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Stéphane Houdet : "Je pense qu'il y a eu un avant et un après US Open 2020 pour le tennis fauteuil"

Il y a moins d'une semaine, Stéphane Houdet, le numéro un français, ancien N.1 mondial en simple et en double et vainqueur de 23 titres du Grand Chelem, avait confié son incompréhension après l'annulation du tournoi de tennis fauteuil pour l'édition 2020 de l'US Open. Face au tollé provoqué après cette annonce, la direction du tournoi américain avait indiqué un possible retour en arrière. C'est maintenant chose faite. Après une réunion avec les joueurs, les organisateurs ont rectifié le tir en s'alignant sur l'ATP et le WTA, ce pour quoi militait le Français.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (ELSA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Les organisateurs de l'US Open sont revenus sur leur décision. Il y a aura bien un tournoi de tennis fauteuil à l'US Open 2020. Vous avez donc été entendus, vous êtes soulagés ? 
Stéphane Houdet : "Oui, c'est un soulagement. Depuis la première annonce, c'est un peu les montagnes russes. Cette décision de revenir en arrière, d'organiser un tournoi de tennis fauteuil avec l'option d'une réduction de 5% du prize money, comme cela a été le cas sur le circuit ATP et WTA, c'est quelque chose pour laquelle je militais avec de nombreux joueurs, même s'il y avait des avis différents et divergents."

Votre coup de gueule a donc fonctionné et a permis la marche arrière des organisateurs. 
S. H. :
"Oui complètement. Ce que je pense aussi, c'est qu'il y a eu un changement à la tête de l'USTA et de l'US Open. A présent, la nouvelle directrice du tournoi est Stacey Allaster, qui était en charge auparavant de la WTA. Ainsi, elle connaît très bien les problématiques des joueurs et joueuses et a l'habitude d'être à leur écoute. Et honnêtement, je pense que les organisateurs de l'US Open et l'USTA étaient un peu passés à côté du tennis-fauteuil parce qu'ils ne le connaissaient pas, et qu'ils n'avaient pas mis le nez dedans. En y regardant de plus près, ils ont tout de suite dans un premier temps présenté leurs excuses, et dans un second temps, ont voulu réagir et réintégrer l'épreuve. Stacey Allaster, étant nouvelle à ce poste, je pense qu'elle ne savait pas qu'il y avait un comité des joueurs. Ainsi, quand elle l'a su, elle a tout de suite proposé, avec l'équipe de l'USTA, qu'on échange tous ensemble via visioconférence.

Les échanges ont été très constructifs et calmes. Et rapidement, elle a dit 'Ok on a fait une bêtise, maintenant quelles sont nos options, comment on répare, quelle est la prochaine étape ?' On peut vraiment échanger avec elle, la discussion a vraiment été ouverte. Je dirai même qu'il y a eu un avant et un après US Open 2020 pour le tennis fauteuil. A priori cette situation ne se reproduira pas de sitôt. A présent, ils sont donc en train de travailler sur comment réintégrer le tennis fauteuil à l'édition 2020, sachant qu'il y a une autre partie prenante dans l'affaire, c'est l'ITF. La fédération internationale de tennis, qui gère le tennis-fauteuil, doit en effet statuer maintenant sur l'allocation des points."

C'est-à-dire ? 
S. H. :
"Aujourd'hui, le classement est figé et le calendrier n'a pas été annoncé pour la reprise, ce qui veut dire qu'il n'y aurait que quelques joueurs qui seraient concernés par le Grand Chelem. Donc on garde les points du passé. Par exemple, on garde les points de Roland-Garros pour ceux qui en avaient. Mais en jouant l'US Open, est-ce qu'on attribue autant de points qu'un Grand Chelem habituel, est-ce que les joueurs qui ne peuvent pas jouer auront une compensation ? En fait, la vraie question c'est comment on gère le classement pour tous les joueurs si on fait une épreuve réservée à 8 joueurs ? Et là, il y a une problématique pour l'ITF, d'autant plus qu'ils n'ont pas annoncé la reprise des autres tournois.

En général, quand on joue les tournois du Grand Chelem, puisqu'ils sont réservés aux huit premiers du classement mondial (les sept premiers et un invité), il y a un autre tournoi, qui permet aux joueurs, à partir de la 9e place, d'aller chercher des points. Sauf que là, pour le moment, rien n'a été annoncé. C'est un côté injuste que l'ITF ne veut pas avoir, surtout lors d'une année de qualification pour les Jeux olympiques. S'il y a 800 points alloués au vainqueur, et que les autres ne peuvent pas aller chercher les points, on lui garantit presque sa qualification pour les JO aux dépens des autres joueurs."

L'option retenue comprend une réduction de 5% du prize money. Sachant que les dotations pour le tennis fauteuil sont largement en-dessous de celles de l'ATP ou du WTA, l'impact financier risque d'être d'autant plus important...
S. H. :
"On militait pour avoir le même traitement que tous les autres joueurs et joueuses. Donc on se retrouve dans les mêmes conditions. On a l'habitude de jouer pour un prize money qui est à hauteur de 1% de celui de l'ATP. Donc, oui c'est sur, c'est 5% de moins. Mais, on nous donne la possibilité de jouer. Quand il y a un peu plus de 3 millions de dollars au vainqueur du circuit ATP, il y a 35 000 dollars pour le vainqueur du tennis fauteuil, 17 000 aux finalistes etc. On ne joue pas dans la même cour, on n'a pas les mêmes dotations mais au moins on peut jouer."

Avec cette nouvelle, comment vous projetez-vous sur les prochains mois ? 
S. H. :
"Dès le 1er juillet, je commence la préparation pour les tournois du Grand Chelem, avec en ligne de mire l'US Open puis Roland-Garros. Les conditions sont particulières car on va jouer sur dur puis sur terre, puis à nouveau sur dur. Mais on a l'habitude quelque part, car au moment où nous jouons à Roland-Garros, dans la foulée nous avons Wimbledon, et deux mois plus tard on joue l'US Open. Avec les fauteuils, c'est encore plus difficile de s'adapter aux changements de surfaces. Mais au moins, on peut jouer et travailler. Et revenir sur le devant de la scène."

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