: Reportage Wimbledon 2024 : pour les fans, Andy Murray "a porté le tennis britannique"
Le ciel lourd, chargé de nuages gris, et la petite dizaine de degrés annoncée à Londres auraient pu être un présage, mais ils n’ont pas empêché des milliers et des milliers de Britanniques de se rendre à SW19, le nom de code et code postal de Wimbledon. Bien avant l’heure d’ouverture des portes, ils étaient nombreux à faire la queue, en souriant, pour entrer dans ce royaume du tennis, qui aurait dû voir Andy Murray en simple pour l’un de ses derniers matchs sur le gazon britannique. Aurait dû... Parce qu’une opération du dos, survenue à la fin du mois de juin, a gâché tous ses plans, le forçant à déclarer forfait, à quelques heures de son match face à Tomas Machac. Il foulera quand même le gazon avec son frère, Jamie, pour le tournoi en double. Comme un dernier tour de piste.
A l’annonce du retrait du double vainqueur du tournoi (2013 et 2016), pas de cri de lamentation générale dans Wimbledon à déplorer. Il faut dire que tout le monde s'y attendait un peu. Mike, 75 ans, pantalon beige, mocassins marron et blazer marine, est assis en bas de "The Hill", cette colline qui fait face au court numéro 1 et qui porte également le nom de "Murray Mound". "J’aurais aimé le voir jouer le dernier match de sa carrière en simple, confie-t-il. Je suis très déçu, j’avais des places pour le voir."
Monsieur Coupe Davis
Le septuagénaire se souvient, avec un brin de nostalgie et une petite larme dans les yeux, des débuts d’Andy Murray, lorsqu’il avait 18 ans : "Je l’ai vu jouer ici au début de sa carrière, il avait des crampes ! J’ai beaucoup de souvenirs d’Andy, mais le meilleur reste, je pense, sa détermination. L’un des meilleurs, c’est aussi quand il a permis à la Grande-Bretagne de s'imposer en Coupe Davis au Queen’s contre… la France [3-1 en quarts de finale en 2015]. C’était un mort-vivant et il a réussi à retourner la rencontre."
Une "bête de compétition". C'est ainsi que s'en souvient Arnaud Clément, ancien top 10 mondial et consultant pour franceinfo: sport : "Il a joué sa première finale contre moi, il était vraiment tout jeune. J’ai toujours aimé le joueur, son caractère, son humour. Ceux qui s’arrêtent seulement à Andy Murray qui râle sur le terrain passent beaucoup à côté du personnage et de l’homme."
Près des courts 15 et 16, Max et Aiden, la vingtaine, avalent leur sandwich en attendant un ami. "Il aurait dû vivre une autre fin en simple à Wimbledon, j’aurais préféré qu’il perde plutôt qu’il abandonne. Il est devant sa foule, à la maison, ça aurait été probablement le meilleur endroit pour arrêter ensuite", analyse le premier, cheveux châtains bouclés, yeux bleus. Le jeune homme a vu jouer Murray à Roland-Garros, et comme Mike, son meilleur souvenir restera la victoire en Coupe Davis en 2015, à la maison en quart de finale contre la France, qui s'en était suivie d'une victoire finale de la compétition contre la Belgique de David Goffin.
"Le Andy Murray sur le terrain se transforme, devient une bête de compétition et il le sera toujours, il ne veut pas perdre, il râle, il a ce caractère là et c’est pour ça que c’est ce joueur-là aussi."
Arnaud Clémentà franceinfo : sport
Aiden, grand blond au visage rond et coupe mulet, se souviendra d’un joueur qui est allé au-delà des capacités de son corps pendant des années, qui l'a même sacrifié : "Mais ça nous a juste montré à quel point il aimait le tennis, la compétition, même s’il jouait sur une jambe, ou avec un mal au dos", souligne-t-il en riant. Les deux jeunes se rappelleront de lui comme d’un "bon gars, on n’a pas entendu beaucoup de mauvaises choses sur lui", affirme Max. Arnaud Clément décrit également un "homme adorable, hyperaccessible". Il avait participé au Challenger d’Aix-en-Provence l’année dernière, tournoi que notre consultant organise : "Toute la semaine il avait donné un temps infini pour signer des autographes, passer beaucoup de temps avec les enfants."
Angleterre oblige, Wendy et Sarah, mère et fille, parlent, elles, d’un "gentleman". La mère se souvient de la première victoire de Sir Murray à Wimbledon en 2013 : "C’était incroyable, je l’ai regardé de ma télévision mais c’était quand même incroyable". "Tout le monde devrait le prendre en exemple, insiste Mike. Il a porté le tennis britannique ces dix dernières années. C’est un 'super-modèle.'"
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