Un tennisman dans sa bulle : pour Pierre-Hugues Herbert, pas de confinement sans guitare
Pendant toute la durée de l'Open d'Australie, Pierre-Hugues Herbert tient son journal de bord sur franceinfo. Dans ce quatrième volet, il raconte sa première semaine en Australie. Et sa joie de pouvoir jouer de la guitare dans sa chambre d'hôtel pour passer le temps entre les séances d'entraînement.
L’Open d’Australie, premier tournoi du Grand Chelem de la saison en tennis doit se tenir 8 au 21 février prochain. Les joueurs souhaitant y participier devaient impérativement arriver à Melbourne mi-janvier, puis respecter un confinement strict de 15 jours, dans un hôtel de Melbourne qui leur est entièrement réservé. Ils ne peuvent sortir de leur chambre que cinq heures par jour pour aller s’entraîner, sur le site du tournoi. Après six jours sur place, Pierre-Hugues Herbert raconte son quotidien. Entre les entraînements dédiés au tennis, il n'hésite pas à jouer de la guitare pour passer le temps.
franceinfo : Cela fait six jours maintenant que vous êtes à Melbourne, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Pierre-Hugues Hebert : Très sincèrement, ça fait une énorme différence de pouvoir sortir cinq heures par jour, aller s'entraîner pour faire deux heures de tennis, une heure et demie de physique et ensuite être dehors pendant une heure et pouvoir manger. Ça fait une énorme différence. C'était à l'organisation de se mettre en place, on n'imagine même pas tout ce qui doit être fait. C'est vrai qu'au début, il y avait pas mal de retards sur les pick-up [ramassage] au niveau des chambres et là, pour le coup, ça semble bien réglé. Moi, ça fait maintenant trois jours que je m'entraîne, on est venu me cherchcer à l'heure et tout se passe bien. Aujourd'hui, il a fait chaud, 30 degrés, voire un peu plus au soleil, et il y a un paquet de joueurs qui ont pris des coups de soleil. Mais oui, tout se passe bien ! Et voilà six jours, presque une semaine.
Tous les joueurs sont plutôt satisfaits ?
Oui, je pense que tous les joueurs sont plutôt satisfaits de pouvoir tout simplement avoir la chance de sortir. Il y a 70 autres joueurs qui ne sont pas dans cette situation-là [Des cas positifs ont été recensés à bord des vols des joueurs vers l'Australie, conduisant les autorités à placer 72 joueurs jugés cas contacts en quarantaine stricte, sans autorisation de quitter leur chambre d'hôtel]. Petite pensée pour tous ceux qui sont enfermés dans leur chambre, qui essayent tant bien que mal de rester en forme. Ils n'en sont qu'à la moitié de leur séjour en chambre, ça risque d'être un peu long pour eux. En tout cas, nous qui avons la chance de sortir, nous n'avons vraiment pas à nous plaindre.
Vous sortez cinq heures par jour pour aller vous entraîner. La première fois, vous n'avez pas rencontré beaucoup de joueurs. Est-ce que depuis, vous avez rencontré plus de joueurs? Est-ce que vous avez discuté avec eux pour évoquer ce confinement et dans quel état d'esprit sont-ils de leur côté?
J'ai croisé des joueurs, mais de là à avoir une discussion, non. On essaye de ne pas trop abuser, on essaie de ne pas se mélanger. De loin, j'ai pu echanger deux, trois mots, mais pas jusqu'à aller jusqu'à une discussion. J'ai croisé Nicolas [Nicolas Mahut, son partenaire en double] deux fois, mais c'est vrai qu'on n'a même pas eu la possibilité de discuter parce qu'il y en avait un qui était sur le terrain et qu'au niveau des programme, tout est ficelé. On va d'une zone à une autre, on est souvent à distance et même si par moment, on peut se croiser, c'est avec le masque. C'est cinq à dix secondes. Je n'ai pas pu avoir vraiment de discussion en face-à-face avec les joueurs.
En revanche, vous avez un rapport privilégié avec votre partenaire d'entraînement, le Sud-Africain Lloyd Harris. Vous le voyez tous les jours, comment vit-il son confinement ?
Lui, il vit le bien. On se retrouve cinq heures par jour. Je pense qu'il est dans le même état d'esprit que moi. Il est content de pouvoir sortir, content de pouvoir s'entraîner, de taper la balle. Pour l'instant, on fait du bon boulot. C'est quelqu'un de très positif, c'est plutôt sympa. On échange et on apprend à se connaître. Pour l'instant c'est , trois fois cinq heures, [le temps passé ensemble lors des entraînements] qui étaient très sympas à passer à ses côtés.
Vous avez plusieurs gardes qui vous accompagnent de l'hôtel jusqu'au stade et du stade à l'hôtel. Est-ce que ce sont toujours les mêmes gardes ? Et si ce sont les mêmes, est-ce que vous avez sympathisé avec eux ?
Ce ne sont pas toujours les mêmes gardes, mais il y a toujours quelqu'un avec nous, toujours quelqu'un pour nous accompagner, pour nous amener d'un endroit à un autre, pour nous dire que c'est la fin des deux heures sur le terrain. Tout est vraiment cadré. Oui, ondiscute avec tout le monde, on est contents aussi, en sortant de la quarantaine, de pouvoir discuter avec des gens. Moi, je sais que ce n'était pas non plus des gardes strictes et fermées. J'ai eu une discussion avec une garde qui m'expliquait qu'elle avait dû faire ses 14 jours en quarantaine en ne pouvant sortir que dix minutes. Pendant ces 14 jours, elle a eu droit à une balade de dix minutes. Donc, ça nous a permis aussi d'avoir une petite idée de comment s'est passée la quarantaine pour les Australiens qui rentraient en Australie et de se rendre compte aussi de la chance qu'on a de pouvoir sortir cinq heures par jour.
Avant de partir à Melbourne vous aviez l'intention de commander une guitare. Est-ce que vous avez reçu votre guitare ?
Oui, effectivement, je n'envisageais pas la quarantaine, enfermé pendant 19 heures sans avoir une guitare et sans pouvoir jouer. Je n'avais pas non plus la force de l'amener d'Europe. Elle est arrivée hier. J'étais comme un dingue, donc j'ai découvert ma nouvelle guitare. Je suis trop content, je suis comme un gamin. J'ai pu jouer un peu et ça fait beaucoup, beaucoup de bien.
Et qu'est-ce que vous allez jouer, avec cette guitare ?
Déjà, j'ai appris une nouvelle chanson, la dernière d'Ed Sheeran qui vient de sortir, qui est très facile à jouer et que je trouve très jolie. Je suis en train de travailler aussi sur sur Tout nu dans la neige de Vianney. J'adore. J'ai voulu me lancer dans un picking de Dream a Little Dream of Me, mais je crois que ce n'est pas mon niveau. Il va falloir que je sois bien meilleur que ça, c'est beaucoup trop dur. Mais j'ai commencé à faire ça et je m'amuse à essayer d'apprendre des chansons. Ça me permet un peu de m'évader de ma chambre d'hôtel.
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