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US Open 2023 : Novak Djokovic, un ogre toujours pas rassasié

Le Serbe a égalé le record absolu de 24 titres en Grand Chelem, dimanche. Bien qu'il n'ait pas donné de chiffres à atteindre, celui qui a récupéré la place de numéro 1 mondial ne compte pas s'arrêter là.
Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Novak Djokovic est devenu le codétenteur du record absolu de titres du Grand Chelem remportés, avec l'Australienne Margaret Court, à l'US Open, le 10 septembre 2023, à New York. (JUSTIN LANE / EPA)

Il est celui qui s'attaque à tous les records, pour les faire tomber, les uns après les autres. Dimanche 10 septembre, Novak Djokovic est devenu le co-détenteur du record absolu du nombre de titres remportés en Grand Chelem, avec l'Australienne Margaret Court, dont la majorité de ses succès avaient été glanés avant l'ère Open. Dimanche, il est aussi devenu le seul joueur à avoir remporté quatre fois, trois des quatre Majeurs la même saison (2011, 2015, 2021 et 2023)

"On cherche les mots, parce qu'on ne les trouve plus, le concernant. Mais on ne banalise pas, quand on voit ces images, ces émotions, quand on imagine tout ce qu'il y a derrière. C'est énorme, tout simplement", a réagi Justine Henin, septuple vainqueure en Grand Chelem, après la victoire du Serbe, sur le plateau d'Eurosport.

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Depuis plusieurs années, il a fait de sa chasse aux records une priorité. "Je veux gagner autant de titres du Grand Chelem que possible, répétait-il après sa victoire à l'Open d'Australie le 30 janvier dernier. Au point où j’en suis, ces trophées sont le principal facteur de motivation. Je sais que lorsque je me sens bien physiquement et mentalement, je peux gagner n’importe quel tournoi du Grand Chelem, contre n’importe qui." Le record absolu désormais atteint, quelle suite pour le joueur de 36 ans ? "Je ne me fixe pas d'objectifs chiffrés", tranchait-il à New York après son 24e sacre en Majeur, dimanche.

Un homme de défis

Alors, oui Novak Djokovic reconnaît qu'il lui arrive de se poser des questions sur son avenir, s'il a "encore besoin de ça", ou encore "combien de temps (il a) l'intention de continuer". "Mais tant que je suis capable de jouer à un si haut niveau, et de gagner les principaux tournois, je ne veux pas quitter ce sport", insiste-t-il. Mais "Nole" vit pour sa carrière. "Quand vous lui dites que quelque chose est impossible, il va tout faire pour vous prouver le contraire. Dans son mode de fonctionnement, il n'y a jamais d'excuses", a réagi Goran Ivanisevic, l'entraîneur de Novak Djokovic.

"Il adore les défis. S'il gagne un 25e Grand Chelem, il se dira : 'Pourquoi pas un 26e ?' Avec lui, chaque infime détail a son importance. Tout doit être préparé en amont. Il en veut toujours plus."

Goran Ivanisevic, entraîneur de Novak Djokovic

en conférence de presse, à l'US Open

"C'est un homme de challenge, c'est ce qui le fait avancer, appuie Arnaud Clément, ancien top 10 mondial et consultant pour franceinfo: sport. Il veut toujours prouver qu'il est le meilleur. Il détient quasiment tous les records, et pourtant, il est toujours concentré à aller chercher plus loin. Conserver ce degré de motivation, quand on est seul devant tous les autres dans l'histoire, est assez extraordinaire. Il semble d'ailleurs complètement imperméable à la lassitude d'aller chercher les records".

Une domination à travers les années

Malgré la fin du "Big 3" (avec la retraite de Roger Federer, et l'absence de Rafael Nadal), le nouveau numéro 1 mondial conserve son trône face aux jeunes loups, dont le chef de file se nomme Carlos Alcaraz. Une régularité exceptionnelle nourrie de l'adversité. "Avec l'arrivée en bombe de Carlos Alcaraz, il veut montrer que c'est toujours lui le plus fort, le patron, et qu'il trouvera des solutions face à n'importe quel ovni qui arrivera sur le circuit. Ça le transcende", analyse Arnaud Clément.

Novak Djokovic a remporté un quatrième titre à l'US Open, face au Russe Daniil Medvedev, le 10 septembre 2023, à New York. (JOHN ANGELILLO / MAXPPP)

"Ce qui est aussi extraordinaire, est qu'il arrive en Grand Chelem toujours prêt pour la quinzaine, parfaitement programmé pour ce moment-là, ajoute notre consultant. Bien sûr, il peut parfois y avoir des petites variations, mais il a une telle marge par rapport aux autres joueurs, qu'il peut gagner des Grands Chelems sans être très bon tout le temps." Une marge pour combien de temps ? "Ils ne sont pas beaucoup à pouvoir aller le chercher", relève Arnaud Clément.

Cela s'est d'ailleurs confirmé en finale de l'US Open, dimanche, où il n'a jamais vraiment été poussé dans ses retranchements par Daniil Medvedev, numéro 3 mondial. "Voilà le challenge de tous les joueurs quand ils l'affrontent. Ils doivent jouer leur meilleur niveau, du début à la fin du match. Et quand on joue son meilleur niveau contre lui, on ne gagne pas facile, en trois sets", remarque Arnaud Clément.

Le titre olympique en ligne de mire

Sans une concurrence capable de le déborder, la voie apparaît libre dans sa quête de nouveaux titres en Majeur. "Aucun joueur n'est à l'abri d'une blessure, mais il ne semble quand même pas fait du même bois que tout le monde, estime le consultant franceinfo: sport. Au niveau de la gestion de son corps, de ses saisons, de sa préparation, il semble quand même beaucoup moins touché par des pépins physiques que les autres. Il en a eu très peu dans sa carrière, ce qui est assez dingue, et même quand c'est le cas, il arrive à gagner un Grand Chelem, alors que 99% des joueurs auraient abandonné."

Le contexte semble donc idéal pour Novak Djokovic, qui a déjà en tête son défi pour 2024, en plus de dépasser la barre symbolique des 24 Grands Chelems : l'or olympique à Paris, seul titre encore manquant à son palmarès. Pour cela, il lui faudra faire des choix dans sa saison pour y parvenir. Depuis plusieurs années maintenant, il fait l'impasse sur certains tournois, pour se préserver en vue des Majeurs.

Car l'enchaînement Roland-Garros-Wimbledon, d'ordinaire déjà complexe pour les corps, sera suivi des Jeux olympiques puis de l'US Open, impliquant un nouveau changement de surface à chaque fois. Pas de tout repos pour les organismes. Lui et son staff en ont déjà conscience et se projettent même bien au-delà de l'an prochain. "Il a l'intention de jouer jusqu'aux Jeux olympiques de Los Angeles [en 2028] !", a lancé son entraîneur, Goran Ivanisevic, au second degré. Le joueur lui-même plaisante sur son avenir. "Un jour, dans 23 ou 24 ans, je quitterai le circuit [rires] et il y aura de nouveaux joueurs. Mais d'ici-là, je pense que vous allez continuer à me voir." Le ton se veut certes léger et humoristique, mais la quête de Novak Djokovic d'être le plus grand de tous les temps n'a elle jamais été aussi sérieuse.

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