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Avant l'US Open, le tennis français au bord de la crise de nerfs

La suspension de Kristina Mladenovic, Caroline Garcia et Benoît Paire suite aux différents épisodes des Jeux de Rio brouillent l'image du tennis français et ses ambitions alors que le dernier Grand Chelem de l'année, l'US Open, démarre aujourd'hui. Et en creux cette question: où va-t-il ?
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Kristina Mladenovic et Caroline Garcia sont attendues à l'US Open (MINAS PANAGIOTAKIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Le tennis français rêvait d’un été doré. Ou du moins espérait-il revenir bronzé de Rio. Tout ce qu’il a gagné, c’est la médaille d’or du ridicule entre des joueuses mal habillées, un joueur qui n’avait pas envie d’être au Brésil et des dirigeants pour le moins effacés et dépassés par la situation. Dimanche, la Fédération française de tennis (FFT) a décidé de suspendre à titre conservatoire Kristina Mladenovic, Caroline Garcia et Benoît Paire après qu'ils ont "bafoué l’institution fédérale et abîmé l’image du tennis". La décision définitive tombera le 24 septembre prochain lors d’un comité de direction extraordinaire de la FFT. Le jour même du début du dernier Grand Chelem de l’année, à moins d’un mois d’une demi-finale de Coupe Davis (en Croatie du 16 au 18 septembre) et à un peu plus de deux d’une finale de Fed Cup (12-13 novembre contre la République Tchèque à Strasbourg), le tennis français perd la tête.

Une sanction inutile ?

Attardons-nous d’abord sur cette sanction qui n’en a pas tout à fait une. Comme l’expliquent Kristina Mladenovic, Louis-Paul Garcia et Thierry Champion dans L’Equipe du jour, financièrement cela ne change rien, "Kiki" payant son entraîneur, Georges Goven, même chose pour Paire et Champion et les Garcia ne recevant aucune aide de la Fédé. Ces joueurs n’auront seulement pas le droit aux soins du kiné envoyé à New-York par la FFT. Pas la mer à boire. Alors pourquoi ? Pourquoi la Fédération a-t-elle décidé de taper du poing sur la table ? Pourquoi maintenant ? Sans doute parce qu’il fallait bien réagir, parce que l’institution avait été "bafouée" comme le clame le communiqué de la FFT. Sans doute aussi parce qu’il fallait reprendre la main. On sait que l’élection à la présidence de la FFT en février 2017 crée des remous au sein de l’instance. Alexis Gramblat, candidat déclaré et critique de l'équipe en place, n’hésite d’ailleurs pas à fustiger une décision qui selon lui "sera levée le 24 septembre prochain" et qui n’aura pour conséquences que de "se tirer une balle dans le pied".

Effectivement, le timing interpelle. Dans quel état psychologique se trouvent les trois concernés ? Chacun jure que la sanction est prise pour ce qu’elle est mais chacun sait aussi que ses performances seront scrutées. Tête de série numéro 32, Paire affrontera Dusan Lajovic au premier tour. Chez les femmes, Caroline Garcia retrouvera une compatriote en la personne de Pauline Parmentier alors que Kristina Mladenovic a rendez-vous avec une Japonaise, Nao Hibino. On l’aura compris, le trio est mis au ban. C’est moins embêtant pour Benoît Paire qui est, semble-t-il, plus à l’aise hors du collectif. En revanche, la position du duo Mladenovic-Garcia est plus ambiguë. Fers de lance de l’équipe de Fed Cup, les deux ont au moins le soutien d’Amélie Mauresmo. Un avantage de poids quand on sait le crédit dont dispose l’ancienne numéro une mondiale au sein de la FFT.

Quelles ambitions à l'US Open ?

Et les ambitions dans tout ça ? A écouter les dirigeants du tennis français, le ver est dans le fruit et il s’agirait de remettre l’église au centre du village. Et pourtant, si chez les femmes, Garcia et Mladenovic justement mais aussi Cornet tardent à passer le cap, chez les hommes un représentant tricolore s’est systématiquement hissé en quarts de finale des trois premiers Grands Chelems de l’année (Monfils en Australie, Gasquet à Roland, Pouille et Tsonga à Wimbledon). Certes, les Jeux n’ont pas été à la hauteur des attentes, surtout en double d’ailleurs, mais on a l’impression chez les dirigeants du tennis français d’une sorte de fuite en avant qui ne sera profitable à personne à l’heure où les deux équipes de France, de Fed Cup et de Coupe Davis se portent plutôt bien avec deux capitaines (Mauresmo et Noah) charismatiques. Dans tout ce marasme, les ambitions des Gasquet, Tsonga, Monfils, Simon ou Pouille sont reléguées au second plan. Comme si à Flushing Meadows, le tennis français devait avant tout se racheter une virginité. Pour qu’au moins la façade soit présentable.

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