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Wimbledon, les raisons de la colère

Les différentes sorties de Benoit Paire sont venues rappeler que le tournoi de Wimbledon fascine autant qu'il irrite. Entre des règles très strictes, notamment sur le plan vestimentaire, et un cadre trop rigide qui n'a pas plus au Français, les causes de griefs sont nombreuses.
Article rédigé par franceinfo
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Benoit Paire passe ses nerfs sur la chaise d'un arbitre à Wimbledon

Plus blanc que blanc

A Wimbledon, c'est gravé dans le marbre depuis des lustres et on n'en bougera pas de sitôt, il faut jouer en blanc. De la tête aux pieds. Sans oublier les sous-vêtements et les semelles. Eugénie Bouchard, finaliste l'an dernier, lors de son élimination au premier tour, a été pénalisée parce que son soutien-gorge était trop noir. "Je n’étais pas au courant, personne ne m’avait parlé de ma bretelle", avait déclaré la Canadienne à l’issue de son match. Des organisateurs très pointilleux qui ne laissent rien passer, Roger Federer peut en témoigner.

Le Suisse, chéri du public, septuple vainqueur du tournoi, avait pourtant eu droit à des remontrances l'an dernier à cause de ses semelles. Elles étaient trop oranges. "C’est ridicule. J’adore Wimbledon, mais je trouve qu’ils vont trop loin. Si vous regardez les photos d’Edberg ou Becker, vous aviez des pointes de couleurs alors que c’était déjà 'All White'. Même si je le respecte, j’espère qu’ils lâcheront un peu de leste dans les années à venir". Rien n'est moins sûr et ce n'est pas comme ça que le tournoi va remonter dans l'estime de Benoit Paire. "Le blanc, c'est bien beau mais à un moment, il faut évoluer. Moi, je joue toujours avec un short noir mais ici on est obligé de jouer en blanc parce qu'ils sont contents. Ce sont des choses qui me déplaisent", avait-il avoué. Il y a deux ans, son entraineur Lionel Zimbler, alors habillé en noir, s’était vu refuser l’accès au court et avait géré la séance d'entraînement depuis l'extérieur du court.

"Tout est pourri"

Le Français, éliminé au deuxième tour à Londres, est donc le plus féroce quand il s'agit de critiquer le plus prestigieux tournoi du monde. Perdre en cinq sets contre l'Espagnol Roberto Bautista-Agut n'a pas été une si mauvaise chose pour lui. "Wimbledon, finalement, je m'en fous. Ce n'est pas un tournoi que j'aime bien. Tout est pourri ici. J'ai pris 45 points et beaucoup d'argent. Alors, les gens vont être frustrés parce que je prends de l'argent et que je n'aime pas Wimbledon. Mais j'en ai rien à foutre. Moi, je suis content. Je ne suis pas le seul à penser ça, mais peut-être le seul à le dire", a affirmé l'Avignonnais. "Ce n'est pas forcément l'herbe de Wimbledon qui me dérange, c'est plus l'ambiance, leurs règles qui sont parfois exagérées. Ca me déplaît car je suis quelqu'un qui aime bien profiter et m'amuser. Le moindre truc est bien organisé", critiquait-il les jours précédents son élimination.

Autre motif de rancoeur du Français, les conditions d'accès. "On n'a le droit qu'à une place par jour. Personne ne peut venir me voir jouer. J'ai des amis qui ont fait la queue depuis deux heures du matin pour trouver une place pour rentrer dans le stade. Je trouve ça un peu dommage (…) C'est plein de petites choses cumulées qui font qu'il y a un peu de tension. J'ai dû gratter auprès de tous les joueurs pour avoir un badge de plus parce que je suis venu avec quatre personnes, ce qui n'est quand même pas énorme. Ils devraient essayer de nous protéger, nous les joueurs", expliquait-il sur BeIn Sports après sa qualification au deuxième tour. Un jour de victoire, preuve que ce n'est pas le fait de perdre qui lui fait dire du mal du Grand Chelem londonien.

Gazon pas bon

La haine ne date pas d'hier puisqu'en 2013 après une élimination au troisième tour contre Lukasz Kubot, il s'en était pris au gazon. "On nous dit de faire attention au gazon alors que les terrains ne sont pas bons. On glisse, on se blesse. Ils m’ont déjà mis une amende de 1.000 dollars, qu’ils m’en mettent une autre (…) Je n’ai qu’une envie, c’est partir d’ici et prendre des vacances". Nickels en début de tournoi, les terrains subissent les courses des joueurs pendant 15 jours, l'herbe se détériorant au fur et à mesure.

Paire goûte peut également l'ambiance qui règne dans les travées de Wimbledon. "Ici, je l'ai toujours dit, c'est une atmosphère que je n'aime pas du tout, c'est un tournoi qui me déplaît énormément. Voilà, je ne vais pas partir triste d'ici, je vais pouvoir repartir sur de bonnes bases, pouvoir m'entraîner, rejouer des matches sur terre battue. Je suis content de quitter Wimbledon. Je suis passé devant la presse le plus vite possible. C'est vrai que je déteste Wimbledon, les gens... Je ne vais pas trop en discuter maintenant, j'attends d'être mieux placé, de gagner des matches, de bien jouer, parce que sinon on va encore dire que je fais mon petit merdeux (sic). Là, pour l'instant, je ne dis rien, mais c'est vraiment un tournoi que je n'aime pas trop". Une longue tirade prononcée après son élimination contre Lukas Rosol au premier tour l'an dernier. Bref, l'histoire d'amour entre Wimbledon et Paire n'a jamais vraiment débuté.

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