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Wimbledon 2021 : pourquoi Richard Gasquet peut créer l'exploit contre Roger Federer

Après un premier tour maîtrisé sur le gazon londonien, Richard Gasquet affronte jeudi la légende suisse, qui n'a jamais semblé aussi prenable sur sa surface de prédilection que cette année. 

Article rédigé par franceinfo: sport - Hugo Lauzy
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Richard Gasquet lors de son premier tour à Wimbledon face à Yuichi Sugita, mardi 29 juin 2021. (MAXPPP)

Les tournois du Grand Chelem commencent à se suivre et à se ressembler pour Richard Gasquet. Après Rafael Nadal et ses 13 titres à Roland-Garros, le Tricolore poursuit sa tournée des légendes locales au deuxième tour avec Roger Federer et ses huit sacres à Wimbledon, jeudi 1er juillet. Sauf que cette fois-ci, l'équation sur gazon face à "Rodgeur" est loin d'être la même que contre "Rafa" sur terre battue, il y a un mois. Au contraire de l'Espagnol, l'état physique plus qu'incertain du Suisse laisse espérer un possible (on dit bien possible) exploit du Biterrois, lui qui ne l'a battu qu'à deux reprises en vingt confrontations sur le circuit.

Parce que Federer n'est plus en état de "grass"

La finale de Wimbledon 2019 contre Novak Djokovic, sa dernière en Majeur, paraît déjà très loin. Deux ans après, Roger Federer (8e) et ses 39 printemps ne sont plus aussi fringants sur le plan physique. Déjà contraint de déclarer forfait avant le troisième tour à Roland-Garros, le Suisse n'a plus un corps aussi tout terrain qu'auparavant. 

Son retour de blessure après plus d'un an et demi sans jouer, en raison d'une nouvelle opération au genou droit, laisse transparaître le poids de ses années sur le court. Avec neuf matchs dans les jambes en 2021, les attentes du public sur l'herbe de Wimbledon sont toujours aussi élevées. Mais sur une surface aussi technique, sa gestion des appuis et du rythme des échanges, qui ont longtemps fait sa force, semblent aujourd'hui lui faire défaut.

Ses dernières sorties à Halle, et son premier tour poussif, mardi sur le Centre Court, face à autre Français, Adrian Mannarino – qui a dû abandonner alors qu'il avait pris deux sets au Suisse –, n'incitent pas à l'optimisme. Face à des joueurs classés au-delà du Top 20 et en pleine possession de leurs moyens, sa marge est de moins en moins grande, même sur gazon, où il dispose pourtant d'un taux de victoires de 87% en carrière.

Son élimination à Halle, son autre jardin, face à la star montante du tennis canadien, Félix Auger-Aliassime (19e), a d'ailleurs mis en exergue un jeu approximatif et des erreurs inhabituelles en coup droit comme en revers. Un ensemble de paramètres qui ne provoque plus le doute chez ses adversaires avant de rentrer sur le terrain, mais qui renforce l'idée de faire tomber l'icône, peut-être plus que jamais sur le déclin.

Parce que c'est le terrain de jeu rêvé pour Gasquet

À 35 ans, Richard Gasquet (56e), lui aussi "en fin de carrière", a entamé son 14e Wimbledon par un succès en quatre sets face à Yuichi Sugita (7-6 (4), 4-6, 6-2, 6-1). Une mise en route à l'expérience et surtout motivée par le fait de rencontrer Roger Federer au deuxième tour. Même si le Français s'est blessé au dos pour ensuite abandonner il y a dix jours à Nottingham, l'optique de s'offrir un nouveau match de prestige sur herbe semble le faire saliver d'avance.

"Il n'y a qu'un Federer, et il n'y en aura pas d'autre. J'ai vraiment envie de profiter de jouer Federer encore une fois, après avoir joué Nadal à Roland‐Garros. C'est fabuleux pour moi parce que j'ai eu des périodes compliquées, donc je suis heureux de pouvoir rejouer sur, certainement, le plus grand court du monde", expliquait-il mardi. Une de ces affiches à la sauce "vintage", placée en troisième rotation sur le Centre Court, jeudi, et pour laquelle le Français continue d'écumer avec passion les courts aux quatre coins du monde.

La surface verte reste l'une des favorites de Richard Gasquet, avec trois titres dans sa carrière en 2005, 2006 (à Nottingham) et 2018 (s'Hertogenbosch). Deux fois demi-finaliste à Wimbledon, en 2007 (déjà face à Roger Federer) et en 2015 (face à Novak Djokovic), l'enfant chéri du tennis hexagonal a toujours su adapter ses qualités techniques et de fin tacticien au gazon londonien. La faille aperçue chez le Suisse dernièrement lui laisse entrevoir une opportunité qu'il n'aura probablement pas ailleurs.

Parce que c'est la dernière occasion de faire tomber le mythe

Le 21e affrontement peut-il sourire au Français ? C'est en tout cas le plus accessible pour Richard Gasquet depuis bien longtemps. Sa première victoire face au Bâlois remonte à 2005 sur l'ocre de Monte-Carlo, et sa dernière en 2011 du côté de Rome, encore une fois sur terre battue. Une époque bien éloignée, où l'ex-numéro 7 mondial pouvait faire trembler n'importe quel joueur du Top 10. Depuis, Roger Federer reste sur dix succès consécutifs sans le moindre set concédé, une éternité.

Des statistiques qui contrastent avec son état actuel : "Certainement qu'il est moins bien, il n'y a pas de doute. Mais moi aussi", a tempéré Richard Gasquet face aux attentes après son 1er tour. "Je suis comme lui, même s'il est plus âgé que moi. On est en fin de carrière. Je pense qu'il y a des choses à faire et j'y vais très, très motivé pour essayer de gagner ce match", a-t-il tout de même ajouté. "Lui est moins bien mais je suis aussi moins fort qu'avant. Adrian l'a embêté donc c'est qu'il est moins bien qu'avant. Après, il va certainement mieux jouer sur le deuxième tour." 

Une chose est sûre : cette édition 2021 de Wimbledon marque peut-être un tournant décisif quant à la suite de la carrière de Federer, qui a fait du tournoi londonien son objectif majeur, comme chaque année. En attendant de savoir s'il participera ou non aux Jeux olympiques de Tokyo, son autre objectif déclaré. Cette rencontre du deuxième tour revêt donc tous les aspects d'une tournée d'adieux avancée et d'une dernière opportunité pour Richard Gasquet. Celle de réaliser l'impensable il y a quelques semaines encore : faire craquer le mythe dans son royaume.

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