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Flushing Meadows, tournoi de la démesure

S’il n’est pas le plus célèbre tournoi au monde, privilège de l’âge réservé à Wimbledon, l’US Open se classe juste derrière, devant Roland-Garros et l’Open d’Australie. De part son histoire (depuis 1881), son central Arthur Ashe XXL, et ses sessions de nuit à rendre n’importe qui fan de tennis, il reste le Majeur showtime par excellence.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le Arthur-Ashe Stadium de Flushing Meadows

Il n’est pas le plus prestigieux, le plus apprécié ou le plus atypique des quatre tournois qui comptent, mais il demeure le Grand Chelem le plus ébouriffant par son sens du spectacle. Flushing est ainsi le seul Majeur à faire appliquer le jeu décisif à tous les sets y compris au cinquième. Depuis 1970, plus de 120 tie break ont été disputé lors de la manche décisive du tournoi masculin dont quelques-uns mémorables (McEnroe-Connors en demi-finale de l’édition 1980, Flach-Cahill en 1987, ou Sampras-Corretja en quart en 1996).

Spectacle à l’américaine

L’US Open a également innové dans la programmation en instituant dès 1984 un Super Saturday avec les demies Messieurs et la finale Dames en suivant. Coup de maître pour cette première avec trois rencontres d’anthologie (Lendl et McEnroe battent respectivement Cash et Connors en cinq manches tandis que Navratilova s’impose contre Evert en trois sets serrés). Mais ce samedi de folie a vécu, les demi-finales reprenant place –à partir de 2015-  le vendredi (et la finale le dimanche, contrairement à cette année et la suivante, programmées le lundi).

Ambiance rock avec Connors et McEnroe

Flushing Meadows a surtout su se distinguer de la concurrence en proposant des sessions de nuit extraordinaires qui ont contribué à entretenir sa légende faite de bruit et de fureur. Quel vacarme à chaque fois que des gladiateurs tels que Connors, McEnroe ou Agassi enflammaient le Central pour des matches à rallonge ! Si Federer et Sampras détiennent les deux premières places au nombre de parties disputées en nocturne, ce sont bien les deux rivaux gauchers du début des années 80 qui ont le plus enthousiasmé les foules. A ce titre, le parcours ahurissant d’un Jimbo (39 ans) ressuscité d’entre les morts en 1991 –notamment son 8e de finale contre Aaron Krickstein- trône au sommet des grands moments du tournoi.

Tremplin pour la première place

Autre atout du Majeur new yorkais, sa place dans la saison. L’USO se tient juste à la fin de l’été, à un moment décisif pour les classements ATP et WTA. Après la quinzaine américaine, il ne reste plus que deux mois de compétition, et les points engrangés ici valent donc très chers. Le rang de meilleur joueur de l’année s’est d’ailleurs assez souvent joué début septembre : Connors a repris les commandes du circuit mondial en battant Lendl en 1982, le Tchécoslovaque en a fait de même en 1985 au détriment de McEnroe, Wilander a conquis pour la première fois la première place en venant à bout de Lendl en 1988, Edberg a dépossédé Becker de son sceptre en laminant Courier en 1991, et Agassi est redevenu le King devant Pete Sampras (forfait) en dominant Todd Martin en 1999.

Pete Sampras a reconquis une dernière fois le trône l’année suivante malgré un échec retentissant face à Marat Safin en finale. Ferrero, finaliste en 2003, fût enfin le dernier joueur à coiffer le premier rang à New York, mais à la différence de ses prédécesseurs, il ne conserva pas cette position en fin de saison (c’est le vainqueur de l’US Open, Andy Roddick, qui aura ce privilège).

Jungle Fever

Flushing est sans conteste le tournoi le plus difficile à gagner pour les outsiders. Véritable jungle urbaine, avec son public bruyant et indiscipliné, ses embouteillages dans et en dehors du stade, ses temps de trajet entre les hôtels et les courts, New York ne s’offre jamais à un second couteau. Au palmarès de l’USO ne figurent que des cracks. Depuis la première édition disputée à Flushing Meadows en 1978, seuls des numéros 1 mondiaux ont triomphé ici hormis Sabatini, Stosur, Del Potro et Murray. Tous les grands champions s’y sont imposés à l’exception notable de Borg, défait trois fois en finale (quatre en tout à l’USO par le duo Connors-McEnroe).

Palmarès sans égal

Vous ne trouverez aucun équivalent dans les trois autres Majeurs : Cash, Stich, Krajicek, Ivanisevic, Martinez, Novotna, Kvitova et Bartoli n’ont rien gagné hormis Wimbledon. Noah, Chang, Gomez, Muster, Moya, Costa, Ferrero, Gaudio, Ruzici, Majoli, Myskina, Ivanovic, Schiavone et Na Li ne comptent qu’un Roland-Garros. Et l’Open d’Australie a carrément sacré des Chris O’Neil, Barbara Jordan, Brian Teacher, Petr Korda ou Thomas Johansson bien éloignés des canons habituels d’un lauréat en Grand Chelem.

Près de 23 000 places sur le Arthur-Ashe Stadium

Le decoturf, surface intermédiaire idéale pour le spectacle car elle permet à tous les types de jeu de s’exprimer, a le chic pour faire respecter la hiérarchie. Les surprises y sont moins légions qu’à Melbourne (situé très tôt dans l’année), Paris (avec sa terre ocre piégeuse) ou Londres (avec la transition terre-gazon jamais commode). Les cadors du circuit s’y livrent de farouches batailles comme ces finales récentes entre Del Potro et Federer (en 2009), entre Djokovic et Nadal en 2011, ou entre Murray et le Serbe l’année dernière.

Alors, parce que la rentrée, parce que New York, parce que les sessions de nuit à l’atmosphère incroyable, parce que le bruit, parce que la chaleur d’une fin août à Big Apple, parce que la surface, parce que le chauvinisme yankee, parce que le palmarès sans tâche, parce que la démesure avec ce central Arthur-Ashe de 23 000 places –doté d’un toit rétractable à l’horizon 2018, parce que Flushing tout simplement, gloire à l’US Open et à sa légende vraiment pas prête de s’éteindre.

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