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Gasquet face à ses démons

Pour la 17e fois de sa carrière, Richard Gasquet se trouve en 8e de finale d'un tournoi du Grand Chelem. Une régularité qui ne masque pas le fait qu'il n'a franchi cet obstacle que lors de Wimbledon, en 2007, pour atteindre les demi-finales. Ce soir, à l'US Open, face à Milos Raonic qui n'a jamais été plus loin en Grand Chelem mais qui l'a battu lors de leur seul affrontement, le 9e mondial a une nouvelle chance de franchir ce cap. Et de montrer ses progrès, à 27 ans.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Trop tendre, pas assez endurant, pas assez solide dans la difficulté, toutes les explications poursuivent Richard Gasquet depuis son arrivée sur le circuit senior. Affublé d'un statut de génie né de son parcours chez les jeunes mais qu'il n'a jamais revendiqué, le Biterrois se heurte depuis des années à un mur. Pour un joueur du Top 10, le stade des 8e de finale en Grand Chelem est pratiquement insurmontable. Depuis 2005, et sa première présence à ce niveau à l'US Open (défaite contre Ginepri en 5 sets), il n'a franchi ce cap qu'à une reprise, lors du tournoi de Wimbledon en 2007.

Gasquet, le premier déçu

"Cela commence à bien faire"s'exclame-t-il. "Ce serait bien d'aller en quart de finale. J'étais très, très proche à Roland-Garros, j'espère que ça va  passer ici". Là où sa série a commencé, le Biterrois aimerait bien la voir s'interrompre. "Cela ne me 'saoule' pas du tout qu'on m'en parle. Il y a des trucs  plus 'saoulants' que ça. C'est surtout moi qui me mets de la pression par  rapport à ça car c'est moi qui suis déçu à chaque fois de m'arrêter", avoue-t-il. Il en a la capacité. Depuis le début de sa collaboration (2011) avec le duo Ricardo Piatti-Sébastien Grosjean, il n'a cessé de progresser. Son service est devenu plus performant, son coup droit plus décisif, son revers est toujours aussi beau à voir et redoutable, et il a ajouté une dimension physique supplémentaire, qui va avec un mental différent. Poussé par ses entraîneurs à ne plus rester 3m derrière sa ligne de fond de court, à prendre en mains les échanges, à aller vers le filet, le 9e mondial est devenu plus combatif, plus accrocheur, comme l'a montré son 8e de finale à Paris contre Stanislas Wawrinka (défaite 8-6 au 5e set après plus de 4h15 de jeu). Mais son penchant naturel le rattrape parfois, notamment lorsque la tension se fait plus forte.

Il lui reste donc à franchir un cap. Vainqueur en début de saison à Doha et à Montpellier, le Biterrois sait qu'il est surtout attendu en Grand Chelem. 8e de finaliste en Australie (battu par Tsonga), à Roland-Garros (battu par Wawrinka), 16e de finaliste à Wimbledon (vaincu par Tomic), il a une nouvelle occasion de revoir enfin les quarts de finale, à New York. Mais face à lui, Milos Raonic représente un danger. Lors de leur seule confrontation passée (Cincinnati en 2012), le Canadien s'était imposé en deux manches. Joueur puissant, au service destructeur (65 aces en trois matches à Flushing Meadows), le 11e mondial est un frappeur, un cogneur, qui peut parfois abuser de sa puissance de feu. "Ce sera difficile", prophétise le Français. "Je ne sais pas s'il y a un favori sur  la rencontre. C'est un adversaire atypique avec un gros service. Ce n'est pas  le tennis le plus agréable qui soit. Mais il y a quand même de quoi gagner, ce  n'est pas non plus Nadal ou Djokovic. C'est une partie (de tableau) ouverte, j'ai quelque chose à faire." Il lui faudra se saisir de la moindre opportunité sur service adverse (sans doute pas en nombre), être solide sur son engagement, et surtout échapper à la frustration qui s'empare souvent des joueurs opposés à un énorme serveur.

Un quart avec le Masters en arrière plan

Dans ce duel de joueurs peu habitués aux honneurs des quarts de finale en Grand Chelem (1 pour Gasquet, 0 pour Raonic), le mental jouera un grand rôle. "Si je mène au score, son service sera moins bon et il aura moins confiance, donc à moi de bien retourner, de le faire jouer chaque point et d'être solide mentalement", reconnaît Richard Gasquet. "Milos a bien  joué dernièrement, il a tout pour faire une grande carrière". Pour que celle du Français franchisse un cap important, la qualification est nécessaire. D'autant plus que les deux joueurs sont en concurrence pour une place au Masters de Londres, en fin d'année. 10e à la Race, le Français serait doublé par le Canadien en cas de défaite ce soir. Un enjeu supplémentaire à gérer.

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