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Wimbledon : Un gazon en perte de vitesse

Le monde à l'envers. Selon la plupart des joueurs, le gazon de Wimbledon, réputé jadis pour sa rapidité, ne l'est plus du tout, tellement ralenti ces dernières années qu'il est même devenu pour certains la surface la plus lente du circuit.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
  (GLYN KIRK / AFP)

On savait que l'herbe londonienne, depuis maintenant une vingtaine d'années, n'était plus le terrain de jeu préféré des serveurs-volleyeurs. Que depuis le début des années 2000, elle n'était plus aussi rapide qu'avant, et que des joueurs comme Rafael Nadal, roi incontesté de la terre battue, plus à l'aise au fond du court qu'au filet, pouvaient même s'y sentir à l'aise et même gagner (2008, 2010). Depuis quelques années, régulièrement, des joueurs ou joueuses regrettaient cette perte de vitesse, et cette perte d'âme, sans doute décidée par les organisateurs afin de rallonger les échanges.

"Grand Chelem le plus lent"

Mais de là à faire de Wimbledon le tournoi le plus lent du circuit... Le pas a été franchi cette année par Denis Kudla après sa victoire au premier tour, et visiblement pas très enthousiasmé par ce constat. "C'est définitivement le Grand Chelem le plus lent et de loin. Ces terrains sont maintenant tellement lents, c'est juste fou", a estimé l'Américain. L'herbe londonienne n'est donc plus ce qu'elle était ? "Si vous regardez les échanges, ils sont plus courts à l'US Open qu'à Wimbledon, ça en dit long sur le sujet", a même acquiescé Roger Federer, huit fois titré à Wimbledon, mais une seule fois à Roland-Garros. De quoi méditer sur les idées reçues.

Le gazon a pourtant longtemps été considéré comme la surface la plus rapide, avec un rebond très bas, une balle qui fuse, obligeant les joueurs à terminer au filet. Une surface plus rapide même que les surfaces en dur qui équipent les deux autres tournois du Grand Chelem, l'Open d'Australie et l'US Open. Sauf que l'évolution du jeu, des raquettes, de la préparation des terrains, des balles, ont bousculé cette hiérarchie. D'autres joueurs ont validé ce renversement des lois de la surface, sans doute bien plus prégnant en début de tournoi, quand les courts ont encore plus d'herbe qu'en fin de quinzaine. Le Belge Ruben Bemelmans (éliminé au 1er tour) a eu "l'impression de jouer sur terre battue", Jérémy Chardy, sorti mercredi, décrétant n'avoir jamais joué "sur une surface aussi lente". Gilles Simon, vainqueur en trois sets au premier tour, a été encore un peu plus loin : "Les gazons, cette année, c'est une catastrophe. La terre, ça fait des années que ça va plus vite que le gazon".  

Avis pas unanimes

Mais attention, les avis ne sont pas non plus unanimes. Le Français Corentin Moutet, tombeur surprise de l'ex-numéro 3 mondial Grigor Dimitrov au premier tour, n'adhère par exemple pas à ce constat : "Moi, mon avis, c'est que ça ne ressemble pas à de la terre battue, que c'est du gazon, que c'est plutôt rapide, enfin par rapport à la terre battue". Pour Lucas Pouille aussi, le gazon londonien n'est pas si lent. "C'est juste plus dur de faire des points. On n'a pas le temps sur gazon parce que le rebond est plus bas", nuance-t-il. "Si c'était plus lent, il y aurait plus de breaks. Mais bon, ça dépend aussi de la terre battue. A Roland, ça peut être très, très rapide, mais bon si on va en Allemagne ou à Budapest, avec un bon vieux schiste, c'est pas très rapide. Et puis le gazon évolue aussi. Dans 5 jours, on ne joue plus le même tournoi". Le gazon du All England Club aura peut-être retrouvé ses vertus d'ici là...
 

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