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Déprime, blessures à répétition, mauvais résultats : Pour l'instant, Naomi Osaka n'arrive pas à assumer son statut

On la croyait de retour, mais elle est repartie tête basse. En demi-finales d'un tournoi pour la première fois depuis l'Open d'Australie, Naomi Osaka semblait enfin retrouver la voie du succès...jusqu'à cette nouvelle blessure, à la hanche cette fois. Depuis son accession au trône de la WTA en janvier, Naomi Osaka enchaîne les déconvenues. La Japonaise n'arrive pas encore à conjuguer carrière sportive et responsabilités nouvelles liées à son statut de star mondiale.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (THOMAS KIENZLE / AFP)

 "Je suis maudite". Malgré son forfait en demi-finales, Naomi Osaka était d'humeur à plaisanter en conférence de presse à Stuttgart. Elle a attribué son manque de résultats actuels à sa mauvaise étoile. Depuis son accession à la place de numéro un mondiale, la Japonaise enchaîne les désillusions. Et ne fait, pour l'instant, pas du tout honneur à son statut : défaites au 1er tour à Dubaï, en 1/8e à Indian Wells, au 2e tour à Miami... A 21 ans, la couronne du tennis féminin ne serait-elle pas trop lourde à porter? 

La pression des sommets

Elle-même l'admet. La pression a été très forte au lendemain de sa victoire à l'Open d'Australie. Loin, bien loin devant celle ressentie après son premier Grand Chelem à New York en septembre dernier. Il est rare qu'une joueuse ou qu'un joueur l'admette si ouvertement, mais la place de numéro un est véritablement chargée d'une responsabilité particulière. “C’était très dur pour moi. Définitivement, je me suis mis beaucoup de pression. Et du coup, c’était très dur dans mes premiers tournois (en tant que numéro 1). Maintenant, j’essaie de reprendre du plaisir, de m’amuser, comme je le faisais avant d’être numéro un.” On l'oublierait presque à force d'entendre les Federer et Nadal relativiser l'importance du classement au regard d'une victoire en Grand Chelem. Mais en termes de pression, et d'attentes créées, occuper le sommet de la hiérarchie mondiale n'a pas son pareil. 

Après ses défaites aux Etats-Unis, elle avait admis avoir « manqué de maturité » car elle « réfléchissait trop ». « Je ne sais pas pourquoi ça continue de se passer, avait-elle poursuivi, c’est quelque chose d’inhabituel pour moi ». Désabusée. Pourtant, les ingrédients d’une crise étaient là. Dans le sillage de son sacre à l’Open d’Australie, elle s’était séparée de son entraîneur Sasha Baijin. Cette décision lui avait fait beaucoup de mal, d’après le site américain TennisWorldUSA :  « J’étais déprimée après m’être séparée de Sasha » a-t-elle avouée. Plusieurs médias avaient alors indiqué qu’il s’agissait d’un désaccord financier. Ce que l’intéressée a formellement démenti. Toujours est-il que le socle qui lui avait permis de remporter coup sur coup l’US Open 2018 et l’Open d’Australie 2019 s’est tout à coup effondré. 

Icône planétaire

De surcroît, elle reçoit, en tant que numéro, une pléiade de nouvelles sollicitations. Les médias japonais, après s’être épris de Kei, fondent désormais sur Naomi. Le monde du tennis dans son ensemble n’en a que pour la Japonaise, voyant en elle, peut-être un peu rapidement, l’héritière de Serena Williams. Pourrait-elle devenir la première véritable star du tennis féminin depuis la génération des Sharapova, Williams et Hénin? La question a été beaucoup débattue après son aventure australienne

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Son aura a même largement dépassé le cadre sportif. Le Times l’a classée parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde.  Son métissage (elle est née d’une mère japonaise et d’un père haïtien) est en train de nourrir un débat identitaire au Japon. Une entreprise de nouilles instantanées a ainsi été accusée en janvier dernier de lui blanchir la peau pour une de ses publicités, provoquant une énorme polémique sur les réseaux sociaux concernant l’identité nationale du Japon.

Les sponsors ont afflué, multipliant les offres juteuses pour la joueuse de 21 ans. Nissan après l’US Open 2018, All Nippon Airways après son sacre à Melbourne...et Adidas début avril ; la marque allemande supplantant ainsi son précédent sponsor, Nike. 
En l’espace de six mois, Osaka a donc dû apprendre à jongler entre scandales identitaires au Japon, contrats de sponsoring en cascade, et ses entraînements.

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A son corps défendant 

Depuis l’Australie, c’est aussi le corps qui flanche. Elle a dû déclarer forfait au tournoi de Doha pour une blessure au dos. Blessure qui l’a ensuite gênée lors de la tournée américaine. Quelques semaines après, c’est la hanche qui cède, en demi-finales du tournoi de Stuttgart. 
Mentalement, physiquement, humainement, Naomi Osaka semble se battre contre elle-même en ce début de saison. Avant d’apprendre à dominer le circuit comme elle est appelée à le faire, il lui faudra d’abord maîtriser ses propres démons. Et sa nouvelle aura de star mondiale qui, quoi qu’il arrive désormais, fera partie de sa carrière. 

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