Qui reste-t-il de rock'n'roll à Roland-Garros ?
On peut trouver lisses Nadal, Federer et Djokovic, qui s'envoient des fleurs par presse interposée. Heureusement, les Maverick du tennis sont là.
L'esprit de Marat Safin et de John McEnroe n'est pas mort. Si les tennismen rock'n'roll ont déserté le haut du classement ATP, quelques dignes représentants de l'esprit Maverick du tennis sont toujours là. Portraits de trois d'entre eux, qui fouleront les courts mercredi 29 mai.
Benoît Paire, junk food et beau jeu
Il n'y a pas que le sprinteur Christophe Lemaître qui continue d'avoir les goûts d'un ado de 14 ans même arrivé au plus haut niveau. "Aller au resto avec Benoît Paire, c'est un enfer, explique son ami, le tennisman suisse Stanislas Wavrinka, dans L'Equipe. Pâtes, pizza, burger sans sauce, à part ça, il n'aime rien. A Tokyo, jamais il n'a voulu goûter des sushis." Au point que Benoît Paire, considéré comme l'une des deux chances françaises sérieuses à Roland-Garros avec Tsonga, a tweeté une photo de pizza avant d'affronter Rafael Nadal en demi-finale à Barcelone.
Ce soir c est repas dans la chambre pour bien se reposer après une longue journée!!!! twitter.com/benoitpaire/st…
— paire benoit (@benoitpaire) 25 avril 2013
Avec la petite récompense après le match, malgré la défaite.
Un petit plaisir!!!!!! twitter.com/benoitpaire/st…
— paire benoit (@benoitpaire) 26 avril 2013
Sa petite amie l'avoue : "Il adore mes pommes de terre sautées." Et de Barcelone, Benoît Paire retient surtout... une visite gastronomique, encore.
Petit passage au JAMON IBERICO!!!! @erogervasselin twitter.com/benoitpaire/st…
— paire benoit (@benoitpaire) 25 avril 2013
Benoît Paire n'est pas qu'un estomac, c'est aussi un sacré caractère. Capable de perdre sa concentration pendant un match sous le coup de l'énervement, viré de la fédération, il a trouvé l'entraîneur idoine en la personne de Lionel Zimbler, qui sait décrypter ses TOC et calmer son caractère volcanique.
L'entraîneur a ainsi découvert que Benoît Paire ne supporte pas de louper un coup ou de mal jouer devant un public, ce qui le déconcentrait totalement. Le joueur se soigne petit à petit. D'où l'accession à la 26e place mondiale, le meilleur classement de sa carrière. "Je progresse à mon rythme, pas à pas, explique-t-il à Eurosport. Tout le monde, les journalistes, trouvent que ça ne va pas assez vite, mais j'étais un peu feignant sur le court, avant !"
Le chroniqueur du journal italien Gazzetta dello Sport lui a tressé des louanges avant le début de Roland-Garros : "Les passionnés qui veulent s’évader un peu du tennis monotone d’aujourd’hui viennent de trouver leur porte-drapeau avec Benoît Paire."
Ernests Gulbis, l'Actors studio
Ernests Gulbis, qui doit son prénom au romancier américain Ernest Hemingway, vient d'une famille célèbre en Lettonie. Papa est banquier d'affaires et prête au fiston son jet privé, Maman est actrice, et chez les grands-parents, on a percé dans le cinéma ou dans le basket. Bref, ce n'est pas l'appât du gain qui le motive. "Je ne joue pas au tennis pour l'argent, mais j'ai besoin de travailler. Je ne veux pas vivre aux crochets des autres", explique-t-il au New York Times (en anglais). Il joue d'une façon bien particulière : "J'ai fait l'acteur toute ma vie sur un court de tennis, donc quand j'arrêterai, j'arrêterai de jouer la comédie."
Voir un Gulbis des grands jours sur le court ne s'oublie pas. Le Letton est diaboliquement doué, mais beaucoup, beaucoup trop inconstant pour prétendre titiller les tout meilleurs. La courbe de son classement ATP est sinusoïdale, entre la 120e et la 24e place mondiale. Quand il bat Federer, après sa septième balle de match, il explique aux journalistes : "J'ai fait dans mon slip." Quand il s'incline contre Nadal, en demi-finale à Madrid, il fanfaronne : "J'étais le meilleur joueur sur le terrain."
Marcos Baghdatis, un faux air de Marat Safin
Le truc de Marcos Baghdatis, c'est l'Open d'Australie. Le grand Chypriote s'y est révélé en 2006, en atteignant la finale malgré un classement abyssal. L'an passé, il s'est rappelé à notre bon souvenir en brisant quatre raquettes à la suite, un record dans sa catégorie. Un hommage à Marat Safin, recordman du nombre de raquettes cassées sur le circuit ?
Ce n'est pas le seul geste que Baghdatis a piqué aux cadors : il a ainsi copié le tic d'avant service de Roger Federer. "Je fais passer la balle entre les jambes avant de servir. Je le fais depuis 2002, après l’Open d’Australie, quand j’étais revenu pour l’entraînement à Paris. J’avais vu Federer le faire", expliquait-il dans L'Equipe Magazine en 2006.
Comme Benoît Paire, son adversaire du jour, il a eu un problème avec la nourriture. Exit les grillades, bienvenue aux plats à la vapeur et aux céréales pour ingurgiter ses 3 100 calories quotidiennes. Ce qui n'empêche pas le Chypriote d'être régulièrement blessé. Au tout début de son livre, Open (en anglais), Andre Agassi raconte ce qu'il croit être le dernier match de sa carrière, à l'US Open 2006. L'Américain a le dos bloqué, n'arrive plus à courir, mais parvient par miracle à se défaire de Baghdatis en cinq sets serrés. Les deux éclopés se retrouvent sur la table de massage. C'est le Chypriote qui fait peine à voir à côté du champion américain, de quinze ans son aîné, qui pourtant avait besoin d'aide pour sortir de son lit le matin.
Bonus : le joueur serbe Viktor Troicki a un grand avenir dans sa catégorie, après avoir fait un cinéma de cinq minutes pour contester un point, convoquant les caméras de télévision pour crier son bon droit. Il a même... réussi à énerver Gulbis, qu'il affrontait ce jour-là.
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