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Wimbledon - Quarts de finale : Serena, Halep, Svitolina...qui va tirer son épingle du jeu ?

Ce mardi ont lieu l'ensemble des quarts de finale féminin du tournoi de Wimbledon. Avec les éliminations de Ashleigh Barty et de Karolina Pliskova, deux des principales favorites ont disparu. Tour d'horizon des prétendantes restantes au titre et de leurs chances d'aller chercher le titre.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 13min
  (ATSUSHI TAKETAZU / YOMIURI)

• Serena Williams 

Pourquoi elle peut aller au bout ?

Tous les voyants sont au vert, et cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Serena si sereine. Sur ses deux derniers matches, elle a régné, comme la reine qu'elle fut il y a encore deux ans. Gagnées en deux sets à chaque fois, ces rencontres ont suggéré qu'elle avait de nouveau atteint une sorte de régularité au haut niveau. De même, cette fois, a priori, aucune joueuse en feu ne viendra lui barrer la route. Pas de jeune Naomi Osaka qui explose (contre qui elle avait perdu à l'US Open 2018). Pas d'Angélique Kerber dans la forme de sa vie (contre qui elle avait perdu à Wimbledon 2018). Elle a les cartes en main. Et elle l'a déjà fait. 23 fois. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ? 

Peut-elle passer à côté d'un nouveau titre ? Oui. D'abord parce que Serena n'est plus vraiment le monstre qu'elle a créé toute sa carrière. Elle ne décide plus à elle seule de l'issue des Grands Chelems. Elle peut tomber, en témoigne sa disette en Grand Chelem depuis l'Open d'Australie 2017. Et si son tableau s'est largement éclairci, il lui reste quelques mines à désamorcer avant de brandir le trophée. Johanna Konta est peut-être son adversaire la plus redoutable encore en lice. Elle la retrouverait en demi-finales. Chez elle, sur une surface qu'elle chérit, et après une magnifique saison sur terre battue, Konta est capable de tout. En finale, jouer Simona Halep ou Elina Svitolina serait aussi loin d'être un cadeau. 

Sa cote : ♦♦♦♦♦

  (GLYN KIRK / AFP)

• Alison Riske

Pourquoi elle peut aller au bout ? 

Il est difficile d'imaginer Riske couronnée dimanche prochain, on ne va pas se le cacher. Mais s'il fallait trouver des arguments, on chercherait dans le passé très récent. L'Américaine a délivré une prestation XXL contre Ashleigh Barty. Et ignorer la joueuse qui a battu la numéro un mondiale de cette manière-là serait une erreur. Riske a les armes dans son jeu pour gêner n'importe qui sur surface rapide. Et cette saison, elle n'en est pas à son premier exploit sur gazon. A S'Hertogenbosch, elle a remporté le deuxième titre de sa carrière en battant la 4e joueuse mondiale Kiki Bertens - excusez du peu - en finale. Elle avait aussi gagné le tournoi ITF de Surbiton, sur gazon, la semaine d'avant. Riske n'a donc jamais été aussi forte sur gazon de toute sa carrière. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ? 

Cela tient en deux mots : Serena Williams.  L'Américaine a la malchance de rencontrer celle qui est clairement devenue la super-favorite du tournoi dès son quart de finale. Elle a réussi un exploit face à Ashleigh Barty ? Il lui faudra réaliser un miracle pour sortir Serena Williams. Lancée comme une bombe après ses deux derniers matches convaincants et les défaites successives de ses adversaires directs, Serena sera très, très difficile à arrêter. Et même si elle est touchée par la grâce et qu'elle passe l'obstacle Williams, Konta, puis Svitolina ou Halep l'attendront. Elle qui n'avait jamais atteint de quart de finale jusqu'ici en Grand Chelem, peut-elle enchaîner trois victoires sur des joueuses du Top 10 ? Difficile d'y croire. 

Sa cote : 

• Barbara Strycova

Pourquoi elle peut aller au bout ? 

Parce qu'elle a fait un fabuleux parcours, le plus beau de sa carrière en Grand Chelem. Au 3e tour, elle a étonné tout le All England Club en déboutant l'une des outsiders pour le titre : Kiki Bertens, tête de série numéro 4 (7-5, 6-1). L'exploit, comme tant d'autres, pouvait se révéler sans lendemain. Mais elle a enchaîné avec une nouvelle performance en huitièmes en sortant Elise Mertens, solide 21e joueuse mondiale, en trois sets. Elle est clairement sur un nuage depuis le début du tournoi, et il faudra être solide pour l'en décrocher. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ? 

La fatigue mentale d'abord. On ne bat pas trois têtes de série d'un même tournoi sans séquelles. En tennis, il est aussi, voire compliqué, de réitérer une performance que de battre plus fort que soi. Elle l'a fait deux fois. Il faudrait qu'elle le fasse encore trois fois pour soulever le trophée. Le chemin paraît beaucoup trop long. Qui plus est, le premier obstacle s'appelle Johanna Konta. C'est loin d'être un cadeau. La Britannique adore le gazon de Wimbledon, et elle sort de la meilleure saison de terre battue de sa carrière. Elle risque d'être constamment agressée sur ses deuxièmes balles ; Konta étant une joueuse particulièrement efficace en retour. Les voyants ne sont donc clairement pas au vert, et ce, dès les quarts de finale. 

Sa cote : ♦♦

• Elina Svitolina 

Pourquoi elle peut aller au bout ?

Parce qu'elle a le jeu pour. Elina Svitolina est, depuis quelques années déjà, une des joueuses les plus complètes du circuit, capable de mettre à plusieurs mètres de la balle n'importe qui. Coup droit, revers, service, volée, jeu de jambes : tout est solide chez elle. Voire, parfois, sublime. Comme lors du Masters de fin d'année, en 2018, quand elle avait écrasé toutes ses adversaires jusqu'en finale pour soulever le trophée le plus important de sa carrière. Elle a beau avoir connu une saison 2019 en demi-teinte pour l'instant, il n'est jamais pertinent de l'écarter des prétendantes au sacre. Parce qu'elle a le jeu pour. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Elina Svitolina n'a jamais dépassé les quarts de finale d'un Grand Chelem. Alors qu'elle a déjà été 3e mondiale, qu'elle a déjà remporté 14 titres WTA, et qu'elle a atteint les quarts ou les huitièmes d'un Grand Chelem déjà huit fois. Est-ce son plafond de verre ? En tout cas, une victoire ce mardi serait exceptionnel pour elle, et constituerait le meilleur résultat de sa carrière. Sur le papier, Karolina Muchova ne devrait pas constituer un trop grand obstacle. Mais son passif à ce stade, couplé à son statut de super-favorite, pourrait rapidement lui peser, la déstabiliser, et, peut-être, la faire tomber. 

Sa cote : ♦♦♦

• Shuai Zhang 

Pourquoi elle peut aller au bout 

Mais que fait donc Shuai Zhang ici ? Quand la Chinoise a battu Caroline Garcia au 1er tour, il n'y avait pas grand monde pour souligner la performance de la Chinoise. Toutes et tous n'avaient d'yeux que pour la nouvelle et terrible contre-performance de la Française. Et pourtant. L'aventure de Zhang n'en était qu'à ses prémices. Elle s'est notamment montrée très solide pour dominer Caroline Wozniacki, certes méconaissable, mais tout de même tête de série numéro 14 du tournoi. Le tout en deux sets, 6-2, 6-4. Où s'arrêtera-t-elle ? Si elle a battu Wozniacki et Garcia, pourquoi Halep, probablement sur sa pire surface, serait-elle inatteignable ? 

  (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ?

Justement, Simona Halep. Certes, la Roumaine n'est pas sur sa meilleure surface. Mais, comme régulièrement indiqué depuis le début du tournoi, l'herbe est très lente cette année, moins défavorable donc aux joueuses et joueurs à vocation défensive. La couverture de terrain de Simona Halep pourrait très vite submerger Shuai Zhang. Elle a 30 ans mais elle manque cruellement d'expérience sur les grands courts. Wozniacki et Garcia étaient certes des têtes de série, mais elles étaient parmi les plus fragiles. Halep, a contrario, est une des plus régulières au plus haut niveau. 

Sa cote : 

• Johanna Konta 

Pourquoi elle peut aller au bout ?

Après son héroïque odyssée sur l'ocre européen, ses plus fervents supporters britanniques se demandaient si elle aurait encore du jus pour son jardin de Wimbledon. Après ses quatre premiers matches ici, ils peuvent se rassurer. Konta est toujours aussi à l'aise sur gazon. Et cette année, elle a la confiance supplémentaire de sa bonne saison sur terre. Face à Sloane Stephens, elle s'est peu à peu transformée en robot infaillible, le même qui lui avait permis d'atteindre les demi-finales à Wimbledon en 2017. Cette année, aucune joueuse ne tire vraiment son épingle du jeu. Serena Williams est loin d'être aussi invulnérable que par le passe. Elle pourrait en profiter. Si elle passe l'obstacle Serena en demi-finales (si les deux joueuses se qualifient), tout lui sera possible. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher ?

Serena Williams, certes. Personne ne peut faire grand chose si l'Amércaine est dans sa forme optimale. Mais elle peut aussi craindre sa propre tendance à s'effondrer mentalement quand il y a de la place. On s'en souvient, pas plus tard qu'il y a quelques semaines, à Roland-Garros. Elle était la favorite numéro 1 dans le dernier carré. Mais elle n'a pas pu se libérer de cette pression, au contraire. Et Marketa Vondrousova en a pleinement profité. Il lui faudra donc éviter la paralysie si arrive le moment où le chemin du sacre se dégage complètement et que la peur de réussir survient de nouveau. Peut-être saura-t-elle trouver dans le soutien du public sa bouée de sauvetage ? 

Sa cote : ♦♦♦♦

• Karolina Muchova

Pourquoi elle peut aller au bout

 Qui bat Karolina Pliskova en Grand Chelem peut prétendre à tous les destins possibles. A 22 ans, Muchova pourrait en effet surfer son incroyable victoire au précédent tour face à la 3e joueuse mondiale et grande favorite pour le titre. Pliskova était celle qui avait marché sur tout le circuit lors du tournoi de préparation d'Eastbourne, il y a quelques jours. Pliskova était aussi celle qui n'avait perdu que neuf matches cette saison. Muchova l'a faite tomber, au bout du suspense, 13-11 au 3e set. L'euphorie peut la porter loin, très loin. Rappelez-vous d'une certaine Jelena Ostapenko qui, à Roland-Garros, avait été chercher le titre avec l'audace et l'inconscience de sa jeunesse.

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher 

L'euphorie, aussi. Parce qu'il est très difficile de retomber sur terre après un tel exploit. Muchova pourrait oublier les bases, et vouloir reproduire son tennis exceptionnel du tour précédent, ne pas y parvenir, et sortir de son match par lassitude ou impatience. Elle joue face à Elina Svitolina. Sur la papier, c'est beaucoup moins solide et inaccessible que Karolina Pliskova. Mais justement : contrairement au tour précédent, Muchova aura eu le temps de mijoter, de rêver au trophée, et donc, d'avoir quelque chose à perdre. 

Sa cote : 

• Simona Halep

Pourquoi elle peut aller au bout 

Simona Halep a déjà remporté un Grand Chelem. Cela devrait suffire pour vous convaincre qu'elle peut le refaire. Savoir gagner un Grand Chelem, plus qu'en avoir le niveau, c'est peut-être le plus grand défi des joueuses ; et la Roumaine l'a déjà relevé. Nous sommes à Wimbledon. C'est le majeur qu'elle a le moins maîtrisé jusqu'à maintenant dans sa carrière. Mais justement, n'est-ce pas là la source de motivation qui lui manquait à Roland-Garros, il y a trois semaines ? A Paris, elle avait déjà prouvé qu'elle pouvait être la reine. Au All England Club, elle n'est encore qu'une prétendante parmi d'autres. Le défi est immense : voilà de quoi la survolter pour ses trois derniers matches. 

Qu'est-ce qui peut l'en empêcher

Paradoxalement, son inexpérience.  Le dernier carré à Wimbledon, elle connaît : elle a atteint les demi-finales en 2014. En revanche, le jeu sur gazon, face à des spécialistes comme Johanna Konta ou Serena Williams, pourrait lui faire défaut. Halep est la joueuse de fond de court par excellence. Son service n'est peut-être pas suffisamment puissant pour contrer une Serena Williams. Même si l'Américaine n'est pas dans son meilleur jour, intrinsèquement, elle est largement au-dessus de la Roumaine, rien que grâce à son service. Si elle n'arrive pas à se faire violence et à se métamorphoser tactiquement, il sera compliqué pour Halep d'aller au bout ; à moins d'avoir un tableau favorable. 

Sa cote : ♦♦♦

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