Cet article date de plus de quatre ans.

US Open : Dominic Thiem remporte son premier titre de Grand Chelem face à Alexander Zverev

Mené deux sets à zéro, Dominic Thiem est parvenu à renverser Alexander Zverev après quatre heures de jeu pour s'offrir son premier Grand Chelem à l'US Open dimanche (2-6, 4-6, 6-4, 6-3, 7-6). Au fond du trou pendant deux sets et demi, l'Autrichien a trouvé les ressources pour remporter son premier Majeur. C’est la première fois depuis 2016 qu’un autre joueur que Djokovic, Federer ou Nadal remporte un titre de Grand Chelem.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Dominic Thiem (AL BELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Dominic Thiem est le nouveau roi de Flushing Meadows. Sans Roger Federer, Rafael Nadal (absents) et Novak Djokovic (disqualifié), cet US Open si particulier allait sacrer un nouveau seigneur en Grand Chelem, il se nomme Dominic Thiem. Vainqueur au bout des cinq sets (2-6, 4-6, 6-4, 6-3, 7-6 en 4h02) et d'un ultime tie-break sets d'un Alexander Zverev batailleur mais trop fébrile au moment de conclure, l'Autrichien s'offre son premier Majeur après trois échecs en finale. Mais que ce fut dur, et que cette finale fut étrange...

Le fantôme de Thiem

Pourtant le plus expérimenté dans cette finale avec trois finales de Grand Chelem contre aucune pour son adversaire, Thiem rate complètement son entrée, comme tétanisé par le poids de la pression du favori. Service en panne (37 % de première), fébrilité étonnante, même Zverev n’en revient pas. Un break d’entrée, un deuxième offert, l’Allemand n’a qu’à se baisser pour ramasser les jeux. Calmement, "Sascha" déroule ses coups de fusil et empoche la première manche en 30 petites minutes. L’Allemand a cerné sa lacune dans cet US Open : les débuts de match laborieux, comme face à Borna Coric (mené 6-1, 4-1) et Pablo Carreño Busta (mené 6-3, 6-2). 

Le deuxième set est du même acabit : Thiem baisse la tête, commet des valises de fautes directes et bafouille son tennis. Zverev est clinique mais n’a même pas à s’employer réellement pour faire la différence. Il joue tranquillement sa finale et laisse Thiem s’engluer dans ses erreurs. L’Allemand utilise à merveille sa volée pour asphyxier l’Autrichien, à chaque fois en grand danger sur ses mises en jeu. Même avec des spectateurs, le Arthur Ashe Stadium sonnerait aussi creux tant les gens seraient sous le choc d’assister à un finale à ce point à sens unique. Après 1h20, l’Autrichien est mené deux sets à zéro et n’a inscrit que six jeux.

  (MATTHEW STOCKMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Zverev ne rate pas son rendez-vous

Pour sa première finale de Grand Chelem dans la peau du favori, Thiem est inondé par la pression d’une victoire et la hantise d’un quatrième échec de suite. Dans la position de challenger, Zverev joue relâché, là où il est le plus dangereux. En débreakant à 5-2 puis en ajoutant sept points de suite, Thiem fait naître un espoir d’éclaircie vite évanoui par l’Allemand. L’Autrichien offre petit à petit un peu plus de résistance, mais le mal semble profond. A deux sets zéro, la messe semble dite. Mais Zverev reste Zverev. Sans vraiment faiblir, l’Allemand laisse échapper la troisième manche et redonne confiance à Thiem qui ne demandait pas grand-chose pour se refaire.

Le quatrième set s’apparente enfin à ce que devait être cette joute entre les deux terreurs amenées à conquérir le tennis de demain. Thiem retrouve son tennis, gagne facilement ses mises en jeu et parvient à pousser Zverev dans ses retranchements en limitant ses fautes directes (deux seulement dans ce set). Il n’en faut pas plus pour faire bafouiller l’Allemand, si serein pendant deux sets et demi. Le grain de sable se transforme en dune. Petit à petit, Zverev se désunit, laisse échapper un break évitable à 4-3 et laisse Thiem revenir à deux sets partout. Un scénario inenvisageable une heure plus tôt.

Thiem se met au niveau

Dans l’ultime manche, le match atteint enfin le sommet d’intensité espéré. Zverev concède le break d’entrée mais reprend les commandes en extériorisant enfin ses émotions. Sans jamais montrer de saute d’humeur ou de frustration, Zverev remporte les premiers échanges cruciaux, de ceux qui font plus mal à la tête qu’au score pour l’adversaire.

Les regrets de Zverev

Il était facile de penser que Thiem continuerait sur sa lancée, mais ce Zverev là a changé depuis sa demie en Australie. Il se désunit toujours, mais ne rompt plus si facilement. Le break décisif pour mener 5-3 et servir pour le match en est la preuve. Mais Thiem n’a pas tout remonté pour rien. Il débreake, enchaîne les passing shots et parvient à breaker à son tour pour mener 6-5, service à suivre. Zverev n’a pas fait de grosse erreur, mais il a laissé sa chance passer. Dans le tie-break, Thiem sautille et multiplie les slices pour ménager ses crampes, alors que Zverev envoie sa 15e double faute, signe de sa fébrilité. La troisième balle de match est la bonne, Thiem s’écroule : il revient de très loin mais il y est arrivé.

Après trois échecs en finale (deux fois battu par Nadal à Roland-Garros en 2018 et 2019, une fois par Djokovic à l’Open d’Australie 2020), Thiem atteint enfin le zénith tennistique que son talent lui imposait d’obtenir. L’Autrichien a toujours couru après le score, inhibé par le costume de favori, et a évité de justesse une cruelle sortie de route. Un échec l’aurait sans doute marqué dans sa chair. Il devient le deuxième autrichien à soulever un Majeur après Thomas Muster à Roland-Garros 1995. Il est le huitième vainqueur différent d’un Grand Chelem depuis le début de la décennie 2010 et rejoint Juan Martin del Potro et Marin Cilic parmi les vainqueurs d’un unique Majeur parmi les joueurs en activité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.