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Wimbledon : Comment Roger Federer a muselé Rafael Nadal

Auteur d'un match impressionnant, hormis un deuxième set manqué, Roger Federer a contrôlé Rafael Nadal pour l'emporter. Guerre du fond de court, retours et services, le Suisse a livré une copie quasi parfaite pour dominer l'Espagnol.
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (ANDREW COULDRIDGE / POOL)

Il y a un mois, Rafael Nadal avait maîtrisé Roger Federer sur la terre battue de Roland-Garros. Ce vendredi, le Suisse a rendu la pareille à son rival sur le gazon londonien. A 38 ans, Roger Federer semble inaltérable, immortel. Il a démontré qu'il restait le maître des lieux. Un jardin qu'il continue d’entretenir et sur lequel il a su s'adapter et oser pour contrer l'Espagnol. "Ça va sans aucun doute rester comme un de mes matches préférés, parce que c'est Rafa, parce que c'est à Wimbledon."

Mission service réussie

La mise en jeu était l'une des clés avant le début du match pour Roger Federer. Et le Suisse a sorti sa meilleure partition du tournoi au service. "J'ai eu des bons moments quand j'ai bien servi", a attesté la tête de série numéro 2. Variation, utilisation du service-volée, et constance, il a réussi à mettre les bons ingrédients pour poser des problèmes à Rafael Nadal tout au long de la rencontre. Durant le premier set, Federer n'a concédé aucune balle de break grâce à un service efficace : 74% de première balle passés contre 65% sur la quinzaine. Et ça s'est ressenti sur le jeu avec 22 points sur 25 remportés quand la première balle était validée. Ajoutez à cela sept aces.

Par la suite, l'Espagnol s'est ajusté, en étant plus dynamique mais aussi en se détachant de sa ligne de fond. Son objectif, engager l'échange et obliger Federer à jouer des rallyes. Le Suisse a également flanché retombant à 59% de première balle (0 ace). Un taux bas qu'il n'a pu compenser sur son second service : sept points perdus sur neuf. Résultat : deux jeux de service lâchés. Les deux seuls du match. Car dans la foulée, le Bâlois a trouvé la parade. "J'ai aussi mieux servi après ce deuxième set. J'ai gagné la plupart des points importants dans les troisième et quatrième manches", a-t-il confié. Servir plus court, alterner encore plus. Mais surtout, il a retrouvé de la régularité (74% de première balle dans le troisième set, 64% dans le quatrième). Sur 60 échanges engagés sur son service dans les deux derniers sets, Federer en a remportés 45, dont 7 sur ace. 

Un roc en retour

Si son service a été une rampe de lancement idéale pour Roger Federer, le Suisse a aussi été remarquable dans sa qualité de retour, notamment dans le troisième et quatrième set. D'un revers bloqué, d'un coup droit bien senti, l'homme aux 20 tournois du Grand Chelem s'est révélé très agressif pour contrer les services de Nadal. Proche de sa ligne, le poignet bien ferme, Federer parvenait à renvoyer avec rapidité la balle en ajoutant beaucoup de longueur. A plusieurs reprises, Rafael Nadal était très en retard, à peine remis de se gestuelle de service tandis que le retour du Suisse tapait sa ligne de fond. La suite fût assez simple. Soit une faute de Rafa, soit une remise haute que Federer pouvait reprendre avec facilité.

Dans la quatrième manche, Federer a construit en partie son succès sur cet aspect du jeu, profitant d'une baisse de régime de l'Espagnol au service (54% de première balle). Frappant la balle rapidement et avec justesse, il a contraint son adversaire à lâcher plusieurs points, d'autant plus quand Nadal était sur sa deuxième balle. Résultat, quatre balles de break obtenues sur deux de service différents, pour une convertie.

Règne en fond de court

Comme cité précédemment, Rafael Nadal a tenté lors du deuxième acte de reculer pour retourner le service de Roger Federer, dans le but de créer l'échange. La tactique a fonctionné une manche. Car, étonnamment, c'est l’Helvète qui a su contrôler les rallyes dans les deux dernières manches en dominant le duel en fond de court. "Quand je frappais la balle avec le coup droit, surtout avec le revers, je n'arrivais pas à ouvrir le court comme les autres jours. Il faut le faire déjouer en le mettant hors de position. Je n'ai probablement pas frappé la balle assez proprement pour y arriver", pestait Rafael Nadal. 

"Il y a eu des rallyes très féroces qui sont allés dans mon sens dans les moments clés. C'est ce qui a fait la différence", a noté le Suisse. Roger qui prend le pas sur Nadal dans cet exercice, le monde à l'envers. Malgré un gazon ralenti au maximum, Roger Federer a comme eu un coup d'avance durant les deux derniers sets. Revers à plat, coup droit dévastateur, lifts et angles improbables, il n'a pas laissé de temps à Rafa de respirer. L'homme aux 102 titres sur le circuit ATP a fait courir son adversaire depuis sa ligne de fond. Sans doute pressé par le jeu rapide de Federer (51 points gagnants à 31), Nadal a commis trop de fautes inhabituelles. 

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