Cet article date de plus de quatre ans.

"Il n'y aura pas de bulle" : comment Roland-Garros tente de se distinguer de l'US Open en matière sanitaire

La Fédération Française de tennis, ainsi que la direction du tournoi, ont précisé ce lundi les conditions particulières d'organisation de l'édition 2020 de Roland-Garros. Quelques-uns des choix présentés laissent penser que l'organisation entend tirer les leçons des dérapages de l'US Open.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (MIGUEL MEDINA / AFP)

En choisissant très tôt de se positionner dans la foulée de l'US Open, Roland-Garros s'est accordé le bénéfice du recul. Il y a bien un certain luxe dans la possibilité de voir ses collègues new-yorkais se heurter à plusieurs obstacles, trébucher, voire se faire critiquer par une bonne partie du monde du tennis. "Nous ne raisonnons pas comme dans un film de science-fiction, en termes de bulle sanitaire hermétique, c'est un fantasme. (...) Il n'y a pas d'illusion d'un endroit magique où on serait protégé de tout", a déclaré Jean-François Vilotte, le directeur général de la Fédération Française de tennis (FFT), ce lundi lors de l'annonce du dispositif sanitaire et d'accueil du public pour les Internationaux de France.

Pas de passe-droit, tout le monde dans les 2 hôtels officiels

Le tacle envers l'US Open est à peine camouflé. Il faut dire qu'en usant de la notion de "bulle" pour qualifier leur protocole sanitaire, l'organisation du tournoi américain a ouvert la voie aux critiques à la moindre incartade. Et a certainement définitivement convaincu la Fédération française d'écarter la piste de la bulle, d'autant que l'objectif était pour eux de pouvoir accueillir des spectateurs. Sur plusieurs points, Roland-Garros se distingue de son homologue new-yorkais. 

Il y a d'abord cette obligation "sans exception" de loger dans l'un des "deux hôtels à proximité de Roland-Garros". Cette obligation fait écho aux quelques dérogations laissées à certains joueurs à Flushing Meadows. Novak Djokovic, par exemple, avait eu l'autorisation de louer une résidence privée à quelques kilomètres du site. En retour il s'était soumis à une étroite surveillance des aller et venues. Mais le protocole n'en était pas moins à deux vitesses. Roland-Garros s'en est donc ouvertement démarqué. 

La FFT a également tenu à préciser que les hôtels seraient "quasiment" réservés aux joueurs. A une journaliste qui l'interrogeait sur ce terme de "quasiment", Jean-François Vilotte n'a pas esquivé : "Il est impossible en France de réquisitionner un hôtel entier. Nous avons donc fait en sorte qu'il y ait le moins possible d'autres clients, et qu'il y ait des voies de circulation pour que les joueurs croisent le moins possible de personnes extérieures". C'est à cet instant qu'il a précisé que l'organisation ne tablait de toute façon pas sur un "endroit magique où on serait protégé de tout".

Principe de responsabilité des joueurs

Par opposition au discours de l'US Open, on préfère mettre en avant le "principe de responsabilité" des joueurs et des acteurs présents, plutôt que de vanter un modèle hermétique aux contaminations. "Ce que nous mettons en place, c'est minimiser absolument les risques (...)", défend-il. "Mais le principe de responsabilité, c'est le respect par toutes et tous des gestes barrières, c'est le seul moyen de protéger sa santé et la santé des gens qu'on croise."

Ainsi, et encore une fois contrairement à l'US Open, où les joueurs français ayant été en contact (même avec masque) avec Benoit Paire sont considérés comme cas contacts et donc à risque, seront considérées comme cas contact les personnes n'ayant "pas respecté les gestes barrières".

Il y aura aussi une plateforme intitulée RG Player où chaque joueur trouvera les démarches à suivre avant leur arrivée sur site. 

Il appartiendra aux joueurs et aux entraîneurs de suivre les différents parcours mis en place au sein de la porte d'Auteuil. Des espaces spécifiques leur seront dédiés. Ils auront seulement accès à leur stade le jour du match avec un espace sous le court Philippe Chatrier et sous le court Suzanne Lenglen, et s'entraîneront uniquement au stade Jean-Bouin, non loin de là, lorsqu'ils n'auront pas de match. 

L'effort sera aussi évidemment fait par l'organisation, puisqu'un  suivi biologique pour tous les joueurs et leur entourage sera effectué. "Les hommes et les femmes seront testé(e)s dès leur arrivée à Paris et recevront leur accréditation dès lors que le 1er test négatif sera rendu. Un second test sera effectué à 72 h puis un autre à J+5 et un autre à J+5", a expliqué Guy Forget, le directeur du tournoi. 

"Solidarité envers les joueurs pour les moins bien classés"

Alors que New York avait délibérément choisi de faire une croix sur les qualifications pour minimiser le nombre de participants à l'édition 2020, Roland-Garros maintient cette semaine supplémentaire. L'argument avancé : "Nous sommes dans une démarche de solidarité envers les joueurs les moins bien classés", a avancé Bernard Guidicelli, le président de la FFT. Les qualifications représentent la principale source de revenus des joueurs classés entre la 150e et la 300e place mondiale. 

Dans le même temps, le prize money des qualifications reçoit un coup de pouce de 27%, tout comme celui du 1er  tour (+30%). C'est une mesure significative, puisqu'en raison des pertes en termes de billetterie, le prize money total est en baisse de 10% par rapport à 2019. L'accent est donc clairement mis sur le soutien aux joueurs les plus précaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.