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US Open : L'insensée journée sans fin d'Adrian Mannarino

Alors qu'il devait disputer son match face à Alexander Zverev ce vendredi comptant pour le 3e tour de l'US Open, Adrian Mannarino a connu une journée rocambolesque sur fond de Covid-19 et de tensions. Ayant côtoyé Benoît Paire qui a été testé positif au coronavirus et exclu du tournoi, il est soumis à un protocole particulièrement contraignant, tout comme six autres joueurs et joueuses. Le match a finalement pu se dérouler... avec plus de trois heures de retard.
Article rédigé par Emmanuel Rupied
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (PEDRO PARDO / AFP)

C'est un imbroglio monstre dont se serait bien passé Adrian Mannarino. Le Français, qui devait jouer ce vendredi en fin d'après-midi face à Alexander Zverev, a vu son match être reporté durant plus de trois heures, sans qu'aucune raison ne soit divulguée par les organisateurs. Pour la 4e fois, le Français se trouvait au 3e tour de l'US Open. Un match important, face à l'un des surdoués du circuit, mais qu'il n'a pas pu préparer normalement. Si le match a finalement eu lieu sur le court Louis-Armstrong, ce laps de temps suffisamment long a fait naître toutes les spéculations les plus folles, au sein d'une bulle sanitaire de Flushing Meadows qui n'en finit pas de perturber le déroulement du tournoi.

Une attente interminable 

Tout a commencé lorsque la télévision a capté des images de l'Allemand bronzant tranquillement au soleil dans sa loge, torse nu, visiblement très décontracté et bien éloigné d'un match à disputer, sur le court Arthur-Ashe durant la rencontre entre Shapovalov et Fritz. La tête de série N.5 devait alors être proche de l'entrée sur le terrain face au Français. Une attitude surprenante qui a confirmé les rumeurs qui se tramaient en coulisses depuis quelques instants. 

Faisant partie des cas contacts autour de Benoit Paire, le Français faisait l'objet de nombreux tests et d'une surveillance accrue, ainsi qu'un isolement, depuis que son compatriote avait été exclu du tournoi pour un test positif à la Covid-19. Juste avant son match, Mannarino s'est donc vu signifier dans un premier temps que, contrairement aux autorités sanitaires de la Ville de New York qui l'autorisaient à disputer ses matchs depuis qu'il avait accepté un nouveau protocole plus contraignant dimanche dernier, les autorités de l'Etat de New York voulaient, elles, le maintenir en quarantaine. Finalement, la Fédération américaine a obtenu in extremis le feu vert et le match a pu se dérouler. "On m'a dit qu'il y avait peu de chances qu'on joue", a reconnu Zverev.

"Je suis reconnaissant à toutes ces personnes qui se sont démenées pour que je puisse jouer" 

"Je me préparais pour jouer à 14h30. J'étais prêt à y aller quand le tour manager est venu me dire que le département de la Santé de l'Etat de New York avait outrepassé la Ville de New York. La Ville m'avait autorisé à jouer avec la signature du nouveau protocole dimanche. L'Etat est intervenu pour dire que j'avais été exposé à un cas positif et que donc je devais être mis sous quarantaine dans ma chambre et que je ne pouvais pas aller sur le court jouer. Les organisateurs m'ont alors dit qu'ils repoussaient le match à 17h pour se donner le temps de négocier et voir s'il était possible de me faire venir sur le court, raconte Adrian Mannarino à l'AFP. Je ne sais pas qui a fait quoi. Beaucoup de choses se sont passées durant tout ce temps. Je suis donc reconnaissant à toutes ces personnes qui se sont démenées pour que je puisse jouer. J'ai perdu, mais je suis content d'avoir pu jouer le match."

Dans ce contexte très éprouvant psychologiquement, Mannarino a été bluffant dans son entame contre le 7e mondial, peut-être lui aussi perturbé par la situation, en s'emparant de la première manche au tie-break. Par la suite toutefois, l'Allemand a pris le contrôle du match pour ne plus le lâcher, tandis que Mannarino, décidément peu gâté par le sort, se faisait mal à l'aine gauche au 3e set. Une douleur qu'il a traînée jusqu'au bout. Il a été battu en 2h52, soit, peu ou prou, le temps qu'il avait fallu à l'USTA pour lui permettre de jouer. "Je ne savais pas que l'Etat pouvait passer outre cette décision. Je ne connais pas toutes les règles, je suis un joueur de tennis. On m'a dit, et à tous les joueurs dans ma situation, qu'une fois éliminés on pourrait continuer de s'entraîner sur le site tous les jours mais on nous a dit ce matin qu'en fait il faudrait rester dans la chambre pour le reste de la quarantaine", poursuit le Français.

Djokovic à la rescousse de Mannarino

Cet épisode, qui s'ajoute au trouble entourant l'US Open, en plombe l'ambiance, déjà sérieusement détériorée. Novak Djokovic a d'ailleurs affirmé avoir tenté de joindre le gouverneur de l'Etat Andrew Cuomo, pour permettre à Mannarino de jouer. "Je ne suis pas content de la façon dont a été gérée la situation avec le joueur français", a-t-il dit. Le N.1 mondial, qui loue une maison à ses frais pour éviter les conditions hôtelières dénoncées par certains joueurs cloîtrés dans leur chambre, venait de passer tranquillement son 3e tour aux dépens de l'Allemand Jan-Lennard Struff (29e), 6-3, 6-3, 6-1, en 1h42.

Le calvaire des Bleus

Kristina Mladenovic ou encore Richard Gasquet, eux aussi en contact avec l'Avignonnais Benoît Paire, ont l'interdiction depuis ce vendredi de quitter leur chambre d'hôtel malgré le fait qu'ils aient été éliminés. Une situation qui a fortement agacé Luka Mladenovic, le frère de Kristina qui accompagnait sa soeur à New York. "Si seulement vous étiez au courant de tout ce qui est en train de se passer ici ... C’EST UNE SERIE NETFLIX JE VOUS LE JURE !!! Vous êtes au courant de 10% je pense", a tweeté Luka Mladenovic.

De son côté, même sort pour Adrian Mannarino"Je ne pourrai pas quitter New York avant vendredi prochain. Mais c'est différent pour chacun. Tout dépend de la dernière fois où on a été en contact avec Benoît. Je vais être confiné dans ma chambre au moins jusqu'à vendredi." Après son match, ce dernier a relativisé la situation qu'il venait de vivre et se dit ne pas être en colère. "Je ne dirais certainement pas que c'est un cauchemar. J'ai joué le tournoi, peut-être un tournoi étrange. Mais j'ai pu jouer et ils m'ont mis dans une situation où je pouvais donner mon meilleur sur le court. Donc je ne vais pas me plaindre."

Avec AFP. 

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