Nadal veut oublier 2015 pour se tourner vers 2016
2015 restera définitivement comme une année à oublier pour Rafael Nadal. Son élimination précoce à l'US Open, au 3e tour contre un Fabio Fognini en feu dans le 5e et dernier set, qui fait suite à celle au 2e tour à Wimbledon, met fin à sa série de 10 années avec au moins un titre en Grand Chelem dans sa besace quand la saison touchait à sa fin. Pour la première fois depuis 2004, avant son premier Roland-Garros donc, il n'a plus atteint les quarts d'un finale lors de deux Majeurs consécutifs. On pourrait les entasser, ces chiffres qui illustrent cette terrible année 2015 pour le Majorquin. Aucun Majeur donc, mais aussi aucun Master 1000, seulement trois titres (Hambourg, Stuttgart, Buenos Aires), déjà 15 défaites en 2015 (comme en 2007 et 2011 ses plus mauvaises années en nombre de matches perdus).
Ce vendredi, Fognini est même rentré dans l'histoire en devenant le deuxième joueur - après Roger Federer en finale du Master 1000 de Miami en 2005 - a battre Nadal au meilleur des cinq manches après avoir perdu les deux premières. L'Italien, qui l'avait déjà battu deux fois cette saison, est aussi le premier à y parvenir en Grand Chelem. Bref, Nadal est plus mal en 2015 et ce n'est pas nouveau. "2015 est une mauvaise saison", a-t-il simplement commenté après sa défaite à Flushing. Mais là où en début de saison, il se plaignait de ses mauvaises sensations et confiait ses difficultés, il ressort de cette élimination optimiste.
Il a été tellement haut
"C'est bien sûr la première fois en dix ans que je n'ai pas gagné de titre du Grand Chelem, mais ce n'est pas la fin du monde: cela montre surtout que j'ai réussi quelque chose d'exceptionnel, pas facile à faire"
2005-2014, dix années où Nadal aura rapporté, au moins, un titre du Grand Chelem. Un exploit colossal seulement réalisé par Pete Sampras. Voilà ce que Nadal avait accompli avant cette année 2015 cauchemardesque pour lui. Le voir triompher était devenu une habitude, le voir perdre n'en est que plus surprenant. Plus on est allé haut, plus dure est la chute. Mais Nadal n'est pas surpris, il a toujours relativisé ses plus grandes victoires, comme ses défaites, sachant que tout pouvait s'arrêter demain. Cette série de 10 ans avec un Grand Chelem est terminée. "Ce n'est pas la fin du monde", juste celle d'une invraisemblable régularité dans la performance.
Fognini l'a battu à la régulière
"Il a très bien joué. Ce n'est pas un match que j'ai perdu, même si j'ai eu des opportunités. C'est un match qu'il a gagné. Je l'accepte. Je ne suis pas heureux qu'il ait mieux joué que moi, mais c'est arrivé. Il a mieux joué que moi. Je ne jouais pas mal du tout. Je jouais un match normal, mais ça n'a pas suffi"
En début de saison, quand il perdait contre Michael Berrer (Qatar), Fabio Fognini (Rio, Barcelone), Fernando Verdasco (Miami), Nadal n'était que l'ombre de lui-même. Là à New York lors de ce 3e tour, Nadal a été bon, mais Fognini a été terrible. 70 coups gagnants contre 30 pour un Nadal, qui a perdu le fil d'une rencontre qu'il avait en main. Ce break d'avance gâché au 3e set a sonné la fin de l'Espagnol et le réveil d'un Fognini incandescent dans le 5e set. Nadal y voit un signe encourageant. Quand il perd désormais, c'est que les adversaires sont plus forts, non parce qu'il leur donne le match.
L'état d'esprit et la rage de vaincre sont de retour
"Je me suis battu jusqu'au bout pour gagner un titre majeur cette saison, je croyais en moi, mais ce n'était pas suffisant. Ce qui me satisfait, c'est mon état d'esprit. Pendant une période cette année, j'ai eu l'impression que j'avais perdu cette rage de vaincre, mais elle est bien là"
Au premier semestre, on avait vu un Nadal morose en conférence de presse. Confiant ses doutes, il semblait avoir perdu cette rage qui faisait de lui un adversaire redoutable. Celui qui se battait sur tous les points. A New York, Nadal s'est sorti des griffes de Borna Coric, qui constituait un piège terrible pour son entrée en lice. S'il a chuté contre Fognini, c'est parce que l'Italien a joué le fou à partir du 3e set. Mais la façon que l'Espagnol a eu de s'arracher dans la cinquième manche pour débreaker trois fois de suite a prouvé qu'il était redevenu - un peu - ce formidable guerrier.
Il ne changera pas son équipe
"J'ai toujours pensé que si je jouais mal ou si je ne gagnais pas, je ne devais pas me chercher d'excuses (...) Grâce à mon équipe, j'ai eu un parcours fantastique, j'ai toute confiance en eux, nous sommes sur la bonne voie"
C'est le débat qui aura rythmé son année. Nadal doit-il changer son staff et quitter son oncle Toni, l'homme qui l'a chaperonné depuis qu'il est tout petit? Le joueur de 29 ans a coupé court une nouvelle fois aux interrogations. Il a gagné avec eux et il leur doit tout, il continuera donc avec eux en espérant retrouver les sommets. Il ne suivra pas la tendance actuelle qui veut que tous les plus grands joueurs s'entourent de légendes (Djokovic-Becker, Federer-Edberg, Murray-Lendl puis Mauresmo, Nishikori-Chang, Cilic-Ivanisevic). Le problème c'est Rafa et son jeu, pas Toni.
Le ciel va se dégager
"Ce n'était pas mon année, il faut l'accepter, mais je veux finir la saison de manière positive. La terminer avec le sentiment que je me suis amélioré par rapport au début. Voilà quelque chose que je pense faire actuellement. Voilà un début. Je sais ce que je dois faire et je vais travailler pour ça. Il y a encore de beaux objectifs à atteindre"
Nadal a voulu conclure sur une note positive son US Open. Il croit que les beaux jours vont revenir et que tel un Federer qu'on disait fini après sa saison 2013, il pourra revenir plus fort l'an prochain. S'il n'a pas tiré un trait sur le Masters de Londres, il pourrait aussi écourter cette saison noire et se projeter tout de suite vers 2016. Remporter Shanghai et Bercy (deux Master 1000 qui manque à son palmarès) est un objectif mineur, le Masters de Londres est un peu plus important. Mais actuellement il est loin des Djokovic et Federer, les deux joueurs grandissimies favoris sur un format en deux sets en indoor. Quoiqu'il fasse, Nadal ne veut pas quitter le circuit sur ce sombre tableau. Le Taureau de Manacor est touché, la bête est blessée, mais loin d'être achevée et enterrée.
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