Cet article date de plus de huit ans.

US Open: Pouille, un exploit majuscule contre Nadal

Immense ! Du haut de ses 22 ans, Lucas Pouille a terrassé un joueur ayant remporté 14 Grands Chelems dans sa carrière, Rafael Nadal. Menant deux sets à un, le Nordiste a laissé croire qu'il allait céder physiquement mais il est allé chercher des ressources physiques pour recoller dans la cinquième manche et d'autres mentales pour s'imposer dans le tie-break décisif (6-1, 2-6, 6-4, 3-6 et 7-6 en plus de 4h de jeu). En quart de finale, il retrouvera Gaël Monfils.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Le tennisman français Lucas Pouille  (EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP)

Que dire ? Que dire quand un gamin de 22 ans qui n'avait pas connu les joies de la deuxième semaine en Grand Chelem avant Wimbledon 2016 élimine l'un des plus grands joueurs de l'histoire du tennis sur l'un des plus grands cours du monde avec un scénario que seuls les plus inspirés auraient pu écrire ? Oui Rafael Nadal n'est plus tout à fait le joueur qu'il a été quand il remportait ses 14 titres du Grand Chelem. Et pourtant, par séquences le coup droit de l'Espagnol a enchanté le court Arthur Ashe dans la douceur du début de soirée new-yorkais autant qu'il a martyrisé Lucas Pouille. Le Français a plié, il était à deux doigts de rompre, peut-être plus près encore. Ses trois balles de match manquées auraient pu le tétaniser, tout autant que le fait de disputer un tie-break décisif. Mais non, Lucas Pouille est fait de ce métal particulier. Celui qui permet de réaliser des exploits. 

Un premier set en forme de rêve

Ce huitième de finale, le deuxième seulement de la carrière de Pouille en Grand Chelem, avait débuté comme dans un rêve. En 28 minutes, Pouille a subjugué son monde et Rafael Nadal dans un récital conclu par un 6-1 ahurissant. Sans doute surpris par lui-même, Pouille perd le fil dans une deuxième manche où "Rafa" distille enfin ses coups droits et lâche des "Vamos" libérateurs (2-6).

Plus encore que son premier set, Pouille impressionne dans le troisième. Car Nadal n'est pas l'agneau qu'il a été pour entamer la partie, il est un loup aux dents acérées. Une heure durant, les deux joueurs s'écharpent pour le gain d'une manche qui pourrait bien faire basculer la partie. C'est en tout cas ce qui aurait pu se passer si Nadal l'avait emporté mais c'est dans la poche de Pouille qu'elle tombe (6-4). Il faut bien le dire, et que celui qui n'est pas d'accord nous jette la première pierre, la quatrième manche de Pouille est inquiétante. Un peu moins fringant, le Français laisse Nadal revenir à deux sets partout (3-6). Avant le morceau de bravoure.

Pouille, fort dans ses jambes, fort dans sa tête

Oubliez tout ce que vous avez vu ou lu avant. La cinquième manche de ce Pouille-Nadal se suffit à elle-même. Le break empoché par Nadal en début de set semble n'être que les prémices d'une fin aussi terrible qu'inéluctable. Oui mais dans la Grosse Pomme, une étoile brille au-dessus de Pouille. Celui-ci trouve des ressources insoupçonnées pour recoller. L'air est irrespirable. Le court Arthur Ashe retient son souffle et dehors on se presse comme jamais devant les écrans géants. Il était de toute façon écrit que c'est au tie break du cinquième set que ce match devait se décider. Ce condensé de stress et d'adrénaline que l'US Open offre chaque année à ses prétendants. Héroïque, Pouille se procure trois balles de match... mais les gâche. La quatrième sera la bonne sur un coup droit fabuleux qui vient claquer comme un éclair sur New-York. Il peut tomber au sol le Français. Il vient de réaliser l'exploit de sa carrière, peut-être ne fera-t-il jamais mieux. Et alors ? On ne sait pas de quoi demain sera fait pour Lucas Pouille. Mais aujourd'hui est radieux.

Réact​ions

Emmanuel Planque (entraîneur de Lucas Pouille): "Je suis ému, parce que c'est le dépassement ultime, l'effort suprême contre un adversaire qu'on respecte infiniment. Il est allé chercher cette victoire, je ne sais pas où il est allé chercher cette énergie et cette capacité à rebondir, à se dépasser, à dépasser la peur, la fatigue. Quand on commence à travailler avec un joueur c'est pour vivre ces moments-là. C'est pour jouer contre les grands joueurs sur les grands courts, sur les grands tournois. C'était un combat absolument énorme. Quand bien même il aurait perdu, ça n'aurait pas été un énorme drame parce que des matches, on en gagne, on en perd".

Yannick Noah (capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis et conseiller de Lucas Pouille): "Je suis tellement content pour Lucas, pour Manu. Ils font du bon travail, c'est bien que ça soit récompensé. Tu ne peux pas anticiper un match pareil. C'est très beau. La logique voudrait qu'il lâche un peu au 5e set, parce que c'est son 15e set en 5 jours, donc forcément il va être fatigué, et il va le chercher avec les tripes. C'est un match qui va compter pour lui, dont il se souviendra toute sa vie. C'est impressionnant. C'est une belle progression. C'est notre joueur d'avenir".

Eric Winogradsky (responsable du haut-niveau masculin au sein de la Fédération française de tennis): "C'est génial, il y avait vraiment tout. Il ne faut pas oublier les matches précédents. C'est son 3e match en cinq sets en six jours. Physiquement, il a mis tout le monde d'accord. Il y avait d'autres aspects à gérer, le central, Nadal et le tie-break du 5e set. Même à 6 partout quand Nadal revient, celui qui craque, ce n'est pas Lucas. C'est fort, et je suis content pour lui parce qu'il travaille vraiment dur. Il me bluffe. Il a déjà démontré depuis quelques mois qu'il avait le niveau".

Rafael Nadal (ESP, battu par Lucas Pouille en 8e de finale): "Lucas est jeune, mais il a déjà tous les coups du tennis dans son répertoire, il a le potentiel pour être dans le top 10, il peut viser haut s'il arrive à continuer à progresser. Il est dans une bonne position, mais tout le monde vise les titres, il n'y a pas que lui. L'enjeu maintenant pour lui est de continuer à progresser".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.