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Wimbledon : La nouvelle idylle verte de Simona Halep

Elle sera l'outsider, le "petit poucet" face à l'ogre Serena Williams lors de cette finale à Wimbledon. Mais Simona Halep pourra compter sur cette impulsion, aussi inattendue que bienvenue pour elle : le gazon lui sied, et même magnifie son jeu de contre, elle qui n'avait jamais vraiment brillé sur la surface.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (BEN STANSALL / POOL)

Et la lumière fut. Simona Halep s'était longtemps contentée d'évoluer dans l'obscurité à Wimbledon. 3e tour l'an dernier, 1er et 2e tour de 2011 à 2013, certes demi-finale et quart de finale en 2014, 2016 et 2017, mais à chaque fois, cette impression qu'elle n'y voyait pas grand chose, laissant ses adversaires se fourvoyer seules et le tirage la gâter un peu plus que les autres, du fait de son classement. Et puis, cette année, tout est devenu limpide.

  (GLYN KIRK / AFP)

Elle a ressenti la musique si subtile du Central de Wimbledon, ses jambes se sont mises à tricoter comme une vraie joueuse de gazon, et ses coups ont véritablement reverdi. "J’adore le gazon, c’est la première fois que je dis ça !, se réjouissait la première Roumaine de l'histoire finaliste à Wimbledon d'après des propos rapportés par Le Monde. Pendant ce tournoi, j’ai commencé à sentir la surface, dans mes mains, les jambes et aussi dans ma tête. Je me sens plus en confiance. Maintenant, à chaque fois que la balle arrive, je sais quoi en faire, je ne panique pas."

Son jeu s'est adapté

Face à Elina Svitolina, elle a sans doute joué le meilleur match de sa carrière sur gazon. 26 coups gagnants, 16 fautes directes ; mais surtout 74% de points gagnés derrière sa première balle et huit montées victorieuses sur dix. Simona Halep force sa nature à Wimbledon cette année. Mieux, elle s'en forge une nouvelle. "J'ai un meilleur jeu maintenant, analyse Simona Halep selon des propos rapportés par l'Equipe. Je peux jouer partout, contre n'importe qui. J'ai davantage de plans de jeu à ma disposition, et quand j'arrive sur le court, je sais comment jouer. Et j'arrive aussi à changer des choses quand ça ne fonctionne pas très bien".

Sa victime, Elina Svitolina, le confirme : "Elle a un jeu qui s'est adapté au gazon, j'avais regardé ses matches précédents, et ici elle joue beaucoup long de ligne." Même son service, coup qui lui coûte pléiade de retours gagnants habituellement contre les meilleures, semble devenir une arme. "Mon service m'aide. Maintenant je sais quoi faire de la balle, j'ai confiance, je n'ai plus peur du rebond. Et je me sens stable sur mes jambes, ce qui est très important sur gazon." 

Et avec la confiance d'un tennis magnifié, vient l'attachement au lieu lui-même. Halep avait l'amour de la Porte d'Auteuil, de son atmosphère chaude et passionnée. Elle est désormais sous le charme des tribunes feutrées et du caractère prestigieux du All England Club. "J’ai toujours aimé les courts, les fleurs, le fait de devoir jouer en blanc, de voir les trophées quand on joue sur le Court central. Mais c’est seulement cette année que je me suis dit que c’était impressionnant de gagner, parce que vous devenez membre du club", explique l’ex-numéro un mondiale. 

 

  (STEVEN PASTON / MAXPPP)

Face à Serena, il lui faudra

S'appuyer sur sa 1re balle. Elle-même l'a dit : son service fonctionne mieux que jamais ici à Wimbledon. Elle a appris à en faire une arme. Contre Serena en revanche, peu de chances de gagner des points avec son service. L'Américaine est une des meilleures retourneuses du circuit. Il s'agira plutôt d'éviter de les perdre. Sur seconde balle, elle sera systématiquement mitraillée. Plus elle passera de première, plus l'échange pourra durer plus de trois coups. Et plus elle aura de chances de gêner Serena Williams.

Trouver des angles. S'il y a bien un secteur du jeu dans lequel Serena a naturellement décliné avec le temps, c'est le déplacement. A ses belles heures, elle n'avait rien à envier aux défenseuses. Elle se débrouille toujours extraordinairement bien pour une joueuse de 37 ans. Mais l'enchaînement de courses, de droite à gauche, ou du fond de court au filet, peuvent l'amener à commettre plus de fautes et surtout, moins de coups gagnants. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Halep parvient régulièrement à accrocher Serena : la Roumaine a le jeu pour faire bouger l'Américaine. En variant les longueurs et les angles, Simona Halep mettra plus de chances de son côté. 

Monter au filet, sans en abuser. La Roumaine devra trouver le juste milieu entre jeu offensif et sécurité. Le jeu au filet n'est clairement pas son point fort, malgré ses fréquentes montées depuis le début du tournoi. Mais elle sait y être efficace. Et, distillées au bon moment, elles peuvent décontenancer la machine Serena Williams. En revanche, si elle s'y met régulièrement, Serena s'y attendra et saura la faire jouer, la sachant pas très adroite. Le juste-milieu. 

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