Affaire Fiona Ferro : "Si j'avais une fille, je me poserais la question de la laisser jouer au tennis", réagit l'ancienne n°1 mondiale Victoria Azarenka

"Les mots me manquent." A l'issue de sa victoire contre la Croate Petra Martić lors du troisième tour de l'US Open, dimanche 4 septembre, Victoria Azarenka, 26e mondiale, a réagi à l'affaire Fiona Ferro lors de la conférence de presse d'après-match. La Française a déposé plainte contre son ancien entraîneur Pierre Bouteyre, pour des "faits de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité", le 25 février, mais l'affaire n'a été révélée que mercredi 31 août. 

"Tout ce qu'on peut faire c'est prendre des nouvelles de la personne et lui tendre la main pour essayer de l'aider. J'applaudis son courage. J'espère qu'elle en sortira plus forte et que sa carrière ne sera pas ruinée par ça. C'est un sujet très, très lourd. Mais il faut qu'on en parle davantage", a d'abord livré l'ancienne numéro 1 mondiale.

Surtout, la Biélorusse s'est longuement exprimée sur les relations entre joueuses et entraîneur. "Dans le tennis féminin, je vois beaucoup d'entraîneurs qui rendent leur joueuse dépendante d'eux. Je pense que c'est très dangereux. C'est de la manipulation. J'aimerais qu'on en parle plus souvent. Le métier de l'entraîneur est d'apprendre à sa joueuse à ne pas avoir besoin de lui", a souligné la joueuse.

"C'est un sujet très sensible. Vous n'entendrez pas ces histoires si les joueuses ne prennent pas la parole pour les raconter. Ça arrive ici et là sur le circuit, ce qui est malheureux."

Victoria Azarenka, 26e joueuse mondiale

en conférence de presse

"Au conseil des joueuses, c'est pratiquement notre sujet principal. On doit offrir une meilleure protection, a appelé la joueuse, double vainqueure à US Open. On voit des jeunes joueuses vulnérables, dont certains profitent. C'est vraiment triste et ça m'émeut parce que j'ai un fils et je ne vois pas ça se produire sur le circuit masculin. Si j'avais une fille, je me poserais la question de la laisser jouer au tennis. Ça m'inquiéterait énormément."

Plus que le seul constat, Victoria Azarenka en a aussi profité pour interpeller les médias sur le sujet. "C'est aussi votre boulot [les médias] de faire vos recherches et d'aider les gens à parler. En espérant éliminer ces situations une par une. Tant que la joueuse gagne, on ne voit pas le problème. Mais quand les victoires s'arrêtent, tout devient sombre et il n'y a personne pour te tenir la main. C'est ce moment dont on ne parle pas", a-t-elle conclu.