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Les Français coincent à Flushing Meadows

L’US Open, qui débute lundi, est traditionnellement le tournoi du Grand Chelem le plus difficile pour les joueurs tricolores. Hormis Yannick Noah et Cédric Pioline (finaliste en 1993), aucun Bleu n’a atteint le dernier carré à New York. Et ce n’est pas encore cette année que ça devrait arriver...
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le Central Arthur-Ashe de Flushing Meadows

Si deux Français ont déjà remporté l’US Open à la fin des années 20 –René Lacoste et Henri Cochet-, il s’agissait alors d’un tournoi sur gazon disputé à Forest Hills. Une époque révolue. En 1975, le deuxième tournoi le plus prestigieux au monde est passé à la terre battue pour trois éditions avant de déménager à New York en 1978.

Pioline fait exception

Depuis cette date, seul un joueur français a véritablement brillé sur le ciment de Big Apple : Cédric Pioline. Le Parisien reste le seul représentant de l’hexagone à avoir disputé les demi-finales sur le decoturf américain (défaite en finale de l’édition 1993 contre le grand Pete Sampras après avoir sorti Jim Courier en 8e, et échec en demi-finale contre Todd Martin en 1999 après un match fantastique en quart face à Guga Kuerten).

Mais Pioline n’a pas fait d’émules. Avant lui, Yannick Noah (trois fois) et Henri Leconte ont plié en quarts, tout comme Nicolas Escudé ou Arnaud Clément ensuite. Quant à la génération des nouveaux Mousquetaires, elle n’a pas su saisir sa chance dans la plus grande agglomération des Etats-Unis. 

Tsonga pas à l’aise

Jo-Wilfried Tsonga, un quart en 2011 (contre Roger Federer) et un huitième en 2009 (contre Fernando Gonzalez), n’a jamais retrouvé à Flushing l’aisance qu’il peut avoir à Wimbledon. L’USO reste l’unique Grand Chelem où le numéro 1 français n’a pas atteint les demi-finales (exactement comme Sébastien Grosjean une décennie plus tôt).

Gaël Monfils compte un quart de finale (en 2010 face à Novak Djokovic) et deux huitièmes (en 2008 contre Mardy Fish et en 2009 contre Rafael Nadal). Richard Gasquet a lui toujours buté sur les huitièmes de finale (quatre, en 2005 contre Robby Ginepri, en 2006 contre Lleyton Hewitt, en 2010 face à Gaël Monfils, et en 2012 devant David Ferrer). Et Gilles Simon n’a atteint la deuxième semaine à New York qu’une seule fois, en 2011 (battu par John Isner).

Concurrence accrue

Il existe plusieurs raisons à cela. D’abord, la surface. Le dur extérieur new yorkais nivelle les valeurs en ce sens qu’il permet à tous les types de jeu de s’exprimer. Flushing Meadows est le Majeur où il y a le plus de favoris au départ, mais aussi un maximum d’outsiders (contrairement à Roland-Garros ou Wimbledon). Outre les membres du Big Four, des challengers comme Tomas Berdych, David Ferrer, Milos Raonic ou John Isner peuvent parfaitement se frayer un chemin jusqu’à la finale. Juan Martin Del Potro avait d’ailleurs surpris tout le monde en s’adjugeant le trophée en 2009 au terme d’un superbe parcours (victoires sur Nadal puis Federer).

La concurrence est d’autant plus grande pour nos petits Bleus que l’US Open arrive quasiment en fin de saison. Après Flushing, il ne reste que deux mois de compétition. Sur la brèche depuis fin décembre, Tsonga, Gasquet, Simon, Monfils et les autres (Jérémy Chardy, Benoît Paire, Julien Benneteau) débarquent souvent harassés à New York. Or, la ville qui ne dort jamais engendre beaucoup de fatigue, que ce soit pour les transferts entre l’hôtel et le site du tournoi, ou même pendant les matches.

Le bruit et la fureur

L’atmosphère de la fin d’été est terrible : public bruyant, pas toujours respectueux ou connaisseur, fournaise et orages, chauvinisme parfois exacerbé… Il convient de résister à tout ça lorsqu’on veut voyager loin dans le tableau. Cela pompe une énergie incroyable qui manque souvent aux Frenchies notamment au cours de ces fameuses sessions de nuit qui font tout le sel de l’US Open.

Cette année en plus, deux des quatre meilleurs Français de ces dernières saisons manqueront à l’appel. S’estimant trop juste pour faire autre chose que de la figuration après sa blessure au genou, Tsonga a préféré reporter sa rentrée à la mi-septembre. « Je pourrais aller là-bas et gagné deux ou trois matches mais ça ne m’intéresse pas vraiment », a confié le Manceau la semaine dernière à L’Equipe.

Gasquet pas au mieux

Simon s’est lui fêlé deux cotes à force de tousser (il a été victime d’une coqueluche) et il a choisi de passer son tour afin d’être auprès de sa compagne début septembre lorsqu’elle accouchera.

Vu le niveau actuel des autres Bleus (Gasquet n’a rien fait de bon cet été après cinq premiers mois très encourageants, Monfils alterne les hauts (parfois) et les bas (souvent), Paire semble physiquement touché, Chardy et Benneteau sont très loin de leur meilleur niveau), il serait étonnant d’assister à un exploit tricolore dans l’enceinte de Flushing. New York ne se donne pas, elle se prend.

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