Guerre en Ukraine : les sœurs Yastremska racontent leur fuite d'un pays sous les bombes jusqu'au tournoi WTA de Lyon
Invitées au tournoi WTA de Lyon par les organisateurs, les deux soeurs ont pu quitter l'Ukraine et la guerre qui sévit depuis plusieurs jours.
C'est une défaite qui restera anecdotique pour les deux joueuses. Invitées au tournoi WTA de Lyon par les organisateurs, les soeurs ukrainiennes, Dayana Yastremska, 128e joueuse mondiale en double, et sa jeune soeur Ivanna, 15 ans, se sont inclinées au premier tour, lundi 28 février.
"Pas trop d'énergie"
"Nous sommes heureuses d'avoir pu jouer le double ensemble et nous remercions la WTA et la direction du tournoi pour les invitations. Je suis fière de ma soeur mais en même temps, nous n'avions pas trop d'énergie avec ce qu'il se passe en Ukraine", a confié Dayana en conférence de presse à l'issue de la rencontre.
Celle qui avait atteint la 21e place mondiale en simple début 2020 avant de chuter au classement après une affaire de dopage dont elle a été blanchie huit mois plus tard, a reçu une invitation partie le 22 février, soit deux jours avant le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. En conférence de presse, Dayana Yastremska a été la seule à s'exprimer aux côtés de sa soeur qui portait sur les épaules le drapeau or et bleu ukrainien.
Sending love back home
— wta (@WTA) February 28, 2022
Doubles wildcards @D_Yastremska and 15-year-old sister Ivanna Yastremska take to the court in Lyon.#O6SML22 pic.twitter.com/Ihojo5t999
"Mercredi nous étions chez nous à Odessa (dans le sud de l'Ukraine). Nous passions du temps avec notre famille avant de faire ce long voyage vers Lyon avec mon père. La soirée était agréable mais le lendemain matin, nous avons été réveillées par les bombes", a-t-elle raconté.
"Nous n'avons pas réalisé ni ne comprenions ce qu'il se passait. C'était dingue. Ce n'était ni un film, ni un jeu vidéo. Nous étions très choqués. Nous avons quitté l'appartement pour nous abriter dans le parking souterrain pendant que les bombes continuaient d'exploser", a ajouté la joueuse, confiant avoir passé trois nuits sans dormir.
"Nous avions peur des bombes ou de croiser des tanks russes. Il y avait une longue file de voitures à la frontière et nous avons fini à pied."
Dayana Yastremska
La joueuse de 21 ans a ensuite raconté son périple pour rejoindre la Roumanie après que son père, resté en Ukraine, a décidé de faire partir son épouse et ses deux filles.
"Le trajet a duré quatre heures pour rejoindre le Danube à la frontière roumaine. Nous avions peur des bombes ou de croiser des tanks russes. Il y avait une longue file de voitures à la frontière et nous avons fini à pied. C'est là que nous avons dit au revoir à nos parents car notre mère est finalement restée", a ajouté Dayana.
"De l'autre côté, après avoir passé les contrôles, les gens ont été gentils et nous ont donné à boire et à manger", raconte-t-elle. Et c'est de Bucarest qu'elles ont pu prendre un vol pour Lyon. Les deux soeurs se disent aujourd'hui tristes d'avoir laissé leur famille dans un pays en guerre, mais soulagées de se trouver en France. Une nouvelle vie commence.
Jouer pour oublier
"J'ai 21 ans et j'étais habituée auparavant à voyager avec ma mère ou mon père qui contrôlaient tout, d'une bonne manière. C'était facile mais aujourd'hui, c'est l'inverse et plus compliqué. Pour l'instant, Ivanna va venir avec moi et j'ai une énorme responsabilité. Je suis fière d'elle. Elle débute tout juste dans le tennis professionnel", explique Dayana, toujours en course au tournoi de Lyon. Elle doit encore jouer en simple mardi contre la Roumaine Ana Bogdan, alors que sa compatriote Elena Svitolina s'est retirée du tournoi de Monterrey, au Mexique.
"Je ne peux me concentrer totalement sur le tennis mais ce qui me motive le plus, c'est mon pays et ses habitants qui cherchent à sauver leur vie. Je veux voir pour notre futur à toutes les deux", a-t-elle ajouté, souhaitant pour cela "retrouver (s)on niveau".
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