fois, c'était dans Tennis Magazine (1996). Entre le moment où ils parlent d'un gamin de neuf ans et celui où il joue son premier match à Monte-Carlo (2002), il ne s'est pas passé beaucoup de temps. C'était assez incroyable de voir un jeune Français jouer à ce niveau.

Vous avez ensuite joué contre lui, mais aussi avec lui en Coupe Davis (2006, 2007 et 2008). Quel type de joueur était-il à cette époque ?

C'était un joueur qui savait tout faire, et c'est ce qui le rendait difficile à affronter. Il avait une vision du jeu exceptionnelle, c'était un amoureux du jeu. Il aimait les amorties, les coups croisés, les lobs… Il prenait toujours beaucoup de plaisir à exploiter tous les coups qu'il avait dans sa palette. Un joueur extrêmement plaisant à voir jouer, avec un style unique. Le revers était sa signature, sans aucun doute, mais Richard Gasquet, ce n'est pas seulement le revers. Quand tout fonctionnait pour lui, il devenait intouchable.

Vous avez ensuite été son capitaine en Coupe Davis (de 2012 à 2015). Comment était-il en équipe de France ?

Il vivait ses matchs de Coupe Davis avec beaucoup d'intensité, de tension et d'envie. Il avait besoin de se sentir parfaitement en confiance. Il se sentait toujours très responsable, peut-être un peu trop parfois, comme si tout reposait sur lui. Cela a parfois été difficile pour lui, et il n'a pas toujours réussi à se libérer en s'appuyant davantage sur ses coéquipiers ou son capitaine. Mais sur le terrain, il a toujours tout donné et a été irréprochable.

Qu'est-ce qui a manqué à Richard Gasquet pour se hisser en finale de Grand Chelem ou remporter un Majeur ?

Il était simplement un peu moins fort. S'il n'a pas réussi à le faire, c'est parce qu'il y avait, à ces moments-là, des joueurs meilleurs que lui. Richard a toujours été un travailleur acharné, très professionnel. Il a tout donné pendant plus de vingt ans. Mais dans sa génération, certains joueurs étaient quasiment imbattables dans les derniers tours des Grands Chelems.

A Roland-Garros, la saison prochaine, Richard Gasquet aura 23 années de carrière professionnelle derrière lui. Comment expliquer une telle longévité ?

C'est assez incroyable. À mon époque, quand j'ai commencé ma carrière, peu de joueurs passaient la trentaine. Les progrès en matière de nutrition, de gestion physique et de prévention des blessures permettent aujourd'hui de jouer plus longtemps. Mais ce qui compte surtout, c'est la passion et l'envie. Richard aime encore jouer. S'il était 50e mondial, il continuerait. Sans cette flamme, il aurait arrêté depuis longtemps.

Quel est l'héritage de Richard Gasquet dans le tennis français ?

Il a énormément apporté. Par son palmarès, son rayonnement et la qualité de son jeu. On retiendra sa médaille olympique en double (à Londres en 2012 avec Julien Benneteau). Il a aussi ramené une Coupe Davis (2017). Il a été un modèle pour les plus jeunes, un exemple à suivre. Beaucoup de jeunes ont eu envie de jouer au tennis, et de jouer comme lui. Son tennis fait rêver.

L'ancien numéro 7 mondial a annoncé sa retraite six mois avant de tirer sa révérence. Est-ce le bon timing, selon vous ?

Il a certainement envie de jouer une dernière fois à Bercy et à Roland-Garros, des tournois qui ont beaucoup compté dans sa carrière. Il l'annonce avant Bercy, et je pense qu'il mériterait une invitation dans le tableau. Il serait capable de gagner quelques matchs (rires).

Il pourrait ensuite se tourner vers une carrière de coach. Cela vous étonnerait-il ?

Non, Richard adore le tennis. Il regarde les matchs et a des analyses très claires sur ce qu'il faut faire. Il a joué à un tel niveau que devenir coach serait une évolution logique. Je suis persuadé qu'il serait excellent. Je l'ai souvent vu ces dernières années jouer avec de très jeunes joueurs, avec le plaisir d'échanger pendant et après l'entraînement. La transmission lui irait bien, j'en suis sûr.

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