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Danielle Collins, la révélation sur le tard

C'est l'ovni de l'Open d'Australie 2019. Arrivée sur le tard sur le circuit WTA, Danielle Collins n'avait jamais réussi à franchir le premier tour d'un tournoi du Grand Chelem. Elle disputera jeudi une demi-finale à Melbourne face à Petra Kvitova. Retour sur l'itinéraire d'une étudiante surdouée happée par la réalité du circuit professionnel.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (SAEED KHAN / AFP)

Elle a posé ses valises en Australie sans faire de bruit. 35e joueuse mondiale, Danielle Collins n'avait jamais goûté la saveur d'une deuxième semaine de tournoi du Grand Chelem. Pire encore, sur ses cinq premières participations elle n'avait connu que la défaite, ne dépassant jamais le premier tour. 

Pourtant, ses débuts étaient encourageants. Invitée à l'US Open 2014, elle prend une manche à Simona Halep, alors tête de série numéro 2. La même année, elle quitte la Floride, vexée de "ne pas être la priorité des coaches", et rejoint l'Université de Virginie. Elle devient dans la foulée championne NCAA en même temps qu'elle mène des études dans le domaine des médias. 

Le stress avant le grand saut

En 2016, elle remporte son deuxième titre universitaire à 22 ans. Une performance réalisée par seulement six autres joueuses américaines dans l'histoire, de quoi clore parfaitement son parcours universitaire. Mais le grand saut pour le monde pro s'avère plus compliqué qu'il n'y parait.

Entre le 21 novembre 2016 et début 2018, elle reste bloquée aux portes du Top 150 au classement WTA. Dans ses premières interviews, données au moment de ses études, elle ne cesse de clamer l'importance d'être soutenue et de compter aux yeux de son entraîneur. A l'université, beaucoup de tâches sont assumées par le staff présent auprès des joueurs. 

"Mes entraîneurs étaient si gentils; ils grippaient les raquettes. Certaines personnes sont d'ailleurs consternées quand je leur dis qu'ils le font", raconte Collins il y a deux ans. Elle évoque aussi "le stress" de devoir gérer ses finances, de réserver les vols, les hôtels avant les tournois. Il faut dire qu'elle n'avait pas à penser à tout cela à l'école.

2018 en guise d'acclimatation 

L'Américaine met ensuite deux ans pour s'acclimater au niveau professionnel. Elle intègre le Top 100 le 12 mars 2018, un mois plus tard elle brise le plafond du Top 50. L'année de ses 25 ans est enfin celle du décollage. Titrée à Newport Beach, elle se fait remarquer sur son sol national. Elle surclasse notamment Venus Williams, alors n°8 mondiale, à l'Open de Miami ; un tournoi où elle atteint les demi-finales, quelques jours après un huitième à Indian Wells.

Sa deuxième partie de saison est plus compliquée. Après sa défaite au premier tour à Roland-Garros, elle ne remporte que deux matches sur gazon. Seule éclaircie, une demi-finale sur dur à San José début août. Sa reprise en Australie en janvier n'est pas forcément rassurante. Elle ne dépasse pas le premier tour à Sydney. Même scénario à Brisbane, où elle s'incline contre une certaine Petra Kvitova, qu'elle retrouve en demi-finale de l'Open d'Australie jeudi.

Lors de cette dernière confrontation, l'Américaine avait poussé la Tchèque dans ses retranchements. Kvitova s'était finalement imposée en trois manches et trois heures de jeu (6-7, 7-6, 6-3). L'enjeu ne sera pas le même à Melbourne. A la clé, une place en finale de l'Open d'Australie. Collins affrontera une sixième joueuse mondiale tyrannique sur le court. Il faudra réaliser un exploit de plus face à l'unique joueuse du tableau féminin n'ayant pas concédé le moindre set depuis le début de la quinzaine.

"J'aime quand la foule est contre moi"

La joueuse de 25 ans n'a en tout cas pas froid aux yeux. "Je n'avais peut-être pas remporté le moindre match en Grand Chelem avant cette semaine, mais je dois vous le dire, je pense que la série n'est pas prête de s'arrêter", a-t-elle assuré en conférence de presse après sa victoire sur Angélique Kerber. Lointaine est l'image de l'étudiante stressée de franchir le pas. Collins affiche maintenant une indéfectible confiance en elle. 

"La grande différence est que maintenant je dispute des tournois importants chaque semaine, face à des adversaires de mieux en mieux classées", analyse l'Américaine. Collins joue la patronne. "J'aime bien transformer un match en guerre. J'apprécie quand la foule est contre moi parce que j'ai envie de lui prouver qu'elle a tort", a-t-elle lâché, sans complexe.

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